mercredi 13 mai 2015

Rythmes scolaires : l'Union sportive de l'enseignement du premier degré tire la sonnette d'alarme

"Nous ne nous affolons pas, nous n'accusons pas, mais nous entendons montrer un certain nombre de choses et voir dans la plus grande concertation comment pallier ce qui semble être des constats insuffisamment positifs." Pour décrire les difficultés posées par la réforme des rythmes scolaires à l'Union sportive de l'enseignement du premier degré (Usep), son président Jean-Michel Sautreau avance avec prudence…
Il faut dire que cette réforme, sa fédération – dont les associations locales sont présentes dans environ un tiers des écoles publiques – l'a toujours approuvée. A la rentrée 2013, durant l'année expérimentale des nouveaux rythmes, l'Usep a joué le jeu, repérant partout des endroits où un lien "très constructif" pouvait se tisser entre la collectivité territoriale, les clubs sportifs et l'association Usep locale.
La déception est venue par la suite, quand le dispositif s'est généralisé à la rentrée 2014. "La participation de l'Usep à ces nouveaux temps périscolaires sportifs est assez faible, en deçà de nos espérances", confie Jean-Michel Sautreau. Pour lui, l'échec se situe à différents niveaux. Outre le faible nombre d'associations Usep impliquées dans les nouveaux rythmes, il constate une baisse du volume d'activité de l'Usep qui œuvre aussi dans le temps scolaire par convention avec le ministère de l'Education nationale. Enfin, conséquence de cette nouvelle donne : il enregistre une baisse "assez sensible" du nombre de licenciés.

Les rencontres sportives sacrifiées

Aujourd'hui, l'Usep perd donc sur tous les tableaux : elle ne parvient pas suffisamment à intégrer l'encadrement des nouveaux rythmes scolaires et perd de son influence dans le sport scolaire. "Le fait d'avoir des enseignants qui travaillent désormais le mercredi matin, même si cela n'est pas une critique de notre part, n'amène pas forcément une implication supplémentaire desdits enseignants le mercredi après-midi", explique Jean-Michel Sautreau. De plus, les rencontres sportives qui avaient plutôt lieu les après-midis sont beaucoup plus difficiles à organiser aujourd'hui avec des après-midis réduits en temps, et cela d'autant plus que les rencontres ont lieu entre différentes classes mais aussi entre différentes écoles, ce qui implique un temps de déplacement.
Ces constats, Jean-Michel Sautreau a eu l'occasion de les faire devant l'Education nationale, son ministère de tutelle. "Nous avons été reçus pour tirer la sonnette d'alarme", indique-t-il. Mais cela a été semble-t-il sans effet. Aussi, le président de l'Usep a-t-il pris sa plume et a adressé le 4 mai un courrier à la ministre Najat Vallaud-Belkacem dans lequel il avance deux pistes principales pour améliorer la réforme des rythmes scolaires, notamment en termes qualitatifs.

Décharger les enseignants en faveur du périscolaire

Tout d'abord, il propose que soit étudiée la possibilité pour les enseignants volontaires de "s'engager plus dans les activités périscolaires en les déchargeant d'un nombre d'heures équivalentes". "Si on permet à un enseignant, qui plus est formé, issu de la filière Staps par exemple, d'aller deux heures par semaine sur des temps d'activité périscolaire, et si au travers d'un travail d'équipe organisé il bénéficie de deux heures déchargées sur la semaine, tout le monde y gagne", avance Jean-Michel Sautreau.
Premières gagnantes, les collectivités, qui n'auront pas à payer ces heures d'intervention : "Aujourd'hui, une des grandes souffrances des collectivités est d'avoir été obligées d'embaucher. Les coûts de cette réforme pour les collectivités sont quand même assez imposants", affirme le président de l'Usep, qui est aussi élu municipal. Autres gagnants potentiels : les enfants qui pourraient bénéficier d'un surplus qualitatif. "Formé, l'enseignant peut faire vivre des activités de qualité, sous l'égide de l'Education nationale, et peut donc assurer le lien entre temps scolaire et périscolaire. Tous les enseignants ne sont pas des sportifs ou des musiciens, mais le devoir d'une école est de faire vivre un certain nombre de champs disciplinaires, en particulier grâce aux qualités de tous", estime Jean-Michel Sautreau. Mais ne lui dites surtout pas que ce déchargement de temps reviendrait à déshabiller Pierre pour habiller Paul ! "Expliquez-moi pourquoi le PEDT (projet éducatif territorial) doit être visé par l'Education nationale s'il est coupé de l'enseignement scolaire ? C'est un signe que le ministère ne veut pas laisser faire n'importe quoi dans les PEDT", justifie-t-il.

Faire connaître l'Usep auprès des collectivités

Autre revendication : l'Usep demande que le ministère de l'Education nationale favorise le rapprochement entre les collectivités et ses associations. "Il nous semble que ce lien entre associations Usep, collectivités et Education nationale doit aussi pouvoir se faire sous l'impulsion de celle-ci. Un des engagements du ministère dans notre convention commune est d'aider au développement des associations et de la vie associative", décrypte Jean-Michel Sautreau. Pour lui, il existerait un "phénomène de méconnaissance" là où l'Usep n'est pas implantée. "Dans la situation d'urgence devant laquelle les collectivités ont été placées pour mettre en place la réforme des rythmes scolaires, il a fallu s'organiser dans un temps assez court", regrette-t-il. Il propose donc qu'un référent Usep pour le sport scolaire du premier degré soit mis en place dans chaque rectorat.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.