mardi 25 novembre 2014

Le PPP dans la construction des stades, un "élément pervers" selon Jean-Michel Aulas

"Personne n'a intérêt à ce que l'investissement privé [dans la construction des stades] se substitue à l'investissement public", a déclaré Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique lyonnais, le 20 novembre, lors d'une conférence de presse sur le "décrochage" du football français organisée par l'UCPF (Union des clubs de football professionnels). Celle-ci fait notamment remarquer que les quinze premiers clubs européens sont propriétaires de leur stade. Or, en France, ce n'est aujourd'hui le cas d'aucun club de Ligue 1.
Pour le dirigeant lyonnais, qui fait actuellement construire son propre stade*, la difficulté française à voir émerger la propriété des stades par les clubs tient à un "élément pervers" qu'il "souhaite dénoncer". "Aujourd'hui, les gens qui financent les opérations sont les gens qui construisent. L'alternative à une construction privée est le PPP [partenariat public-privé] qui coûte évidemment beaucoup plus cher à la collectivité et confisque au club résident une partie des revenus", a expliqué Jean-Michel Aulas. Selon lui, la différence entre un financement mixte (privé + endettement) et un PPP à Lyon aurait été de 600 millions d'euros. "Dans un cas on fait payer à la collectivité et au citoyen à peu près le double du prix initial en prétextant qu'il n'y a pas de système de financement en France pour ce genre de choses", a-t-il commenté, avant d'enfoncer le clou : "Les gens qui construisent ont intérêt à ne pas passer par des financements privés."
Jean-Michel Aulas a par ailleurs expliqué la difficulté française à développer la propriété privée des stades par des raisons "culturelles et historiques", mais aussi "des raisons moins logiques". Pour lui, "un ensemble de gens essaient de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui veulent changer le process habituel. Il a fallu un peu plus de dix ans pour faire avancer le projet à Lyon. Nous en sommes à cent recours devant les tribunaux administratifs." Pas sûr, toutefois, qu'un projet public eût été mieux accepté par les riverains et les défenseurs de l'environnement…
L'interdiction du recours aux PPP pour la construction de grands stades et l'encouragement à la propriété des stades par les clubs figurent parmi les objectifs d'une récente proposition de loi de Michel Savin, sénateur de l'Isère (lire ci-contre notre article du 24 septembre 2014).

* Outre l'aménagement des accès par les pouvoirs publics (à hauteur de 190 millions d'euros au minimum), le projet privé de l'Olympique lyonnais, d'un montant total de 405 millions d'euros, s'est vu octroyer 20 millions d'euros par le CNDS (Centre national pour le développement du sport) dans le cadre des aides aux stades de l'Euro 2016.


(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.