L'OM se trouvait mercredi au coeur d'une tempête judiciaire, avec le
placement en garde à vue depuis mardi de plusieurs de ses dirigeants
passés et actuels dans un dossier explosif, mêlant business sportif et
banditisme.
Alors que Marseille a pu assister mardi soir à la
victoire (1-0) des bleus contre la Suède au Vélodrome, une grande partie
de l'état-major passé et présent de l'actuel leader de Ligue 1 se
trouvent toujours mercredi en garde à vue à la mi-journée, à Marseille
et à Paris: le président Vincent Labrune, son bras droit Philippe Pérez
et ses prédécesseurs Jean-Claude Dassier et Pape Diouf.
Au total,
une quinzaine de personnes -membres ou ex-membres de l'encadrement du
club ou intermédiaires et agents de joueurs, agents administratifs,
avocat - ont également été interpellés. Une seule, un agent
administratif, a été relâchée mardi dans la journée.
L'ex-directeur
sportif du club José Anigo, désormais recruteur en Afrique pour le club
et installé au Maroc, "doit aussi être entendu", selon des sources
proches du dossier.
Au coeur des interrogations des enquêteurs de
la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), saisie d'une
commission rogatoire d'un juge d'instruction marseillais de la JIRS,
l'examen de "contentieux" et de transferts effectués "ces dernières
années", et la recherche de présumées "fraudes liées" à ces transferts.
Toujours
selon ces sources, des "liens avec le banditisme" ont été établis dans
ce dossier datant de plusieurs années et qui fait notamment suite à une
information judiciaire ouverte en 2011 pour "extorsion de fonds,
blanchiment et association de malfaiteurs".
Le transfert de
l'attaquant André-Pierre Gignac, de Toulouse à Marseille, en 2010, est
notamment dans le collimateur des enquêteurs. Des perquisitions ont déjà
eu lieu au siège de l'OM voici quelques mois lors desquelles des
documents ont été saisis.
- Commission et rétro-commissions -
Les policiers pensent qu'il y aurait eu, à l'occasion de
transferts d'importance, essentiellement des commissions et
rétro-commissions "dans lesquelles des membres du milieu apparaissent",
ont expliqué les sources proches de l'enquête.
Un réquisitoire supplétif, pour abus de biens sociaux, a été ouvert récemment dans ce dossier, a indiqué la source judiciaire.
Lors
de perquisitions au siège du club, en janvier 2013, une autre source
proche de ce versant de l'enquête avait avancé que le dossier serait lié
à celui sur le racket de boîtes de nuit d'Aix-en-Provence, pour lequel
le caïd corse Jacques Mariani avait été condamné en février 2012 à sept
ans de prison.
Selon cette source, les enquêteurs soupçonnaient
alors un agent de joueurs, proche de José Anigo, d'avoir perçu des
rétro-commissions lors des transferts d'André-Pierre Gignac et de
Souleymane Diawara, en faveur de membres influents du milieu régional.
"Les
auditions de ce jour s'inscrivent dans un travail d'investigation
entamé il y a près de deux ans portant notamment sur les conditions
autour d'anciens transferts de joueurs", a commenté mardi l'OM dans un
communiqué, assurant que ses dirigeants "n'ont cessé de collaborer avec
la justice" depuis lors.
"L'actionnaire du club, Margarita
Louis-Dreyfus, a réitéré aujourd'hui (mardi) sa détermination pour que
l'Olympique de Marseille soit géré dans le respect des règles
professionnelles et éthiques et a exprimé sa pleine confiance dans
l'actuelle équipe dirigeante ainsi que dans le système judiciaire
français", a ajouté le club.
Chez les supporters de l'OM, les
réactions oscillent souvent entre fatalisme et théorie du complot. "Les
juges ont raison", assure, à deux pas du Vieux-Port, Rukan, en veste de
survêtement du Real Madrid. "Il n'y a pas de garde à vue pour rien, on
sait qu'il y a de la mafia autour de tous les clubs de toute façon...",
juge le jeune homme.
Regrettant la "mauvaise image" dont l'affaire
affuble le club, Mahmoud, un employé de La Poste, s'interroge toutefois
sur le "moment" où ont lieu ces gardes à vue: "C'est bizarre, c'est au
moment où le club est premier". Tout comme Bruno, abonné depuis 15 ans,
qui s'interroge: "Pourquoi cette affaire sort maintenant, et pas l'année
d'avant?"
Contrairement à d'autres, Mahmoud, qui était au
Vélodrome pour France-Suède mardi et doit y retourner dimanche pour
OM-Bordeaux, ne craint pas un éventuel départ de l'actionnaire du club
Margarita Louis-Dreyfus: "Le club est connu quand même, si elle part,
quelqu'un d'autre la remplacera".
(AFP)
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