"On ne va pas mettre la nation en péril pour faire plaisir à la CAF":
au lendemain de la décision de la Confédération africaine de football
de retirer l'organisation de la CAN-2015 au royaume, des Marocains se
disaient mercredi solidaires de leurs dirigeants.
A près de deux
mois du coup d'envoi, la CAF a retiré mardi l'organisation de la plus
importante épreuve sportive du continent au Maroc, qui sollicitait coûte
que coûte son report en raison de l'épidémie d'Ebola. L'instance
suprême du foot africain a également disqualifié la sélection, qui
devait participer au titre du pays hôte.
D'autres sanctions
pourraient suivre, a encore prévenu la CAF, des menaces qui étaient
toutefois accueillies avec fatalisme mercredi dans les rues de la
capitale, Rabat.
"On est prêt à assumer les sanctions. La santé
des citoyens marocains passe avant tout", affirme Mohammed Isli, un
fonctionnaire d'une cinquantaine d'années, attablé à la terrasse d'un
café, un journal à la main.
"Cette demande était tout à fait
justifiée. Il n'existe aucun vaccin contre cette maladie. La compétition
sportive passe, mais les conséquences sanitaires restent", abonde
Mohamed Amtague, un réparateur de 28 ans.
"Pour nous, les sanctions étaient prévisibles. On les respecte et on est prêt à assumer", confirme-t-il.
- Sécurité et tourisme -
Tout au long de son bras de fer avec la CAF, le royaume a plaidé
le "cas de force majeure sanitaire". "La santé du peuple passe avant
tout" et le Maroc a "très bien fait", a lui-même jugé mercredi le
sélectionneur-adjoint de la sélection marocaine de football, Mustapha
Hadji.
Rare pays à avoir maintenu l'intégralité de ses liaisons
aériennes avec les principaux pays touchés par Ebola (Guinée, Liberia,
Sierra Leone), Rabat a toutefois paru prendre de court les dirigeants du
foot africain le 10 octobre, au moment de formuler publiquement sa
demande initiale de report.
De quoi expliquer l'intransigeance de
la CAF? "Notre pays manque cruellement de poids dans une instance comme
celle-là", croit plutôt Mohamed Amtague.
"Il y a sûrement des
lobbies qui ont poussé la CAF à cette décision", acquiesce Hamid Chaabi,
un enseignant, tout en dévorant des yeux les unes des journaux, sur une
des principales artères de la ville.
Pour lui aussi, "la proposition du Maroc était raisonnable, compte tenu de l'épidémie d'Ebola", qui a fait près de 5.000 morts.
Dans la conversation, ce quinquagénaire avance toutefois d'autres explications à la position marocaine.
"La
situation sécuritaire est délicate actuellement avec la menace Daesh
(acronyme de l'Etat islamique en arabe, ndlr)", fait-il valoir, en
allusion au flux de voyageurs et aux rassemblements de masse qu'aurait
pu entraîner la tenue de l'épreuve.
Dans un pays où le tourisme
pèse 10% du PIB, "tout cela aurait aussi pu influer négativement sur le
tourisme international", renchérit-il.
"Si les gens entendent que
le virus Ebola se répand au Maroc, on perd plus qu'avec cette
annulation", remarque-t-il, en concluant: "On ne doit pas mettre la
nation en péril pour faire plaisir à la CAF."
- 'Peuple frère' -
Le 19 novembre, comme il l'a déjà fait, le Maroc doit accueillir
un match de qualifications pour la CAN-2015 de la Guinée, dont les
rencontres à domicile ont été délocalisées du fait d'Ebola.
Le royaume doit-il là-aussi dire non? Pas pour Hamid Chaabi, qui y voit une "exception" en faveur d'un "peuple frère".
Plus
largement, pour éviter toute mauvaise interprétation de sa décision sur
la CAN, "le Maroc doit présenter ses arguments aux Africains, et les
Africains doivent accepter les arguments clairs et logiques du Maroc",
souligne-t-il.
Supporteur inconditionnel des Lions de l'Atlas, le
nom de la sélection marocaine, Mohamed Amtague revient lui à des
considérations sportives.
"Notre sélection joue demain (jeudi) en
amical contre le Bénin et j'espère que tous les Marocains la
regarderont, même s'il n'y a plus cet objectif" de la CAN, clame-t-il.
Alors
que le Maroc a multiplié les déconvenues lors des dernières compétions
internationales, le jeune homme se montre même philosophe.
"On a plusieurs années devant nous maintenant, et on va tâcher de préparer une bonne équipe pour demain, ou après-demain."
(AFP)
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