Hasard du calendrier, les parlementaires suisses ont accepté mercredi
un projet de loi surnommé Lex Fifa, destiné à lutter contre la
corruption dans le secteur privé et qui vise les fédérations sportives
internationales établies dans la Confédération, comme la Fifa.
Cet
examen au sénat à Berne d'un projet de loi préparé en 2014 intervient
au lendemain de la démission du Suisse Joseph Blatter de la présidence
de la Fifa, qui s'était offusquée dans le passé d'être la seule
nommément citée dans ce texte.
Le but de ce projet de loi, proposé
par le gouvernement le 30 avril 2014 alors que des soupçons de
corruption entachaient déjà la procédure d'attribution par la Fifa des
Coupes du monde de football 2018 et 2022, est de pouvoir poursuivre
d'office les cas de corruption privée.
Jusqu'ici, l'organisation concernée devait porter plainte pour qu'une enquête soit ouverte.
Les
sénateurs ont accepté à une large majorité le texte, mais en ont limité
sa portée en acceptant une proposition, soutenue par la droite,
spécifiant que la corruption privée sera poursuivie d'office seulement
si l'intérêt public est menacé.
Au grand dam des socialistes.
"Dans le cas de la Fifa, des armées d'avocats viendront expliquer que
l'intérêt public de la Suisse n'est pas concerné", s'est insurgé le
socialiste Christian Levrat.
"Il faut trouver une solution au
statut juridique de la Fifa. On ne peut pas gérer une organisation qui
génère des milliards comme un club de jodel", a-t-il ajouté.
Le texte doit désormais être soumis à l'examen de la commission des affaires juridiques du conseil national (Chambre basse) qui devra à son tour se prononcer.
En
avril dernier, le gouvernement avait expliqué que, bien que "la Suisse
compte au nombre des pays les moins touchés par la corruption (...) elle
représente une plaque tournante économique et financière importante
pour de nombreuses fédérations sportives internationales qui ont leur
siège en Suisse et dont les décisions ont été discréditées, à plusieurs
reprises, par des scandales de corruption".
Certaines
personnalités suisses s'inquiètent publiquement que le scandale autour
du Haut Valaisan Blatter ait des retombées négatives pour leur pays. "Le
problème, ce n'est pas tant Blatter que le dégât d'image pour la
Suisse. C'est épouvantable. Notre pays passe pour une république
bananière. Il faut absolument dépoussiérer cette image", affirme
mercredi l'avocat genevois Charles Poncet dans le journal Le Matin.
"La
Fifa ne peut pas gérer des millions en étant organisée comme une banale
association. Il faut la transformer en SA cotée en bourse, avec des
actionnaires", estime-t-il.
La soixantaine d'organisations
sportives internationales basée en Suisse bénéficient du même régime
fiscal applicable aux associations à but non lucratif, bien plus
favorable que celui en vigueur pour les entreprises.
En décembre
dernier, la Suisse avait déjà renforcé son arsenal anti-corruption à
l'égard des responsables de ces fédérations sportives en acceptant
qu'ils soient considérés comme des "personnes politiquement exposées",
obligeant les banques à adopter des mesures de surveillance de l'origine
des fonds sous gestion.
(AFP)
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