Le Qatar, au centre de nombreuses polémiques, notamment autour des
conditions de travail sur les chantiers du Mondial-2022 de football, a
promis dimanche de nouvelles réformes sociales pour 2015, qui
donneraient plus de droits aux migrants.
Dans un communiqué reçu
par l'AFP, le ministère du Travail et des Affaires sociales du riche
émirat gazier affirme que ces réformes concernent entre autres le très
controversé système de parrainage, ou "kafala", et l'octroi des visas de
sortie, deux pratiques vivement décriées par des ONG internationales.
"Nos
projets (de réforme) suivent un processus législatif et nous devrions
faire des annonces sur une nouvelle législation d'ici le début de
l'année prochaine", a annoncé le ministère.
En mai, le Qatar, qui
héberge 1,6 million de travailleurs étrangers, avait déjà annoncé son
intention d'abolir la "kafala", qui met des travailleurs à la merci
d'employeurs en position d'empêcher leur départ du pays ou de changer
d'emploi.
"Une nouvelle loi de parrainage, actuellement examinée,
qui remplacera le système dépassé de la kafala, sera annoncée d'ici
l'année prochaine", affirme le communiqué de Doha.
Mercredi,
Amnesty International avait jugé "insuffisantes" les mesures prises par
le Qatar pour limiter les abus contre les travailleurs migrants employés
sur les chantiers du Mondial-2022.
"Une action urgente est
nécessaire pour ne pas aboutir à une Coupe du monde bâtie sur le travail
forcé et l'exploitation", avait déclaré l'organisation.
Dans leur
texte, les autorités de Doha rejettent les affirmations selon
lesquelles l'émirat n'a quasiment rien fait pour améliorer la situation.
"Ce n'est pas vrai", indique le ministère du Travail.
Des mesures
ont été prises pour réduire à 72 heures le délai d'attente pour un
migrant en vue d'obtenir un visa de sortie, une pratique laissée
jusqu'ici à la discrétion de l'employeur, explique le ministère qatari
du Travail.
- "Stratégie de travail décent" -
En outre, ajoute-t-il, un système sera mis en place "d'ici la fin
de l'année" pour que les salaires des migrants soient versés dans un
délai n'excédant pas sept jours et l'amende sera multipliée par cinq
pour tout employeur confisquant le passeport de son employé, pratique
courante dans les monarchies du Golfe.
Le ministère annonce la
construction pour les migrants "de logements de bonne qualité", la mise
en place d'"un système électronique pour le dépôt de plaintes", ainsi
que la fermeture et la pénalisation des compagnies ne respectant les
mesures de sécurité ou enfreignant les horaires de travail sur leurs
chantiers.
Il indique étudier, en collaboration de l'Organisation
internationale du travail (OIT), un projet de "Stratégie de Travail
Décent censé assurer des normes que toutes les compagnies au Qatar
doivent respecter".
Les autorités sont restées vagues jusqu'ici sur les dates de mise en oeuvre de leurs réformes.
"Comme
dans tous les pays du monde, le changement ne se fait pas du jour au
lendemain", soulignent les autorités. "Mais nous avons l'intention
d'apporter des changements significatifs et durables au profit de tous
ceux qui vivent et travaillent au Qatar", note le ministère en rappelant
que la main d'oeuvre dans l'émirat est formée actuellement en moyenne
de 20 étrangers pour un seul Qatari.
Depuis l'attribution en 2010 du Mondial-2022 au Qatar, ce pays est au centre de nombreuses polémiques.
Outre
des accusations de violations des droits de l'Homme en liaison avec les
conditions de travail sur les chantiers, le riche émirat gazier a été
soupçonné de corruption. Jeudi, la chambre de jugement du comité
d'éthique de la Fifa a toutefois écarté l'idée d'attribuer
l'organisation de la compétition à un autre pays.
Par ailleurs, un
vif débat se poursuit sur la période de l'année pendant laquelle le
Mondial-2022 devrait se dérouler, un nombre croissant de spécialistes
jugeant impossible que la compétition se déroule en été, quand les
températures montent jusqu'à 50 degrés Celsius.
(AFP)
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