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mardi 17 septembre 2013

Agents : le foot au dessus des lois ?

Une enquête de l’émission Cash investigation sur France 2 a mis en lumière l’opacité de certaines pratiques dans le foot français et la légèreté de la FFF par rapport à ses propres règlements sur les agents. Avec en filigrane cette question: le foot est-il au-dessus des lois ?

Le titre était un peu racoleur: «Foot business, enquête sur une omerta». Avec près de 1,5 million de téléspectateurs devant France 2, mercredi dernier, un record pour ce programme de deuxième partie de soirée, l’émission Cash investigation a pourtant secoué le petit monde du football français. À commencer par Noël Le Graët, que l’on avait rarement vu aussi mal à l’aise lors d’un entretien avec la journaliste Élise Lucet sur le thème des agents. Ses réponses courtes, parfois arrogantes, témoignaient de sa méconnaissance du dossier, lequel relève pourtant des services de la FFF. Tout en affirmant que le foot français était «sain et géré de façon exemplaire», Le Graët s’est perdu sur deux points de règlement qui concernent la déclaration des mandats liant un agent à un joueur (ou à un club) ainsi que la radiation des agents pénalement condamnés et qui ne devraient plus exercer. Tout en reconnaissant le caractère «obligatoire» du dépôt des mandats par les agents, le président de la FFF a d’abord déclaré que ce n’était pas non plus «un drame s’ils ne le font pas». Avant de couvrir quelques agents qui «normalement ne devraient plus avoir de licence mais qui se comportent très bien et qui sont des types bien», et d’affirmer que «les règles à la FFF sont respectées dans leur quasi-totalité».
Cette dernière phrase a provoqué une virulente réaction du SNAS (le Syndicat national des agents sportifs), qui, via un communiqué, a appelé à la démission de Le Graët. «Le président de la FFF avoue que ses règlements ne s’appliquent pas à ceux qui sont bien en cour et ce, même s’ils se moquent des lois, explique l’un des deux syndicats d’agents en France. Dans ce monde, seule existe la loi du plus fort. Le football ne saurait plus longtemps rester au-dessus de la République, et il est temps que le ministère cesse son incroyable mansuétude face à des instances dont le management a conduit aux désastres de la Coupe du monde 2010, de l’Euro 2012 et très probablement à celui de 2014.» Au-delà de ce communiqué, Bertrand Cauly, le président de ce syndicat, va plus loin. «Noël Le Graët a montré de manière éclatante que beaucoup d’agents, qui travaillent dans la légalité, peuvent désormais se sentir cocus ! La confiance est rompue. Il a ouvert la boîte de Pandore en montrant que le foot était au-dessus des lois et que tout était finalement permis.» L’enquête de France2 n’a d’ailleurs pas fait réagir que des agents. Elle a aussi interpellé plusieurs parlementaires qui ont l’intention d’en appeler à Valérie Fourneyron, ministre des Sports et autorité de tutelle de la FFF, pour que les règlements soient appliqués.
La Fédération, elle, n’a pas souhaité réagir, pour l’instant. Noël Le Graët aurait en effet reçu le soutien des «gros agents» réunis au sein de l’UASF (Union des agents sportifs de football), qui n’est pas solidaire de l’action menée par ses confrères. Si le SNAS réunit plus d’adhérents en nombre (une cinquantaine), l’UASF compte une trentaine de membres parmi ceux qui possèdent les plus gros portefeuilles de joueurs. «La demande de démission de M. Le Graët de la part du SNAS n’engage que ce syndicat, précise Stéphane Canard, le président de l’UASF qui est le seul syndicat à siéger à la commission des agents sportifs de la FFF. Je ne sais pas ce que ce syndicat recherche exactement, mais il prend rarement du recul. Je n’aime pas les sous-entendus selon lesquels on boirait la même soupe que la FFF. Je vous assure que la Fédération française est l’une des plus strictes avec ses règles.Mais il faut reconnaître qu’il y a eu une dérive énorme du nombre des agents en France. Quand on a créé notre syndicat, en 2003, avec Pape Diouf et Philippe Flavier, il y avait environ 70 agents. Aujourd’hui, il y en a officiellement 341 sans parler des étrangers qui bossent aussi chez nous. C’est beaucoup trop et cela peut expliquer certaines dérives.» Devant cet engouement pour le métier, la FFF semble débordée. La liste des contrats enregistrés auprès de ses services juridiques n’a pas été actualisée sur son site Internet depuis… le 3 mai 2013 ! On y trouve d’ailleurs des joueurs enregistrés auprès de plusieurs agents –ce qui est illégal–, comme Claudio Beauvue, transféré en juillet de Châteauroux à Guingamp, un club cher au président Le Graët. La FFF a donc du mal à faire la police. Mais en a-t-elle vraiment envie ? «Les propos de Noël Le Graët sèment un énorme doute sur le maintien de rentes relationnelles détenues par certains agents dans certains clubs, peste un agent reconnu. Il ne fait que suivre en cela ses prédécesseurs, mais cet aveu est terrible pour lui et l’image du football en général.

(Source : France football)

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