Depuis jeudi et la superbe victoire d'étape de SCA skippé par la
Britannique Samantha Davies, les équipages engagés dans la Volvo Race
font escale à Lorient, épicentre d'une "Sailing Valley" bretonne
constituée de quelque 110 entreprises spécialisées dans la course au
large.
Grâce à leur excellence et au nombre de courses que ces
entreprises, installées dans un secteur compris entre Brest (Finistère),
Lorient et Vannes (Morbihan), ont contribué à faire gagner, la Sailing
Valley jouit désormais d'une réputation mondiale.
Elle emploie
"quelque 1.500 personnes, pour un chiffre d'affaires de 215 millions
d'euros", note Wenceslas Menotti, directeur d'Eurolarge Innovation,
cluster d'entreprises essentiellement spécialisées dans la course au
large.
La "Sailing Valley" est née de la reconversion en pôle
spécialisé dans la course au large ultra-moderne de la base de
sous-marins lorientaise, construite par les Allemands en 1941, que la
Marine nationale quitta ensuite définitivement, au bénéfice de Toulon,
en 1997.
"On a fait il y a dix ans le pari de mettre à disposition
des +teams+ (de course au large) les pontons et les infrastructures",
explique Jean-Patrice Colin, de l'Agence de développement économique du
pays de Lorient, qui rappelle qu'une dizaine d'équipes ont choisi de s'y
installer, à l'instar de Gitana Team ou Groupama Sailing team.
"Puis,
ajoute-t-il, on a accueilli les entreprises d'excellence", innovantes,
capables aujourd'hui de répondre aux exigences des skippers qui
réclament toujours plus de légèreté pour plus de vitesse, sans remettre
en cause la sécurité.
Architecture navale, conception et études
des structures de voiliers, construction en matériaux composites, mâts
démesurés en carbone, accastillage, gréement, peinture spéciale
compétition... On conçoit et fabrique dans la Sailing Valley les
voiliers les plus rapides du monde, qui collectionnent records, comme
ceux du Trophée Jules Verne, du Vendée Globe ou celui de la Route du
Rhum.
- Synergie et diversification -
De nouveaux défis s'y préparent: la Transat Jacques Vabre cet
automne, et surtout, l'an prochain, la nouvelle édition de "l'Everest
des mers", le Vendée Globe, tour du monde en solitaire, sans escale et
sans assistance.
Pour cette course, Armel Le Cléac'h disposera
d'un nouveau bateau, un Imoca (monocoque de 60 pieds), Banque Populaire
VIII, construit au chantier CDK à Port-la-Forêt. CDK a aussi réalisé le
Safran 2, premier Imoca nouvelle génération mis à l'eau à Lorient en
février.
Ces deux voiliers seront équipés de mâts Lorima, société
basée à Lorient, tout comme deux autres bateaux du même type, destinés
eux aussi au Vendée Globe: Gitana XVI et StMichel-Virbac.
Ces deux
Imoca sont construits en ce moment chez Multiplast, une entreprise
spécialisée dans les matériaux composite, à Vannes. Multiplast a aussi
réalisé dans le cadre d'un consortium international les ponts et les
aménagements intérieurs des sept des voiliers de la Volvo Race.
A
quelques encablures de Multiplast, se trouve North Sails (45 personnes à
Vannes), qui a pour sa part fourni les voiles de l'ensemble de la
flotte de la Volvo Race après avoir équipé 15 des 20 bateaux du dernier
Vendée Globe.
Point commun entre ces deux entreprises, le cabinet
d'architecture navale VPLP, dont les compétences en matière de
conception de multicoques et de monocoques sont devenues incontournables
dans la course au large.
Qu'on en juge au regard du classement de
la dernière Route du Rhum: ce cabinet, fondé en 1983 par Marc Van
Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost, a "signé" les cinq multicoques
arrivés aux cinq premières places de cette course en solitaire entre
Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
VPLP et le cabinet d'un autre
architecte renommé, Guillaume Verdier, ont également collaboré pour
concevoir les Imoca nouvelle génération.
Le savoir-faire, l'excellence des entreprises, leur synergie, séduisent dorénavant d'autres secteurs.
CDK, avec sa filiale lorientaise Keroman Technologies, se lance ainsi dans la fourniture de pièces pour hydroliennes.
Et
Multiplast, qui a lancé son propre centre de formation d'ouvriers
hautement qualifiés, est sollicitée par l'industrie de la Défense. Plus
loin encore dans la diversification, ce chantier, plus uniquement naval,
construira en matériaux composites les cinq dômes qui brilleront au
sommet du futur centre culturel et spirituel orthodoxe russe à Paris.
(AFP)
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