Le président du club de rugby de Bayonne (Top 14), Manu Mérin, a mis
lundi un terme au projet très contesté de fusion avec le club de
Biarritz (Pro D2), assurant ému lors d'une conférence de presse "qu'il y
aurait deux entités professionnelles la saison prochaine".
La
deuxième tentative, après une ébauche mort-née fin 2013, n'a donc pas
été la bonne. Serpent de mer, les discussions autour de la fusion entre
l'Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique, rivaux historiques, avaient
repris au Pays basque ces dernières semaines, en secret et en comité
restreint.
Un tel rapprochement était souhaité par le monde
économique et par des décideurs rêvant à une entité basque unique et
forte, alors que les deux clubs font face à des difficultés financières
après le désengagement de leurs soutiens majeurs (Serge Kampf et Cap
Gemini au BO ; Alain Afflelou, qui a vendu ses parts de Bayonne fin
avril). Un voeu finalement pieux.
Le sujet avait ressurgi un an et
demi après une première tentative envisagée ouvertement à l'époque par
Alain Afflelou, alors président et argentier de Bayonne, mais rapidement
stoppée en raison des soucis financiers de Biarritz, rédhibitoires à
ses yeux.
La fronde populaire bayonnaise, matérialisée par un rassemblement
des supporteurs de l'Aviron mercredi dernier devant le siège de leur
club, en bord de Nive, avec une tension palpable, avait alerté sur les
difficultés locales à s'unir.
Les démentis des uns et des autres
-- "c'est de la pure et simple science-fiction" (Mérin) -- avaient
entretenu le flou, ainsi qu'un communiqué commun des deux clubs la
semaine dernière, évoquant "une réflexion sur une union des forces vives
du rugby au Pays basque (qui) pourrait vraisemblablement permettre de
renforcer la pérennité du rugby professionnel sur la région". Ces
positions avaient également semé le trouble, pour ne pas dire plus, chez
les plus fidèles supporteurs.
Les banderoles hostiles à la
fusion, déployées samedi dans les tribunes du stade Chaban-Delmas de
Bordeaux lors du dernier déplacement de l'Aviron (défaite 38-20), ainsi
que des menaces visant ouvertement le président Mérin et sa famille, ont
donc fini par produire leur effet.
"Devant tant de violence, pour
protéger ma famille, les salariés, j'ai décidé d'arrêter les
discussions. Il m'a(vait) semblé judicieux d'avoir une réflexion avec
Biarritz. Aujourd'hui, je préfère qu'on arrête devant le tapage", a
déclaré, en larmes, Mérin pour justifier cette décision.
Les mariés n'étaient pas prêts, leurs témoins non plus et les
dots n'étaient guère attractives, semble-t-il, pour aller plus loin. Dès
lors, Mérin a pris les devants en confirmant "qu'il y aurait deux
entités professionnelles (le BO et l'Aviron) la saison prochaine".
A
condition toutefois que le trou financier annoncé du côté d'Aguiléra
n'emporte pas vers les divisions fédérales le club de Serge Blanco, qui a
raté la qualification pour la phase d'accession en Top 14 lors de la
dernière journée de Pro D2.
Déjà en difficultés financières l'an
dernier, et face au refus de son mécène historique Serge Kampf de
remettre au pot, le BO aux cinq titres de champion de France (le dernier
en 2006) semble en grand danger quant à sa pérennité dans le monde
professionnel, à quelques semaines de son passage devant la Direction
nationale d'aide et de contrôle de gestion (DNACG).
Pour Bayonne,
relégable (13e du Top 14) et qui n'a pas son destin en mains, la
préoccupation est tout autre. Son avenir se jouera samedi lors de la
réception de La Rochelle à l'occasion de la dernière journée.
Pour
mettre toutes les chances de son côté, l'ensemble des joueurs et du
staff a décidé de partir s'isoler en stage dès mardi pendant trois jours
à Capbreton (Landes). "Et ne venez pas nous faire ch... là-bas !", a
conclu Mérin.
(AFP)
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