mardi 20 octobre 2015

Quand les maires et le Tour de France jouent à cache-cache

Le secret est le maître-mot des organisateurs du Tour de France pour ménager l'intérêt de la présentation officielle du parcours, dévoilé plus ou moins largement au fil des indiscrétions.

"Je suis allé chercher moi-même l'enveloppe contenant la convention à signer dans le courrier reçu", confie à l'AFP le maire d'une station des Alpes, l'un des heureux élus de l'édition 2016. Dans sa petite ville, seul le directeur de l'Office de Tourisme a été mis dans la confidence. Les autres collaborateurs et même son assistante n'auront confirmation de la nouvelle que mardi, en même temps que les professionnels du cyclisme et le grand public.
"C'est mathématique: plus il y a de gens au courant, plus les risques de fuite existent", ajoute-t-il. Les indiscrétions fleurissent, pour se retrouver dans les pages des journaux départementaux ou régionaux, sur les sites internet spécialisés.
Ailleurs, c'est par le truchement d'une délibération du conseil municipal, un vote budgétaire ou une prévision, que l'information sort. Quand ce n'est pas la satisfaction étalée par un édile, trop content d'obtenir enfin satisfaction après plusieurs années d'attente. Entre 200 et 250 villes, une moyenne à peu près stable depuis des années, sont candidates à la réception d'un départ ou d'une arrivée d'étape.
Quand ils sont intéressés par un site, les organisateurs envoient un représentant sur le terrain pour vérifier les possibilités logistiques. Jean-Louis Pagès, chef d'orchestre en ce domaine, exerce la fonction de longue date. C'est lui qui donne le feu fert sur la faisabilité du projet.

- "On a serré la vis" - "La première fois, je viens incognito dans une voiture sans autocollants du Tour, a-t-il eu l'occasion d'expliquer à l'AFP. J'émets un premier avis. S'il faut faire des travaux, j'appelle le maire: +Vous avez posé votre candidature. Nous avons besoin de quelques petits aménagements+. Je lui explique ce qu'il y a à faire, après il y va ou il n'y va pas".
Jusque-là, le secret est bien gardé. Les premières fuites commencent au moment de la réservation des (nombreuses) chambres d'hôtel requises par l'organisation. A l'ère d'internet, il est aisé de constater l'afflux des demandes sur les sites des chaînes d'hôtellerie ou des voyagistes, qui peut pourtant être dû à un autre événement.
Dans les semaines précédant la cérémonie de présentation, rumeurs et informations s'entre-croisent. Un site, www.velowire.com, qui s'est fait la spécialité de sortir la carte du Tour en premier, parvient pour l'essentiel à ses fins. Son responsable d'origine néerlandaise, Thomas Vergouwen, dit cette fois avoir eu plus de mal que les années précédentes pour dénicher les bonnes informations.
"On a serré la vis", reconnaît le directeur de course Thierry Gouvenou, sourire de circonstance. Car lui aussi a alimenté le jeu de cache-cache en publiant quelques "tweets" propres à attiser la curiosité.
Au-delà des noms des villes, il reste l'essentiel, le profil des étapes, les cols qui seront empruntés en juillet prochain, la longueur des contre-la-montre. Le dosage des difficultés surtout.
Ces informations qui intéressent les favoris du Tour sont annoncées par Christian Prudhomme seulement lors de la présentation. Sauf en 2011, quand une maladresse de manipulation informatique avait permis, via une capture d'écran sur le site de l'organisation, de révéler en avant-première le Tour de l'été suivant.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.