ANTOINE BOUTONNET, responsable de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, prône un encadrement plus strict des déplacements de supporters.
COMMENT expliquez-vous les
incidents de Nice, dimanche ?
Les provocations entre ultras
sont régulières. Elles font même
partie de leur mode d’expression,
de leur culture. Après, qu’il y ait eu
ou non des jets de projectiles sur
des cars de supporters stéphanois
avant le match, cela n’explique en
rien leur comportement à l’intérieur du stade,
où ils sont d’ailleurs
entrés très calmement.
Le stade de Nice présente-t-il
des failles en matière de
sécurité ?
On s’aperçoit que les contacts
entre supporters des deux équipes y sont
faciles malgré les barrières en Plexiglas
censées les séparer.
Cette situation peut faciliter
des tensions même s’il faut tenir
compte des normes des instances
internationales, pas forcément favorables
aux grandes barrières.
On va analyser l’infrastructure de
ce stade pour en tirer des enseignements.
Un supporter aurait pu
tomber d’une certaine hauteur, ce
qui aurait évidemment été dangereux.
Il faudra réfléchir à la sécurité
du stade de Nice quand des
équipes comme Saint-Étienne
viennent y jouer. Peut-être faudra-t-il notamment augmenter le
ratio de stadiers en tribune visiteurs.
Le stadier est la première
force qui temporise les choses.
Depuis dimanche, la LFP
évoque la possibilité d’une
interdiction systématique des
déplacements de supporters.
Y êtes-vous favorable ?
Une interdiction de déplacements de supporters
est une mesure
administrative exceptionnelle.
On ne peut pas généraliser
une interdiction d’aller et venir.
Mais on peut s’interroger sur l’encadrement
de ces déplacements
par les clubs. Certains les encadrent
bien, d’autres un peu moins
bien… En général, les clubs ont
plutôt conscience de leurs devoirs
en la matière. Mais une poignée
d’entre eux peine à se montrer
ferme. Ils doivent s’impliquer
beaucoup plus.
Comment réduire le risque
d’affrontements dans les
stades ?
En réduisant, par exemple, la
capacité des tribunes visiteurs. En
installant des espaces tampons
entre supporters des deux camps.
En accroissant le nombre de stadiers,
comme en Angleterre où il y
a peu de barrières, mais un personnel
de sécurité étoffé et prêt à
intervenir.
Cette saison marque-t-elle un
regain de violence ?
Il y a une tension un peu plus
palpable que la saison dernière, et
ciblée sur quelques clubs. Mais les
incidents de Nice ne doivent pas
masquer les résultats observés
sur la sécurité dans et autour des
stades. À Nice, la réponse a été efficace en
intervenant rapidement
pour évacuer les fauteurs de troubles.
Le travail d’identification en
cours débouchera ensuite sur des
sanctions individuelles et collectives.
(L'Equipe)
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