lundi 17 novembre 2014

Mondial-2022 - Code du travail: le Qatar cherche à prouver son sérieux

Le Qatar, au centre de nombreuses polémiques, notamment autour des conditions de travail sur les chantiers du Mondial-2022 de football, a promis dimanche de nouvelles réformes sociales pour 2015, qui donneraient plus de droits aux migrants.

Dans un communiqué reçu par l'AFP, le ministère du Travail et des Affaires sociales du riche émirat gazier affirme que ces réformes concernent entre autres le très controversé système de parrainage, ou "kafala", et l'octroi des visas de sortie, deux pratiques vivement décriées par des ONG internationales.
"Nos projets (de réforme) suivent un processus législatif et nous devrions faire des annonces sur une nouvelle législation d'ici le début de l'année prochaine", a annoncé le ministère.
En mai, le Qatar, qui héberge 1,6 million de travailleurs étrangers, avait déjà annoncé son intention d'abolir la "kafala", qui met des travailleurs à la merci d'employeurs en position d'empêcher leur départ du pays ou de changer d'emploi.
"Une nouvelle loi de parrainage, actuellement examinée, qui remplacera le système dépassé de la kafala, sera annoncée d'ici l'année prochaine", affirme le communiqué de Doha.
Mercredi, Amnesty International avait jugé "insuffisantes" les mesures prises par le Qatar pour limiter les abus contre les travailleurs migrants employés sur les chantiers du Mondial-2022.
"Une action urgente est nécessaire pour ne pas aboutir à une Coupe du monde bâtie sur le travail forcé et l'exploitation", avait déclaré l'organisation.
Dans leur texte, les autorités de Doha rejettent les affirmations selon lesquelles l'émirat n'a quasiment rien fait pour améliorer la situation. "Ce n'est pas vrai", indique le ministère du Travail.
Des mesures ont été prises pour réduire à 72 heures le délai d'attente pour un migrant en vue d'obtenir un visa de sortie, une pratique laissée jusqu'ici à la discrétion de l'employeur, explique le ministère qatari du Travail.

- "Stratégie de travail décent" - En outre, ajoute-t-il, un système sera mis en place "d'ici la fin de l'année" pour que les salaires des migrants soient versés dans un délai n'excédant pas sept jours et l'amende sera multipliée par cinq pour tout employeur confisquant le passeport de son employé, pratique courante dans les monarchies du Golfe.
Le ministère annonce la construction pour les migrants "de logements de bonne qualité", la mise en place d'"un système électronique pour le dépôt de plaintes", ainsi que la fermeture et la pénalisation des compagnies ne respectant les mesures de sécurité ou enfreignant les horaires de travail sur leurs chantiers.
Il indique étudier, en collaboration de l'Organisation internationale du travail (OIT), un projet de "Stratégie de Travail Décent censé assurer des normes que toutes les compagnies au Qatar doivent respecter".
Les autorités sont restées vagues jusqu'ici sur les dates de mise en oeuvre de leurs réformes.
"Comme dans tous les pays du monde, le changement ne se fait pas du jour au lendemain", soulignent les autorités. "Mais nous avons l'intention d'apporter des changements significatifs et durables au profit de tous ceux qui vivent et travaillent au Qatar", note le ministère en rappelant que la main d'oeuvre dans l'émirat est formée actuellement en moyenne de 20 étrangers pour un seul Qatari.
Depuis l'attribution en 2010 du Mondial-2022 au Qatar, ce pays est au centre de nombreuses polémiques.
Outre des accusations de violations des droits de l'Homme en liaison avec les conditions de travail sur les chantiers, le riche émirat gazier a été soupçonné de corruption. Jeudi, la chambre de jugement du comité d'éthique de la Fifa a toutefois écarté l'idée d'attribuer l'organisation de la compétition à un autre pays.
Par ailleurs, un vif débat se poursuit sur la période de l'année pendant laquelle le Mondial-2022 devrait se dérouler, un nombre croissant de spécialistes jugeant impossible que la compétition se déroule en été, quand les températures montent jusqu'à 50 degrés Celsius.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.