Le jargon technique qui émaille les projets de nouveaux programmes
scolaires de sport alimente les moqueries des médias, déclenchant
mercredi les foudres des professeurs de sport.
En cause, des
formulations comme "traverser l'eau en équilibre horizontal par
immersion prolongée de la tête" dans un "milieu aquatique profond
standardisé", là où le grand public dirait tout simplement "nager dans
la piscine".
Ces formulations figurent dans les projets de nouveaux programmes scolaires élaborés par le conseil
supérieur des programmes (CSP), publiés le 13 avril. Ils seront soumis à
la consultation des enseignants du 11 mai au 12 juin puis amendés, pour
entrée en vigueur à partir de la rentrée 2016.
Dans une lettre
ouverte au présentateur du 20 heures de France 2 David Pujadas, le
Snep-FSU, syndicat majoritaire chez les professeurs d'éducation physique
et sportive (EPS), déplore une "critique, soi-disant humoristique,
ciblée uniquement" sur sa discipline, sur la chaîne publique et dans
d'autres médias.
Il pointe "une forme de condescendance et
d'ignorance bienséante lorsqu'il s'agit d'EPS et de sport à l'école. Un
enseignement se préoccupant du corps (donc considéré comme de bas niveau
intellectuel ?) devrait forcément s'écrire dans un langage trivial et
non se théoriser", regrette-t-il.
Si on parle de "milieu
standardisé", c'est pour "rendre explicite le fait qu'on n'apprend pas à
nager en rivière par exemple". Cela peut être "bien sûr une piscine,
mais aussi un bord de mer calme, sans courant, délimité comme dans les
DOM", explique le syndicat. Il existe aussi "des piscines ou des
bassins" où "on a pied! Or, apprendre à nager nécessite de se confronter
à la profondeur", ajoute-t-il.
"Les programmes devraient d'abord
être écrits pour les enseignants", leurs "premiers utilisateurs", pas
pour le grand public, estime le Snep.
Interrogée sur ces formules
techniques, Najat Vallaud-Belkacem a répondu dans un entretien au
point.fr lundi: "les enseignants comme tous les professionnels utilisent
un vocabulaire expert. Toutefois, je souhaite et je demande que les
programmes soient lisibles par tous et donc écrits dans une langue que
tout le monde peut comprendre". La consultation des enseignants
permettra selon la ministre "de les améliorer et de les rendre plus
clairs".
Le SE-Unsa, deuxième syndicat de l'éducation, déplore lui
dans les nouveaux programmes d'EPS une "disparition des compétences
méthodologiques et sociales" et le "retour à une approche purement
motrice". L'enseignement "centré sur la performance sportive plutôt que
sur une éducation physique pour tous" "mettra en échec" les jeunes "qui
ne sont pas +sportifs+, les jeunes en surpoids ou les jeunes en
situation de handicap".
(AFP)
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