A une semaine de l'élection présidentielle à la Fifa, les cartes sont
rebattues: Michael van Praag et Luis Figo se retirent, laissant le
Prince Ali défier seul le dirigeant sortant Joseph Blatter, toujours
grand favori, à 79 ans.
Trois candidats assis sur le même
réservoir de voix (pour schématiser les 54 voix de l'UEFA, opposée à
Blatter, plus quelques autres frondeurs comme les États-Unis, déçus du
Mondial-2022 attribué au Qatar) allaient au suicide électoral.
Van
Praag, 67 ans, président de la Fédération néerlandaise de foot (KNVB),
le savait, lançant dès le 23 mars: "Ce serait sage à un moment de
s'asseoir et voir les équilibres, et soit laisser comme ça, ou alors
retirer un ou deux candidats".
Ce sommet des challengers à Blatter
a eu lieu comme l'avait confirmé à l'AFP Renske Bruisma, porte-parole
de la KNVB: "Tout le monde sait qu'il y a eu une discussion entre les
candidats au sujet d'un éventuel regroupement de forces".
Jeudi,
l'équipe de campagne de Van Praag a confirmé son retrait par un sobre
communiqué: "Après de nombreuses délibérations et des réflexions avec
les différentes personnes impliquées, Michael van Praag a décidé de
retirer sa candidature et de joindre ses forces au candidat Prince Ali".
L'ancien président à poigne de l'Ajax Amsterdam doit s'expliquer plus
en détail dans la soirée, au cours d'une conférence de presse, où est
promise "une déclaration" du Prince Ali.
Figo, ancien joueur
vedette de Barcelone, du Real Madrid ou de l'Inter Milan, a mis quelques
heures de plus à annoncer son retrait jeudi. L'ex-Ballon d'Or portugais
de 42 ans s'est fait une raison: certes, il jouissait d'une grande
popularité -José Mourinho l'appuyait, par exemple- mais son inexpérience
dans les instances le pénalisait.
Le
quotidien néerlandais "De Volkskrant", qui avait éventé les retraits de
Van Praag et Figo dès mercredi, a dépeint le tableau des forces en
présence. Les trois challengers ont voyagé à travers le monde afin de
convaincre les présidents des fédérations (209) qui vont voter jeudi
prochain à Zurich. A ce petit jeu là, le prince Ali est sorti vainqueur:
"Il a rendu visite au plus grand nombre de pays et il avait un budget
de campagne quasi illimité", résume le journal batave. Et de souligner
que, parce qu'il est depuis 2011 au comité exécutif de la Fifa (sorte de
gouvernement du foot mondial), le Jordanien "dispose de meilleurs
contacts".
Mais l'homme au compte twitter "AliForFifa"
("AliPourlaFifa") présente aussi des handicaps: il n'est pas président
de la Confédération asiatique (AFC) dont dépend son pays, la Jordanie.
C'est le cheikh du Bahreïn Salman bin Ebrahim al Khalifa qui occupe ce
poste et est un fervent supporteur de "Sepp" Blatter. Et au regard de
certains votants, il paraîtra bien jeune dans tous les sens du terme: il
a 39 ans et il ne siège que depuis quatre ans au comité exécutif de la
Fifa.
En face, comme l'a indiqué un connaisseur du dossier à
l'AFP, Blatter, depuis 40 ans à la Fifa, dont 17 à la présidence, "a une
capacité à rendre les gens dépendants ou redevables, mais pas au sens
où ils le regrettent: ces gens savent ce qu'ils ont avec Blatter, ils ne
savent pas ce qu'ils auront avec un autre".
Figo, amer sur sa
page Facebook jeudi, ne se fait guère d'illusions pour le Prince Ali:
"Ma décision est prise, je ne participerai pas à la dénommée élection
pour la présidence de la Fifa. Ce processus électoral est tout sauf une
élection. C'est un plébiscite qui a pour objectif de remettre le pouvoir
absolu à un homme, ce que je refuse d'accompagner. Est-ce normal qu'une
élection pour l'une des organisations les plus importantes de la
planète se déroule sans un débat public? Est-ce normal que l'un des
candidats ne prenne même pas la peine de présenter un programme?"
Blatter a refusé tout débat public, répétant que son bilan parlait pour lui.
(AFP)
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