Selon une enquête menée par l'association, 90% d'entre eux donnent la priorité de leur budget "sport" aux équipements de proximité. C'est dire si le discours enthousiaste de Patrick Kanner se réjouissant devant eux que "la France devient un grand pays d'accueil des évènements sportifs internationaux" était quelque peu décalé. Tout juste certains veulent-ils bien croire avec le ministre en charge des sports venu conclure le premier jour du congrès que la dynamique économique qui en découle, notamment avec l'Euro 2016, "profite à nos villes".
Quant à l'inflation normative qui sévit non pas du fait de l'Etat mais des fédérations sportives, Patrick Kanner s'est contenté d'appeler les associations d'élus à l'"informer des abus".
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Sport santé, mutualisation...
De l'imagination, les villes moyennes en ont. Ainsi, Blagnac a lancé une nouvelle discipline : "Le sport sur ordonnance". En partenariat avec les CCAS et des agents municipaux "coachs sportifs", 17 médecins agréés prescrivent des ordonnances : les patients souffrant de diabète, d'obésité, d'un cancer du sein ou de maladies pulmonaires pratiquent un sport recommandé, gratuitement pendant un an. La formule est également en vogue à Lambersart, la ville de Marc-Philippe Daubresse, et à Boulogne-sur-Mer, celle de Frédéric Cuvillier, davantage cette fois en direction de personnes isolées "qui ne sortaient plus de chez elles".Mais à Boulogne, ville qui a choisi de "baisser les impôts sans baisser les subventions", "le seul moyen de parvenir est de jouer sur le personnel et de mutualiser les services", a expliqué Jean-Claude Etienne, maire adjoint au sport de la ville. Le dialogue social prendra un an, prévoit-il. Parallèlement, il entend développer les partenariats avec les clubs sportifs, notamment en subventionnant leur professionnalisation, en échange de quoi ceux-ci s'engagent à intervenir dans les écoles sur les temps périscolaires.
De même, à Cognac, alors qu'en 2008 la mairie mettait 23 emplois à disposition des clubs et associations sportives, elle n'en compte plus que trois aujourd'hui. Les subventions permettent toutefois de compenser. Mais "il faut que chaque club ou association comprenne qu'aujourd'hui, les collectivités ont atteint leur maximum en termes de soutien financier. Et qu'ils doivent donc aussi aller chercher des financements privés", prévient le maire, Michel Gourinchas.
Le maire, le président de club... et l'élu communautaire
Cette relation entre la ville et les clubs représente bien l'un des principaux leviers. Avec toutes les difficultés que l'on connaît. "On est par exemple obligés de rappeler aux présidents de clubs que l'équipement dans lequel ils évoluent ne leur appartient pas", a illustré Belkhir Belhaddad, adjoint au maire de Metz et co-président de la commission sport professionnel de l'Andes, l'Association nationale des élus en charge du sport.Plus globalement, Belkhir Belhaddad évoque les "plans d'économies", "réorganisations", et "révisions des politiques tarifaires" auxquels doivent aujourd'hui s'atteler les villes. "On se doit de faire un effort de mutualisation", reconnaît-il lui aussi.
Et parler de mutualisation, c'est évidemment parler de relations commune-EPCI. Là-dessus, le maire de Cognac, également président de la communauté de communes, a témoigné de la façon dont il tente de mener un "reéquilibrage" entre la ville-centre et l'intercommunalité, avec reprise d'un certain nombre d'équipements par la communauté. En distinguant "équipements de proximité" et "projets structurants". Mais "l'exercice a ses limites", concède-t-il, sachant que ce type de transferts n'est pas toujours facile à faire accepter par les élus communautaires (un point dont il fut également question en fin de congrès lors des échanges consacrés à l'actualité des finances locales - lire notre article daté du 28 juin).
Sport en accès libre
Les plans d'économies passent aussi forcément par l'optimisation des équipements - ou comment "faire en sorte que les équipements soient les plus utilisés possibles". Là-dessus toutefois, attention aux fausses bonnes idées ou aux concepts dépassés. Tel celui de la salle polyvalente censée servir à tout... mais impliquant du coup aussi, par exemple, de chauffer cinq mètres de hauteur sous plafond pour un simple match de ping-pong. Mieux vaut alors miser sur des équipements "semi-spécialisés". C'est ce que suggère Gérard Basté, consultant et maître de conférences .Des équipements désormais considérés comme peu rationnels et inadaptés... On risque d'en trouver de plus en plus, à en croire ce spécialiste des équipements sportifs. Entre autres parce que les collectivités n'ont pas encore toutes perçu à quel point les attentes et les pratiques ont évolué. Et Gérard Basté d'évoquer notamment le fait que "la pratique sportive autonome" est aujourd'hui plus importante que la pratique encadrée. Faire du sport "quand je peux" (c'est-à-dire pas forcément toujours au même moment), faire du sport "avec qui je veux" (y compris pour une activité auto-organisée via les réseaux sociaux), faire des choses diversifiées et nouvelles, courir sur des berges aménagées à cet effet plutôt que sur un stade... Face à ces demandes, les collectivités et les clubs doivent donc développer l'accès libre et les équipements évolutifs, savoir parler d'"urbanisme sportif"... s'ils ne veulent pas être mis sur la touche par l'offre privée qui, elle, "a déjà compris cela depuis longtemps".
Equipements démontables
Sur le terrain de l'investissement, Gérard Basté met par ailleurs l'accent sur l'intérêt des "équipements démontables, que l'on peut construire en quatre mois et qui coûtent trois fois moins chers" tout en étant aussi performants qu'un équipement classique. La patinoire de Reims en est un exemple.En termes de modalités de financement, c'est Céline Senmartin, directrice adjointe de la direction du réseau et des territoires de la Caisse des Dépôts, qui a apporté certaines clefs aux élus réunis à Beauvais. Prêts à taux zéro pour les équipements nécessitant une renovation thermique (salle polyvalente, piscine...), nouvelle enveloppe de prêts de la BEI à taux fixe pour des projets d'un coût inférieur à 25 millions d'euros, prêts sur livret A "pour des projets à amortir sur une période pouvant aller jusqu'à 40 ans", intervention de la Caisse en tant qu'investisseur aux côtés de partenaires privés... La "panoplie des outils" est large. Sans oublier la dimension "accompagnement" afin d'aider les élus, a souligné Céline Senmartin, à identifier les projets prioritaires et les restructurations nécessaires. Et à penser leurs projets d'équipements y compris dans leur "dimension urbanistique" et leur contribution à l'attractivité du territoire.
(Localtis)
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