Le Qatar va construire sept "cités" pour loger plus de 250.000
immigrés chargés de construire les infrastructures du pays, dont celles
en vue de la Coupe du monde de football en 2022.
Les autorités ont
indiqué mardi que les sept sites seront tous finis d'ici la fin 2016 et
que le plus grand d'entre eux, conçu pour recevoir 70.000 personnes et
équipé d'un stade de cricket de 24.000 places, accueillera ses premiers
pensionnaires dans les semaines à venir.
Cette annonce intervient
dans un contexte de critiques répétées sur la qualité des logements
fournie par le Qatar aux nombreux travailleurs immigrés, Doha ayant
lui-même reconnu que les conditions de vie de certains d'entre eux
étaient mauvaises.
Au total, 258.000 travailleurs, soit environ
25% de la population active étrangère, vivront dans les nouvelles cités
d'accueil, réparties dans tout l'émirat.
Le ministre du Travail et des Affaires sociales, Abdallah ben Saleh al-Khoulaifi, a indiqué à l'AFP que ces centres incarnaient "l'avenir".
"Je
sais que notre peuple veut de meilleurs logements pour ses
travailleurs", a-t-il dit, précisant que son pays avait doublé le nombre
de personnes chargées d'inspecter les logements, le chiffre devant
arriver à 400 d'ici peu.
"Nous prenons ces choses très au sérieux et la communauté économique le sait bien", a-t-il ajouté.
Les
autorités n'ont pas précisé le coût que représente la construction de
toutes ces cités d'accueil mais la principale, "Labour city" (la cité du
travail), a coûté 825 millions de dollars. Elle est constituée de 55
bâtiments comprenant notamment un centre commercial, une clinique et la
deuxième plus grande mosquée du Qatar.
Dans un complexe de la cité
industrielle de Doha, où le gouvernement a organisé une visite
récemment, les journalistes ont pu découvrir les conditions de vie
désastreuses de certains d'entre eux.
Dans une chambre exiguë
vivaient ainsi huit travailleurs, leurs vêtements accrochés au mur et
leurs possessions entassées sous de petits lits superposés. Au bout d'un
long couloir sordide se trouvait une cuisine dégoûtante.
Hassan,
originaire du Ghana où vivent sa femme et ses deux enfants, explique
avoir été trompé par un agent qui lui avait promis 900 dollars par mois
au Qatar. "Mais on touche en fait 900 riyals", soit l'équivalent de 250
dollars, explique cet homme de 34 ans.
Selon Nicholas McGeehan de
l'ONG Human Rights Watch, le plan du gouvernement en matière de logement
est "un pas utile" mais "le problème majeur du Qatar reste son système
(de droit du travail), pas le logement".
"Le problème, c'est le
mécanisme de contrôle qui accorde un pouvoir exorbitant aux employeurs",
assure-t-il en faisant allusion à la "kafala".
Cette semaine, le ministre qatari du Travail a exprimé l'espoir d'une abolition prochaine de ce
système de parrainage local qui fait d'un travailleur immigré la quasi
propriété de son employeur et qui est régulièrement dénoncé par des ONG
comme de l'esclavage moderne.
(AFP)
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