Evian en eaux troubles

FRANCK RIBOUD a beau être à l’origine du projet de l’Évian-TG, que son groupe sponsorise depuis 2005, le PDG de Danone aime à répéter qu’il n’est pas le patron du club haut-savoyard. Hier après-midi, Riboud est pourtant sorti de sa réserve pour commenter la crise qui agite la gouvernance de l’ETG depuis ce printemps.
À l’initiative du président, Patrick Trotignon, un groupe d’investisseurs régionaux souhaite en effet prendre 50% du capital du club, à l’insu des deux principaux actionnaires actuels (58% à eux deux), Esfandiar Bakhtiar et Richard Tumbach, irrités d’être informés de la manoeuvre après coup et soupçonnés d’avoir voulu faire sauter Trotignon.


Le positionnement de Riboud est clair. « Évidemment que j’aide Patrick Trotignon. Je suis allé le chercher (il l’a nommé président en 2008), c’est normal que le jour où il est attaqué je me mette dans son camp », explique le chef d’entreprise.
Mais ce n’est pas tout. Confirmant des informations parues dans ces colonnes, Riboud ne cache pas que la multinationale dont il est le PDG pourrait cesser son sponsoring de l’ETG (3 à 3,5 millions d’euros par an) si les deux actionnaires principaux se mettent en travers du projet d’augmentation de capital qui aura pour effet de diluer leur participation. « Ce club ne doit appartenir à personne, explique-t-il. Je suis dans une logique implacable. Après, s’il y en a qui disent : “On est deux, on est majoritaires, on fait ce qu’on veut, il faut virer Trotignon”, allez-y. Légalement, vous avez le droit, mais sans moi.» Et de préciser : « Ce n’est pas mon argent. J’ai vendu un projet et le groupe l’a accepté. Si le truc change et devient, pour faire court, un vrai club de foot avec tout le monde qui s’engueule, on s’en va. Il y a d’autres clubs dans la région. Ça pourrait être marrant : on trouve un autre club et on redémarre.»
Des menaces loin d’être à prendre à la légère puisqu’il les avait déjà formulées en coulisses à plusieurs reprises ces dernières semaines, auprès d’élus de la région. Cette prise de position désormais publique intervient alors que l’assemblée générale attendue mercredi prochain devrait être reportée, Trotignon n’ayant pas procédé aux convocations.À l’ordre du jour était pourtant inscrit le vote de principe pour une augmentation de capital.

(Source : L'Equipe)