mercredi 3 juin 2015

Accusations de travail forcé au Qatar: première manche de la riposte judiciaire de Vinci

Accusé par l'ONG Sherpa de travail forcé sur ses chantiers au Qatar, le géant du BTP Vinci a plaidé mercredi la première manche de sa riposte judiciaire en poursuivant l'ONG pour atteinte à la présomption d'innocence.

L'association Sherpa a déposé plainte à Nanterre fin mars contre Vinci, notamment pour "travail forcé" et "réduction en servitude", dans le cadre des chantiers liés à l'organisation du Mondial 2022 de football. Sa plainte a donné lieu à l'ouverture d'une enquête préliminaire afin de vérifier les allégations mettant en cause le géant du BTP.
Lors d'une audience de référé (procédure d'urgence) devant le tribunal de grande instance de Paris mercredi, l'avocat de Vinci, Jean-Pierre Versini-Campinchi, a fait état de l'"attaque médiatique absolument extraordinaire" lancée par Sherpa.
Vinci a demandé la condamnation de Sherpa, la publication d'un communiqué judiciaire sur le site internet de l'ONG et la communication de la plainte, que la presse a eue, mais pas le groupe, a souligné Me Versini-Campinchi.
Cette dernière demande n'a "aucun fondement juridique", a plaidé l'avocate de Sherpa, Me Léa Forestier, dénonçant une "poursuite bâillon".
Elle a dénoncé le "choix très clair" de Vinci, qui a par ailleurs engagé des poursuites en diffamation, de s'engager sur la voie d'un "acharnement judiciaire" plutôt que "d'ouvrir un débat public".
La décision sera rendue le 30 juin.
Pour l'avocat William Bourdon, président de Sherpa, la procédure vise à "rassurer les fonds de pension éthiques, rassurer les actionnaires qui sont inquiets" des "révélations" de l'ONG et de la plainte. On est "serein", "habitué" et "tout à fait tranquille", a-t-il déclaré après l'audience, où chaque camp a dénoncé l'opération de communication de la partie adverse.
Il s'en est pris à la "logique de +pas vu pas pris+ qui permet" à de grandes entreprises "de continuer à communiquer" à propos de leurs engagements éthiques "tout en fermant les yeux sur des comportements qui sont parfaitement contradictoires". "L'image éthique est devenue un capital de séduction et d'attraction", mais aussi le "talon d'Achille" de ces groupes, a-t-il affirmé à l'audience.
Le PDG de Vinci, Xavier Huillard, s'est fait le porte-parole de l'"indignation" des 190.000 collaborateurs du groupe face aux "attaques désinvoltes, irresponsables, très puissantes" de Sherpa, dont il a réfuté en bloc les accusations.
"Je peux vous certifier que nos standards en matière de sécurité sur les chantiers, en matière de conditions de vie de nos travailleurs" au Qatar sont "parmi les meilleurs", a ajouté M. Huillard.
Si "certaines choses sont encore perfectibles", a-t-il concédé, "dans le périmètre que nous maîtrisons (...) les choses se font de manière tout à fait parfaite", "conformément à nos normes, qui sont elles-mêmes très supérieures aux normes en vigueur au Qatar", a-t-il dit.
Il a également fait état, qu'en janvier, avant les accusations de Sherpa, Vinci avait organisé un déplacement au Qatar des syndicats de l'entreprise. Ceux-ci ont témoigné "de ce qu'ils ont vu et de ce qu'ils ne comprenaient absolument pas le pourquoi des attaques incroyablement virulentes" de Sherpa.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.