A mi-chemin entre la lutte
des classes et une partie de poker menteur: de nombreuses questions
subsistent une semaine avant la réunion des présidents de clubs pros,
organisée par la Ligue de football professionnel (LFP), pour tenter de
réconcilier les positions avant une nouvelle assemblée générale élective, le 11 novembre.
. Quel sera l'enjeu de la réunion du 20 octobre ?
La Ligue de football professionnel (LFP) devait se choisir un nouveau président, et surtout un nouveau conseil d'administration,
soit le gouvernement du foot pro, le 5 octobre lors d'une AG élective.
Mais celle-ci a tout bonnement été annulée, faute de votants en nombre
suffisant.
En fait, 11 présidents de
Ligue 1 - qui "représentent 80% de l'économie du foot français",
martèle-t-on à Première Ligue (syndicat des puissants) dont ils sont
tous membres -, ont refusé d'émarger à la réunion. Ils se sentent floués
par l'autre syndicat des clubs professionnels, l'UCPF (celui des petits
et moyens) qui veut rediscuter la distribution des richesses liées aux
droits TV.
Le directeur général de la
Ligue, Didier Quillot, réunira les présidents de clubs de L1 et de L2 en
collèges, au siège de la LFP, le 20 octobre. Cette réunion de la
dernière chance sera un "point de passage", selon un connaisseur du
dossier, pour tenter d'accorder les positions. "Nous nous réunirons
autant de fois que nécessaire pour arriver à ce résultat", avait déclaré
Didier Quillot. Ce jusqu'au 11 novembre, date de la nouvelle AG.
. Les présidents sont-ils irréconciliables?
"Quand il y a une élection,
tout le monde veut en être", avait assuré Didier Quillot. C'est vrai
que les candidatures étaient très nombreuses: 14 pour 8 places de
représentants de la L1. "A l'heure d'aujourd'hui, c'est très compliqué",
observe Philippe Piat, le président du syndicat des joueurs
professionnels, l'UNFP, qui siège au CA de la LFP au titre de
représentant des "familles" du football.
Olivier Sadran, le
président de Toulouse, a certes retiré sa candidature. Mais il l'a fait
avec fracas, dénonçant dans le quotidien L'Equipe un "putsch véreux" de
la part des membres de Première Ligue (Laurent Nicollin, Loïc Féry, René
Ruello, Jean-François Fortin) qui, en acceptant de siéger à l'AG du 5
octobre, ont penché du côté de l'UCPF. Et ce même s'ils "ont versé leur
cotisation en septembre", assure-t-on côté Première Ligue.
[...]
. Motifs économiques ou personnels?
L'AG avortée a fait
rejaillir en pleine lumière les dissensions d'une Ligue 1 qui avait
semblé unifiée la saison dernière sous la bannière du syndicat Première
Ligue (seul Guingamp était resté fidèle à l'UCPF). Grosso modo, il y a
d'un côté les "gros" qui souhaitent qu'on leur donne les moyens de
défendre la compétitivité des clubs français au niveau européen.
Et les plus petits, qui
souhaitent une meilleure répartition de la manne financière des droits
TV. En s'alliant avec les clubs de L2, les clubs de la 2e partie de
tableau en L1 ont espéré peser pour changer la donne des droits TV.
S'il plaide pour un
apaisement, Noël Le Graët, le président de la Fédération française de
football, est partisan d'un rééquilibrage. "Il y a un accord possible",
assure aussi Philippe Piat, "avec d'un côté cette augmentation possible
des droits télés et une liste qui serait plutôt Première Ligue".
Reste la dimension
personnelle, les querelles d'ego, qui s'ajoutent aux problématiques
économiques. Le président lyonnais Jean-Michel Aulas, son activisme sur
les réseaux sociaux, son influence en coulisses, agacent certains de ses
homologues. Le président de Première Ligue, Bernard Caïazzo, est aussi
fragilisé par les divergences de vues de ses membres, qui ont éclaté au
grand jour.
[...]
(Les Echos)
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