Amnesty International a jugé "insuffisantes" mercredi les mesures
prises par le Qatar pour limiter les abus contre les travailleurs
migrants employés sur les chantiers de la Coupe du monde football de
2022.
"Une action urgente est nécessaire pour ne pas aboutir à une
Coupe du monde bâtie sur le travail forcé et l'exploitation", a
déclaré, dans un communiqué, le chef de la section des réfugiés et des
migrants au sein d'Amnesty, Sherif Elsayed-Ali.
Quatre ans après
l'octroi de la Coupe du monde au riche pays gazier, la réponse de Doha
aux questions relatives aux abus des travailleurs migrants, "n'a pas
dépassé les promesses et des projets de loi", a-t-il déploré.
La
situation des travailleurs migrants a suscité des critiques
internationales après des informations sur des accidents mortels sur les
chantiers du Mondial 2022.
En mai, le Qatar s'est engagé à
améliorer la sécurité au travail, le logement et les conditions
salariales de cette main-d'oeuvre.
La FIFA pour sa part a été
soumise à d'énormes pressions de groupes de défense des droits de
l'Homme et d'organisations syndicales.
"Même ces réformes limitées
proposées restent lettre morte", a noté M. Elsayed-Ali, ajoutant que
"seule une poignée de ces mesures ont été partiellement mises à
l'oeuvre".
Dans une interview à CNN le 26 septembre, l'émir du
Qatar, Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, a affirmé que son pays avait
beaucoup fait pour améliorer les conditions de ces migrants.
Mais
Elsayed-Ali a accusé le gouvernement du Qatar de "traîner les pieds sur
quelques unes des mesures les plus fondamentales comme la suppression du
visa de sortie et la révision du système abusif de parrainage", appelé
Kafala.
La Confédération syndicale internationale a averti en juin
que pas moins de 4.000 travailleurs migrants pourraient mourir dans des
accidents d'ici 2022.
M. Elsayed-Ali a appelé à des mesures
"concrètes" comme l'abolition du visa de sortie et "une enquête
indépendante sur les causes des décès des travailleurs migrants".
Il
a également exhorté le Qatar à annuler les frais prohibitifs pour les
travailleurs voulant saisir la justice et à publier les noms des mauvais
employeurs.
L'obtention par le Qatar de la Coupe du monde 2022
fait aussi l'objet de soupçons de corruption et une polémique fait rage
sur l'opportunité d'organiser le tournoi en été sous des chaleurs
torrides.
(AFP)
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