La première journée de
Roland-Garros a donné lieu à une passe
d’armes entre le ministère des Sports et
la FFT. Au coeur du débat : l’avenir de la
diffusion télé des Internationaux de
France. Le contrat entre France Télévisions et la FFT échoit cette année.
Aujourd’hui, moyennant 15,5 millions
d’euros par an, le service public détient
les droits du tournoi, et en sous-licencie
une partie à Eurosport et Orange pour
2,5 millions d’euros. Or, en septembre,
la FFT lancera l’appel d’offres pour la période 2014-2017 dans un contexte
chamboulé. Engagé dans un plan d’économies drastique, France Télé est menacé par M6 mais aussi par beIN Sport,
dont la concurrence avec Canal + sur le
marché du payant a contribué à une inflation galopante des prix.
Or, la ministre des Sports, Valérie
Fourneyron, a mis la pression à la FFT,
dans une interview parue dans le Journal
du dimanche. "Roland-Garros doit res-
ter accessible à tous, y déclare-t-elle. Un
maximum de matches doit rester gratuit. L’intérêt de la Fédération n’est pas
d’avoir une vision court-termiste en acceptant beaucoup d’argent (…) car tous
les Français ne peuvent pas s’offrir une
chaîne payante." Et de militer à mi-mot
pour que le tournoi reste dans le giron de
France Télévisions, en agitant comme
chiffon rouge une éventuelle extension
du décret de 2004 relatif aux "événements d’importance majeure" devant
être diffusés sur une chaîne en clair :
"Pour Roland-Garros, seules les finales
sont aujourd’hui concernées. Pourquoi
ne pas intégrer la totalité du tournoi, s’il
le faut ?"
Un interventionnisme peu goûté par la
FFT, qui a répliqué par communiqué hier
matin : "La FFT et ses dirigeants responsables sont, comme ils l’ont toujours
montré, attachés à l’accès au plus grand
nombre aux images de Roland-Garros.
Ils se doivent aussi de veiller à la juste
valorisation des droits de l’événement."
Car la FFT, qui constate une inflation des
droits des autres Grands Chelems à
l’étranger (aux États-Unis, ESPN a acquis les
droits de l’US Open pour 2015-2025 à
hauteur de 58 millions d’euros par an,
soit quatre fois le montant que débourse
CBS actuellement), doit aussi prendre en
compte une équation économique compliquée, avec notamment le coûteux
dossier de l’extension de Roland (340
millions d’euros) qu’elle doit financer en
quasi-totalité. "On est une Fédération,
on n’enrichit pas un actionnaire, rappelle Gilbert Ysern, directeur général de la
FFT et directeur de Roland-Garros. Les
ressources dégagées par le tournoi, notamment à travers les droits télé (60 millions d’euros par an en comprenant les
droits versés par les chaînes étrangères),
servent le tennis français dans son entier. Mais il n’y a pas que l’argent qui
nous intéresse. Pourquoi s’inquiéter
aujourd’hui ? On a toujours été attachés
à une diffusion en clair. Il faut rassurer
les téléspectateurs. Ils vont conserver
Roland-Garros sur un diffuseur en clair.
Maintenant, à savoir si ce sera en totalité ou pas, c’est trop tôt pour le dire.
On étudiera la question quand on aura
les offres…"
(Source : L'Equipe)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire