Le foot français a basculé mardi dans la rubrique judiciaire avec
deux affaires distinctes: la garde à vue de dirigeants de l'OM sur fond
de transferts où plane l'ombre du grand banditisme, et des soupçons de
matches truqués en Ligue 2 la saison passée.
. Labrune, Dassier et Diouf en garde à vue
Marseille devait
fêter le foot mardi soir avec France-Suède en match amical au Vélodrome.
Mais c'est l'OM qui a fait les gros titres, loin du terrain: le
président actuel du club, Vincent Labrune, son bras droit, Philippe
Pérez, et d'anciens dirigeants, Jean-Claude Dassier et Pape Diouf, ont
été placés en garde à vue, à Marseille et Paris. En cause: de possibles
"fraudes liées à plusieurs transferts", selon une source proche de
l'enquête.
Six autres membres ou ex-membres de l'état-major du
club, ainsi que des intermédiaires et agents de joueurs, sont également
en garde à vue.
Des "liens avec le banditisme" ont été établis
dans ce dossier qui remonte à plusieurs années et fait notamment suite à
une information judiciaire ouverte en 2011 pour "extorsion de fonds,
blanchiment et association de malfaiteurs".
L'ancien directeur
sportif de l'OM José Anigo, désormais recruteur pour l'OM sur le
continent africain et installé au Maroc, n'a pas été interpellé mardi
mais "doit être aussi entendu", selon les mêmes sources.
Le
transfert de l'attaquant vedette André-Pierre Gignac, acheté à Toulouse
en août 2010 pour environ 20 millions d'euros, est dans le collimateur
des enquêteurs. Des perquisitions ont déjà eu lieu au siège de l'OM il y
a quelques mois, lors desquelles des documents ont été saisis.
Les
policiers pensent qu'il y aurait eu, à l'occasion de transferts
d'importance, des commissions et rétro-commissions "dans lesquelles des
membres du milieu apparaissent", ont expliqué les sources proches de
l'enquête.
"Les auditions de ce jour s'inscrivent dans un travail
d'investigation entamé il y a près de deux ans portant notamment sur les
conditions autour d'anciens transferts de joueurs", a commenté l'OM
dans un communiqué, assurant que ses dirigeants "n'ont cessé de
collaborer avec la justice" depuis lors.
L'enquête est menée par la sous-direction de la lutte contre le crime organisé et la délinquance financière (SDCOF).
. Nîmes au centre des soupçons de matches truquésDans une
affaire distincte, une série de perquisitions a été menée mardi matin à
Nîmes (L2), Caen (aujourd'hui en L1) et Dijon (L2). Avec à la clé une
dizaine d'interpellations et huit gardes à vue, dont celles de l'actuel
président du Nîmes Olympique Jean-Marc Conrad, du président de Caen
Jean-François Fortin et de l'entraîneur de Dijon Olivier Dall'Oglio.
Au
coeur de l'enquête: des matches de Nîmes, qui "aurait exercé des
pressions et proposé des arrangements" afin "d'éviter la rétrogradation"
la saison dernière, selon des sources proches de l'enquête.
La
figure centrale du dossier est l'actionnaire principal du Nîmes
Olympique, Serge Kasparian, écroué dans l'affaire du cercle de jeux
Cadet, à Paris.
En enquêtant sur le cercle, les enquêteurs du
Service central des courses et jeux (SCCJ) ont eu la conviction que des
matches de foot avaient "été truqués" lors de la dernière saison.
Les
faits visent des actes de présumée "corruption active et passive". En
clair, les enquêteurs se demandent si Kasparian n'a pas tenté d'arranger
des matches pour que Nîmes reste en L2, ce qui était crucial pour lui
au moment où il était en train d'entrer dans le capital du club.
Parmi
les matches suspects, un Caen-Nîmes du 13 mai. Le résultat nul (1-1)
avait permis à Caen de faire un grand pas vers la montée en L1 et à
Nîmes de quasiment assurer son maintien.
La rencontre aurait dû
avoir lieu le 14 mars mais les Nîmois n'avaient pu arriver à temps à
cause du brouillard. Caen avait eu d'abord match gagné mais la décision
avait été cassée par le Comité national olympique et sportif français et
le match rejoué.
"On est un club propre. Nous subissons cette
affaire qui vise Nîmes", s'est insurgé en conférence de presse
l'ex-international Xavier Gravelaine, devenu dirigeant de Caen, qui a
été entendu sans être placé en garde à vue.
Cité dans un premier
temps, le club d'Angers n'est en fait pas concerné par l'enquête, selon
une source proche du dossier. L'instruction est menée par les juges
parisiens Serge Tournaire et Hervé Robert.
. Le fantôme d'OM-VAPour l'instant, l'affaire de la L2 n'en
est qu'au stade des soupçons. Mais l'épisode fait resurgir le souvenir
du match truqué Marseille-Valenciennes, en 1993, qui avait provoqué le
plus grand scandale du foot français. En cause: un match de Championnat
remporté 1-0 à Valenciennes par des Marseillais soucieux de préserver
leurs forces six jours avant la finale victorieuse de la C1 à Munich.
Un
cauchemar qui donne encore des sueurs froides aux instances du foot: la
corruption et les soupçons de truquage sont "un poison mortel", a tonné
le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric
Thiriez. Et de lancer cette mise en garde: si les soupçons de truquage
sont avérés, la Ligue prononcera des sanctions pouvant aller jusqu'à la
radiation.
(AFP)
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