Le "Combat de boxe du siècle" entre Manny Pacquiao et Floyd
Mayweather s'est terminé sur la victoire de Mayweather, mais le combat,
juridique, autour de la retransmission illégale d'événements payants par
le biais de services de vidéo "live" pour smartphones ne fait que
commencer.
Samedi soir à Las Vegas le spectacle était tant sur le
ring que derrière les --petits-- écrans des smartphones de spectateurs
qui ont profité des services Periscope et Meerkat pour retransmettre le
match en direct et en toute illégalité.
Du coup, des milliers
d'aficionados ont pu économiser les 100 dollars demandés par les chaînes
du câble pour voir -- sur leur téléviseur -- Mayweather flanquer une
raclée à Pacquiao.
Dick Costolo, le patron de Twitter, à qui
appartient Periscope, ne s'y est pas trompé, lui qui a tweeté après le
combat: "Et le gagnant est... @periscopeco".
L'expérience est
amère pour les détenteurs des droits, mais avec la multiplication des
services de vidéo en direct, elle est appelée à se répéter.
Déjà,
le mois dernier la chaîne payante HBO, voyant que la nouvelle saison de
"Game of Thrones" était retransmise en direct sur smartphones, avait
riposté en envoyant un avertissement à Periscope.
La législation
américaine sur les droits d'auteurs force les firmes comme Periscope ou
Meerkat à retirer "rapidement" tout contenu soumis à copyright lorsque
les ayants-droit en font la demande.
Mais comment agir "rapidement" lors d'un événement ponctuel comme un match de boxe ou un concert?
"La
loi ne donne pas les moyens aux détenteurs de droits de poursuivre en
justice les plateformes qui retransmettent des contenus diffusés en
direct", relève pour l'AFP Bradley Shear, avocat spécialiste des
questions de droits d'auteur.
Dans leurs règles d'utilisation,
Periscope et Meerkat prennent bien soin de souligner qu'ils prohibent
toute retransmission de contenu soumis à droits d'auteur. Mais, comme la
définition de "rapidement" est pour le moins élastique, les nouvelles
technologies pourraient bien l'emporter sur la loi, constate M. Shear.
"Cela illustre combien il est nécessaire de revoir nos lois sur les droits d'auteur", assène-t-il.
Lorsque
le Congrès a rédigé en 1998 le "Digital Millennium Copyright Act", un
texte qui portait sur la protection de la propriété intellectuelle à
l'ère numérique, "la retransmission en direct n'était pas évoquée",
souligne Eric Goldman, co-directeur de l'Institut sur la loi et les nouvelles technologies à l'université de Santa Clara en Californie.
Selon
M. Goldman, certaines firmes utilisent des filtres et d'autres outils
qui leur permettent de bloquer des vidéos utilisées illégalement.
- "Nous étions prêts" -
Le fondateur de Periscope, Kayvon Beykpour, a ainsi assuré mardi
lors d'une conférence organisée par TechCrunch que ses équipes étaient
"totalement préparées" le week-end dernier pour surveiller les flux
durant le match Pacquiao-Mayweather.
"Nous avons reçu 66 demandes
de retrait (de contenu) et nous en avons effectué 30, le tout en
quelques minutes", a affirmé M. Beykpour. Le reste n'a pas pu être
retiré parce que le temps que les techniciens s'y attèlent, les
utilisateurs avaient déjà mis fin à leur retransmission.
"Nous étions prêts, nous savions que nos équipes devaient être au complet", a-t-il poursuivi.
Plus
généralement, M. Beykpour juge la question des droits d'auteur exagérée
en raison de la qualité plus que médiocre des images et du son sur
Periscope et Meerkat.
"Personne n'a envie de regarder +Game of Thrones+ sur Periscope", a-t-il lancé.
Les chaînes payantes HBO et Showtime n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
Mais l'un des promoteurs du "Combat du siècle" Top Rank envisage sérieusement d'engager des poursuites.
"Nous
pensons que ceux qui distribuent du contenu sans autorisation trichent.
Ils n'en ont pas le droit", a expliqué Todd duBoef, patron de Top Rank.
(AFP)
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