Cible d'une plainte de l'association Sherpa pour dénoncer les
conditions d'emploi de migrants sur des chantiers au Qatar, le groupe de
BTP Vinci l'a fait citer devant le tribunal correctionnel de Paris pour
diffamation et lui réclame, ainsi qu'à ses dirigeants, 300.000 euros de
dommages et intérêts.
L'association a déposé plainte à Nanterre,
fin mars, contre Vinci Construction Grands Projets (VCGP) pour "travail
forcé" et "réduction en servitude", dans le cadre des chantiers liés à
l'organisation du Mondial 2022 de football.
La plainte vise aussi 6 cadres français, dont Yannick Garillon le directeur général de QDVC, la filiale commune (à 49%) de Vinci avec le groupe
local Qatari Diar, et Alain Bonnot, le président de Vinci Construction
Grands Projets.
Assurant avoir réalisé une enquête sur place,
Sherpa fait état de confiscations de passeports et de menaces proférées à
l'encontre de ces travailleurs migrants pour les dissuader de réclamer
une amélioration de leurs conditions de travail.
Vinci a réfuté
"totalement" les allégations de l'association et invité représentants de
Sherpa et journalistes qui le souhaitaient à venir observer par
eux-mêmes les conditions de travail sur ses chantiers au Qatar.
Vinci,
qui réalise quelque 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel
et emploie 191.000 salariés dans le monde, a remporté ces dernières
années d'énormes contrats au Qatar, tels que celui de la construction du
métro de la ville de Lusail, via sa filiale commune avec le groupe
local Qatari Diar, QDVC.
Pour Vinci, "l'annonce du dépôt de
plainte a été soigneusement orchestrée, afin de donner aux graves
accusations portées contre le groupe Vinci la plus grande publicité",
selon la citation directe, consultée par l'AFP.
La citation
directe visant Sherpa porte notamment sur la pétition lancée sur le site
de l'association, des passages d'un communiqué, ainsi que de propos
tenus par plusieurs de ses dirigeants.
Outre Sherpa, la citation
vise son président, l'avocat William Bourdon, sa directrice, Laetitia
Liebert ainsi que sa responsable juridique, Marie-Laure Guislain.
Au
total, Vinci et Vinci Construction réclament 300.000 euros de dommages
et intérêts, ainsi qu'une insertion du jugement dans dix journaux, pour
un total qui pourrait atteindre 200.000 euros.
"Nous sommes
confiants puisque nous avons les preuves de ce que nous avançons", a
commenté Sherpa dans un communiqué publié jeudi.
"Nous nous
réjouissons que Vinci nous offre grâce à sa plainte une autre occasion
d'ouvrir un débat public sur le respect des droits fondamentaux des
travailleurs sur ses chantiers au Qatar", a ajouté l'association.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire