Avec un pied-de-nez aux anti-corrida, la bourgade landaise de
Gamarde-les-Bains, à 17 km à l'est de Dax, a connu samedi soir sa
première corrida, à l'initiative du maire et d'un groupe d'aficionados
constitués en club taurin.
Dans des arènes spécialement rénovées
et couvertes, n'ayant connu jusque-là que des courses landaises --
tradition régionale gasconne qui consiste pour les coursayres à éviter
la charge d'une vache -- cette première corrida a été un succès
populaire, puisque les 2.600 places disponibles ont toutes été vendues,
le paséo étant même retardé d'un quart d'heure à cause de l'affluence.
L'un
des attraits de cette corrida était l'alternative comme torero du
novillero (apprenti-matador) portugais Manuel Dias Gomes, âgé de 24 ans,
petit-fils d'un célèbre éleveur et fils d'un chef de file du groupe des
forcados de Lisbonne (corrida portugaise, sans mise à mort). Il a gâché
avec l'épée une faena appliquée face à son premier taureau et a fait un
tour de piste à l'issue de son deuxième et dernier combat.
Le
triomphateur de la soirée a été le matador landais Thomas Dufau, qui a
coupé une oreille à chacun de ses deux adversaires grâce à son aisance
et sa dextérité avec l'épée, quittant les arènes porté en triomphe.
Le
troisième matador à l'affiche, l'Arlésien Juan Leal a été en manque de
réussite et n'a pu briller face à deux taureaux trop faibles. D'une
manière générale, le manque de présentation et la faiblesse des taureaux
de l'élevage andalou de Benjumea -- deuxième fer de l'élevage de Nunez
del Cuvillo -- ont ôté beaucoup d'émotion à la plupart des combats.
Des
militants anti-corrida, essentiellement de l'association Animal Cross,
ont manifesté, sans incident, à l'entrée de la bourgade de 1.200
habitants.
Gamarde est ainsi une nouvelle arène du Sud-Ouest
conquise cette année par la tauromachie, après celle de
Pontonx-sur-l'Adour, inaugurée le 1er mars dernier par un festival
auquel participèrent les toreros espagnols Pepe Luis Vazquez, Juan Mora,
El Fundi, le Français Juan Leal, ainsi que les novilleros français
Louis Husson et colombien Andres Manrique.
Une évolution à
contre-courant du développement du mouvement anti-corrida en France et
surtout en Espagne, où la corrida connaît une importante désaffection
populaire et a même été interdite à Barcelone par la municipalité
dirigée jusqu'aux récentes élections municipales par les
indépendantistes catalans, qui ont été devancés le 24 mai par la gauche
radicale issue du mouvement des "Indignés", né en 2011 en dénonciation
de la politique d'austérité et de la corruption.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire