mercredi 19 novembre 2014

L'OM dans la tourmente judiciaire après des soupçons sur des transferts de joueurs

L'OM se trouvait mercredi au coeur d'une tempête judiciaire, avec le placement en garde à vue depuis mardi de plusieurs de ses dirigeants passés et actuels dans un dossier explosif, mêlant business sportif et banditisme.

Alors que Marseille a pu assister mardi soir à la victoire (1-0) des bleus contre la Suède au Vélodrome, une grande partie de l'état-major passé et présent de l'actuel leader de Ligue 1 se trouvent toujours mercredi en garde à vue à la mi-journée, à Marseille et à Paris: le président Vincent Labrune, son bras droit Philippe Pérez et ses prédécesseurs Jean-Claude Dassier et Pape Diouf.
Au total, une quinzaine de personnes -membres ou ex-membres de l'encadrement du club ou intermédiaires et agents de joueurs, agents administratifs, avocat - ont également été interpellés. Une seule, un agent administratif, a été relâchée mardi dans la journée.
L'ex-directeur sportif du club José Anigo, désormais recruteur en Afrique pour le club et installé au Maroc, "doit aussi être entendu", selon des sources proches du dossier.
Au coeur des interrogations des enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), saisie d'une commission rogatoire d'un juge d'instruction marseillais de la JIRS, l'examen de "contentieux" et de transferts effectués "ces dernières années", et la recherche de présumées "fraudes liées" à ces transferts.
Toujours selon ces sources, des "liens avec le banditisme" ont été établis dans ce dossier datant de plusieurs années et qui fait notamment suite à une information judiciaire ouverte en 2011 pour "extorsion de fonds, blanchiment et association de malfaiteurs".
Le transfert de l'attaquant André-Pierre Gignac, de Toulouse à Marseille, en 2010, est notamment dans le collimateur des enquêteurs. Des perquisitions ont déjà eu lieu au siège de l'OM voici quelques mois lors desquelles des documents ont été saisis.

- Commission et rétro-commissions - Les policiers pensent qu'il y aurait eu, à l'occasion de transferts d'importance, essentiellement des commissions et rétro-commissions "dans lesquelles des membres du milieu apparaissent", ont expliqué les sources proches de l'enquête.
Un réquisitoire supplétif, pour abus de biens sociaux, a été ouvert récemment dans ce dossier, a indiqué la source judiciaire.
Lors de perquisitions au siège du club, en janvier 2013, une autre source proche de ce versant de l'enquête avait avancé que le dossier serait lié à celui sur le racket de boîtes de nuit d'Aix-en-Provence, pour lequel le caïd corse Jacques Mariani avait été condamné en février 2012 à sept ans de prison.
Selon cette source, les enquêteurs soupçonnaient alors un agent de joueurs, proche de José Anigo, d'avoir perçu des rétro-commissions lors des transferts d'André-Pierre Gignac et de Souleymane Diawara, en faveur de membres influents du milieu régional.
"Les auditions de ce jour s'inscrivent dans un travail d'investigation entamé il y a près de deux ans portant notamment sur les conditions autour d'anciens transferts de joueurs", a commenté mardi l'OM dans un communiqué, assurant que ses dirigeants "n'ont cessé de collaborer avec la justice" depuis lors.
"L'actionnaire du club, Margarita Louis-Dreyfus, a réitéré aujourd'hui (mardi) sa détermination pour que l'Olympique de Marseille soit géré dans le respect des règles professionnelles et éthiques et a exprimé sa pleine confiance dans l'actuelle équipe dirigeante ainsi que dans le système judiciaire français", a ajouté le club.
Chez les supporters de l'OM, les réactions oscillent souvent entre fatalisme et théorie du complot. "Les juges ont raison", assure, à deux pas du Vieux-Port, Rukan, en veste de survêtement du Real Madrid. "Il n'y a pas de garde à vue pour rien, on sait qu'il y a de la mafia autour de tous les clubs de toute façon...", juge le jeune homme.
Regrettant la "mauvaise image" dont l'affaire affuble le club, Mahmoud, un employé de La Poste, s'interroge toutefois sur le "moment" où ont lieu ces gardes à vue: "C'est bizarre, c'est au moment où le club est premier". Tout comme Bruno, abonné depuis 15 ans, qui s'interroge: "Pourquoi cette affaire sort maintenant, et pas l'année d'avant?"
Contrairement à d'autres, Mahmoud, qui était au Vélodrome pour France-Suède mardi et doit y retourner dimanche pour OM-Bordeaux, ne craint pas un éventuel départ de l'actionnaire du club Margarita Louis-Dreyfus: "Le club est connu quand même, si elle part, quelqu'un d'autre la remplacera".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.