Persuadé qu'il est le sport idéal pour donner un coup de jeune aux
jeux Olympiques d'été, le surf se démène pour intégrer le programme des
JO, dès Tokyo-2020, et tant pis si ce serait sur des vagues
artificielles.
A l'instar du snowboard ou du skicross venus
dépoussiérer l'image des JO d'hiver, le surf se voit un avenir
olympique. Quitte à détoner dans le milieu plutôt compassé de
l'olympisme, comme son représentant Fernando Aguerre. Ni blazer ni
cravate pour l'Argentin, mais une simple veste rehaussée d'un neud
papillon aux couleurs osées, rose ou mauve!
Le président de la
Fédération internationale de surf (ISA) n'est pas passé inaperçu cette
semaine dans les allées de SportAccord, une convention organisée à
Sotchi en Russie, où les grandes fédérations ont travaillé à dessiner le
sport de demain.
"Nous avons toutes les raisons de croire que le
surf a un destin olympique et doit être intégré au programme des JO de
Tokyo en 2020: il répond parfaitement à la philosophie de l'Agenda 2020
du président Thomas Bach", a argumenté M. Aguerre auprès de l'AFP, après
avoir déjà plaidé la cause de son sport auprès du président du comité international olympique lors des JO d'hiver de Sotchi en 2014.
"Nous
sommes convaincus que le surf apportera de la valeur ajoutée au
mouvement olympique. C'est un sport populaire auprès des enfants et des
ados", a-t-il ajouté.
Concrètement, l'ISA, qui gère aussi le "stand up paddle" (SUP),
propose d'organiser à Tokyo deux épreuves de surf et deux de SUP, hommes
et femmes. Le tout sur un plan d'eau artificiel, comme il en existe
déjà un au Pays basque espagnol.
"Un autre est en construction au
Pays de Galles", plaide M. Aguerre, qui souligne que "pour un
investissement de 7 à 9 millions de dollars, le bassin offre une vague
régulière de 2 m de haut sur un front de 180 m, toutes les minutes".
Grâce à cette technologie que des ingénieurs espagnols ont mis dix ans à
développer, "le surf peut donc désormais se pratiquer n'importe où dans
le monde!", argumente-t-il.
Le surf, qui a raté le coche des JO
de Rio, où en 2016 le rugby à 7 et le golf s'ajouteront au programme,
devra convaincre à la fois le CIO et le comité d'organisation de Tokyo.
"Honnêtement,
le surf a peu de chances", estime un expert olympique auprès de l'AFP:
"Même si le sport est populaire au Japon, le baseball et le softball
sont favoris. Mais comme le CIO a besoin de se renouveler, le surf a un
bel avenir".
Son ascension, le surf la doit en grande partie à M. Aguerre,
dont le parcours est digne des plus belles success-stories. Alors que le
surf est encore interdit par le régime militaire argentin, le jeune
homme de Mar del Plata "organise la première association pour légaliser
cette pratique" et ouvre à la fin des années 70 le premier magasin de
surf du pays, avec son frère Santiago.
Puis, à La Jolla, la Mecque
californienne du surf où ils ont migré, les frères lancent en 1984 la
marque Reef, avec 4.000 dollars en poche (3.700 euros). Et ce nom
devient vite la référence sur toutes les plages du monde.
Vingt
ans plus tard, en 2005, Fernando et Santiago revendent leur société pour
plus de 100 millions de dollars (91 millions d'euros) et depuis lors
Fernando, 58 ans, se consacre à son rêve: "Que le surf devienne
olympique".
"J'ai été impliqué dans le développement du surf toute
ma vie et réélu sept fois à la présidence de la Fédération
internationale de surf", confie l'Argentin, qui se veut "à la fois
proche des athlètes, de l'industrie et des décideurs" et rappelle qu'il
avait représenté son pays "aux championnats du monde de longboard en
1992 à Lacanau".
Depuis son arrivée à la tête de l'ISA en 1994, le
surf a en tout cas gagné en universalité, passant de 32 fédérations
membres à 96 aujourd'hui. "Et nous allons vite arriver à 100", assure
Fernando Aguerre.
(AFP)
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