Quand la saison d'hiver est terminée, les fabricants de ski ne
chôment pas: ils réfléchissent aux skis de demain, toujours plus légers
pour répondre à l'explosion des nouvelles pratiques de glisse que sont
la randonnée, le freeride ou le ski-alpinisme.
Sur un marché
global en baisse de 5%, où se vendent un peu moins de 5 millions de
paires de skis dans le monde chaque année, "le créneau de la randonnée
et du freeride est lui en constante progression", explique David
Bouvier, directeur du marketing de Rossignol, l'un des leaders du marché
français avec Salomon.
Grâce à sa marque Dynastar, présente sur
ce segment "depuis 40 ans, nos chiffres de vente dans le secteur
randonnée connaissent une croissance à deux chiffres", ajoute M.
Bouvier.
Essoufflement de la pratique traditionnelle en station,
recherche de plus de liberté sur des espaces vierges, amélioration et
allègement du matériel: autant de raisons qui expliquent le fort
développement du ski de randonnée, mais aussi du ski-alpinisme ou encore
du freeride, des pratiques qui demandent cependant une bonne
connaissance de la montagne, face aux risques naturels.
Plus
larges que les skis traditionnels, pour offrir une glisse aisée dans la
poudreuse, ces skis sont surtout beaucoup plus légers, grâce à
l'utilisation de noyaux en balsa, comme chez le suisse Stöckli, ou en
mousses innovantes comme le roicell ou le divinycell, pour le ski de
randonnée +Mythic+ de Dynastar. Le suisse Movement collabore de son côté
avec le fabricant de voiles North pour l'utilisation de carbones légers
mais rigides et intègre aussi de la fibre de basalt.
"Nos
nouvelles gammes offrent des structures ultra-light", explique Serge
Baud, co-fondateur de Movement, créée en 1990 pour le freeski. "Nous
avons aussi introduit de nouvelles surfaces extrêmement résistantes à
l'abrasion, défiant tous les critères de poids", ajoute celui qui a
fabriqué pendant 20 ans les snowboards Wild Duck avant de se lancer avec
succès dans Movement, installée en banlieue de Lausanne et qui fabrique
40.000 paires de skis par an dans son usine en Tunisie.
"Pour
moi, le ski alpinisme est la tendance pour l'avenir, ajoute-t-il. Cela
demande des skis qui peuvent tout faire et cette pratique, phénomène
nouveau, touche désormais une catégorie de gens très jeunes".
A
Chamonix, Black Crows est née en 2006 "pour le freeride, on vient de
là", explique Camille Jaccoux, l'un des deux cofondateurs. Offrant des
formes et un look facilement identifiables, la marque a développé des
skis "dédiés au hors piste et au all-mountain", comme le modèle
+freebird+ pour la randonnée.
"Techniquement il existait des
produits pas mal, mais qui ne répondaient pas à 100% à nos attentes",
ajoute M. Jaccoux, 41 ans, à la tête d'une PME qui vend 10.000 paires
par an pour un chiffre d'affaires de 2,8 millions d'euros et se
diversifie cette année dans les vêtements de ski.
Réalisant le
plus gros de leurs ventes sur le marché du ski traditionnel, les grandes
marques "se doivent d'être présentes sur ces nouvelles pratiques",
confie Mathieu fauve, responsable de la recherche et développement chez
Stöckli. Ainsi, l'entreprise, dernier survivant des historiques
fabricants suisses, cartonne aux Etats-Unis avec son ski all mountain
+Stormrider+.
L'objectif commun de tous ces fabricants est
"d'essayer de gagner du poids tout en privilégiant la skiabilité",
explique M. Jaccoux. Une préoccupation qui se retrouve aussi dans les
skis plus classiques, notamment dans des gammes désormais dédiées
exclusivement aux femmes.
"On n'a pas attendu le développement du
secteur de la randonnée pour s'intéresser au poids", souligne encore M.
Bouvier, rappelant que le +Soul 7+ de Rossignol a été primé comme l'un
des meilleurs skis de "free-randonnée".
Reste que pour enrayer la
baisse de fréquentation, les stations doivent "aussi réagir", souligne
M. Bouvier. "Elles pourraient faire comme aux Etats-Unis où des pistes
ou des horaires sont réservés à la randonnée. Certaines stations ouvrent
aussi sans damer les pistes, juste en les sécurisant".
(AFP)
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