vendredi 6 juin 2014

La reconversion, une épreuve de haut niveau pour les sportifs

Pour sa nouvelle vie loin des pistes d'escrime, en 2012, le fleurettiste Brice Guyart s'était lancé un défi à la hauteur de celui qui l'avait mené à l'or olympique, dans le cadre d'un programme relancé mercredi avec les JO de Rio en ligne de mire.

Initié en 2011, le partenariat "Parcours athlète emploi" entre le comité national olympique français (CNOSF) et la fondation du groupe Adecco, leader mondial du travail temporaire, a été reconduit mercredi jusqu'à la fin 2016, après les jeux Olympiques cariocas.
"Nous nous sommes fixé comme objectif de suivre 200 sportifs à cette date", a expliqué Alain Dehaze, président du groupe Adecco France, précisant que ce mécénat est désormais ouvert à la fois aux sportifs olympiques et paralympiques.
"Quand j'ai mis un terme à ma carrière sportive, j'étais bien décidé à me lancer dans un nouveau défi", témoigne Brice Guyart; Il est un des pionniers de ce programme proposé gratuitement aux athlètes à statut de sportif de haut niveau, pour les accompagner dans leur reconversion professionnelle.
"J'étais déjà inséré professionnellement car je bénéficiais depuis 2007 du statut 'athlète SNCF'. Mon emploi du temps était aménagé en fonction des périodes de préparation et des compétitions. J'avais donc déjà touché du doigt le travail en entreprise. Mais j'avais besoin de trouver un nouveau projet", explique l'ancien escrimeur, actuellement en charge du développement des partenariats au sein de la société SNCF Voyages.
Le brillant parcours de ce fleurettiste s'est terminé après les JO 2012. A 31 ans, il tourne alors une page sportive très riche, illustrée de deux médailles d'or olympiques (par équipes en 2000 et en individuel en 2004) et de plusieurs titres de champion du monde par équipes.
Pour son nouveau projet, il est suivi dans le cadre du programme CNOSF-Adecco. "La grande force de ce dispositif, c'est de pouvoir proposer un accompagnement sur mesure. Car chaque sportif est un cas particulier, il n'a pas le même parcours ni les mêmes objectifs", rappelle-t-il.
De fait, les quelque 65 sportifs qui ont bénéficié de ce dispositif en 2013 se trouvaient tous dans des situations très différentes. Certains avaient déjà préparé leur avenir et avaient seulement besoin d'une aide dans leur recherche d'emploi, d'autres devaient bâtir un projet de reconversion en s'appuyant sur un bilan de compétences et sur de la formation.
Parmi ces sportifs accompagnés en 2013, Ayodele Ikuesan, médaillée d'argent au relais 4x100 m des Mondiaux d'athlétisme de Moscou la même année. Aujourd'hui, la sprinteuse est chef de projet marketing dans un laboratoire pharmaceutique.
"On suit en fait très peu de sportifs en fin de carrière, car beaucoup d'entre eux anticipent ce moment plusieurs années à l'avance. Cela leur laisse le temps de définir avec nous un projet et de le mener à bien", explique Renaud Joubert, responsable du programme Sport et Insertion pour le Groupe Adecco.
"Ces candidats sont habitués à la performance et ils ont besoin de se fixer de nouveaux objectifs. Avec eux, la question de l'envie et de l'optimisme ne se pose pas vraiment. Par contre, ils redoutent l'ennui et se demandent souvent s'ils pourront s'adapter à la vie de l'entreprise", ajoute-t-il.
Pour le président du CNOSF Denis Masseglia, il est évident que ces sportifs, au-delà des diplômes, peuvent apporter quelque chose de différent: "Ils sont atypiques et c'est souvent grâce à cela qu'ils sont devenus des sportifs de haut niveau. Et il faut voir de quelle manière il est possible d'utiliser leurs qualités humaines dans le monde de l'entreprise".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.