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vendredi 6 décembre 2013

Derrière le foot et le rugby, le hand et le basket bataillent pour la 3e place des sports co en France

Les ligues de basket et de hand ont des perspectives communes en matière de salles mais leur marketing chasse sur les mêmes terres. Le hand a pris du poids, le basket a senti la menace...
LE PREMIER Hand Star Game va se disputer samedi à Paris-Bercy, devant les caméras de L’Équipe 21. L’événement s’inspire évidemment d’un classique du basket, le All-Star Game à la française,dont la 28e édition de ce Match des Étoiles aura lieu au même endroit le 29 décembre.
La presque concomitance des événements interpelle. Concurrents ? Faux frères ? Alliés objectifs ? Les Championnats de France d’élite du basket et du hand sont aujourd’hui un peu tout à la fois : concurrents dans la conquête du meilleur contrat télé possible et de sponsors d’envergure. Faux frères… avec un vrai air de famille face à une opinion publique qui aime l’état d’esprit de leurs équipes nationales. Alliés objectifs dans l’oeuvre de persuasion que ces deux sports collectifs doivent mener pour faire naître de nouvelles enceintes adaptées au professionnalisme moderne.
Lorsqu’Alain Béral, le «boss» de la LNB, dit qu’il serait «stupide de ne pas marcher ensemble» sur ce dernier dossier, et que l’on soumet son propos à Philippe Bernat-Salles, celui-ci, président de la Ligue de handball (LNH), se déclare «d’accord à 200%» et espère à la fois que le Mondial 2017 en France «sera un levier dans ce domaine». Alain Poncet, le président du Chambéry Savoie Handball, doté d’un bel outil avec Le Phare, concède volontiers : «Il faudra être capables de partager les équipements.»
Ce consensus initial n’annule pas pour autant l’intense lutte à distance que se livrent les deux sports, même si les discours demeurent feutrés. Le basket a bénéficié de son antériorité dans le professionnalisme (la LNB a été créée en 1987, la LNH en 2004) pour travailler sur ses structures, son contrôle de gestion, et si des luttes d’influence au sein de la Ligue ont longtemps freiné son développement, il passe aujourd’hui avec l’Allemagne, en pleine crise économique européenne, pour l’élève vertueux du Vieux Continent, affichant un bilan comptable net positif de ses seize clubs (+0,4 M€ en 2011-2012). Contrairement au hand, modestement déficitaire (–1,3 M€ au global des 14 clubs).
Mais le gros ballon orange a vu grandir son jeune rival, boosté par la dynamique de l’équipe de France et une meilleure répartition géographique de ses forces au sein d’une élite longtemps trop concentrée en région parisienne. Il est symbolique de voir Nantes, en progression constante depuis sa montée en 2008, s’apprêter à battre le 12 décembre au hall XXL de la Beaujoire le record d’affluence pour un match de D 1 (8.500 spectateurs à Montpellier) en recevant le PSG. «La ligue a beaucoup travaillé à structurer nos clubs, à les aider à renforcer leur back-office», plaide Étienne Capon, son directeur général.
L’étude annuellement commandée par la LNH met justement en avant l’écart resserré avec les autres compétitions domestiques et l’intérêt accru de partenaires attirés par les noms des «Experts» de retour au pays (Thierry Omeyer, Luc Abalo...). «On est à la lutte pour la troisième place», résume Alain Poncet pour situer le hand dans la hiérarchie des sports co derrière le football et le rugby. Le président chambérien estime même que son sport a supplanté son rival des paniers. Les chiffres clés montrent que le basket garde en fait une longueur d’avance. D’autant qu’il a bénéficié d’un joli coup de projecteur avec le titre européen des Bleus décroché en septembre dernier, quatre d’entre eux jouant cette saison en ProA (Diot, Ajinça, “Flo” Pietrus, Kahudi). Alors que le hand a récemment eu à affronter l’affaire des paris à Montpellier et la pige qatarienne très critiquée du Toulousain Jérôme Fernandez.
Les symptômes d’une crise de croissance? «Si l’on veut, mais Jérôme est un grand garçon, et je connais très bien le président Philippe Dallard, et il n’avait pas à demande rma permission pour accepter cette pige, justifie Bernat-Salles. Cela dit, il est vrai que nous devons encore travailler à améliorer nos règlements en fonction de l’évolution du sport pro.»
Bernat-Salles offre une réponse sage à la question de savoir ce qui manque le plus à sa Ligue aujourd’hui : «Du temps pour poursuivre le travail de structuration de nos clubs. Il n’y a pas si longtemps, notre image de sport scolaire nous collait encore à la peau et l’on me demandait si nous étions pros.» Pour le hand, la renégociation des droits télé de la D1 sera un rendez-vous-clé. Son contrat s’achève à l’issue de la saison 2014-2015, mais les dirigeants de la LNH vont les renégocier dès cette saison, échaudés par la stratégie de leur diffuseur principal, Canal +,qui leur a retiré une émission sur Canal+ Sport, chaîne où le basket a glissé un pied cette saison.
Avec une dotation de 1,2 M€, les handballeurs se savent aussi beaucoup moins bien lotis que les basketteurs, détenteurs d’un contrat plus rémunérateur (6 M€ annuels jusqu’en juin 2017). « J’ose imaginer une négociation qui reconnaîtra la valeur du Championnat de France », espère le président de la LNH. Côté basket, on a un peu retrouvé le sourire après avoir grimacé. Jean- Pierre Goisbault, le président des clubs pros (UCPB), affirme que la Pro A est la vitrine « d’une ligue saine et bien gérée... Un exemple : on a critiqué en France notre Semaine des As à Disneyland mais nos collègues européens, eux, ont tous été bluffés par ce partenariat avec Disney, confirmé pour les quatre ans à venir !»
Concernant le marketing, Alain Béral revient sur la concurrence avec le hand en rappelant : «Il y a des partenaires exclusifs et ceux qu’on appelle des “duplicants”, prêts à investir dans un deuxième sport. Là où nous ne serons pas forcément copains, c’est lorsqu’on chasse dans la même ville. La plupart du temps, si nous ne sommes pas devant le hand, nous serons troisièmes… car le foot, voire le rugby, sera de toute façon devant. Il faut donc être bons.»
La LNB veut relancer le dossier de l’attribution de wild-cards destinées à élargir la ProA et à favoriser l’émergence de clubs de grandes villes. Dans cette quête, le basket bénéficie d’un atout : Fédération et Ligue parlent aujourd’hui d’une seule voix et partagent les mêmes icônes, les Tony Parker («Nous discutons avec lui pour l’impliquer dans notre LNB-TV sur leWeb»), Nicolas Batum ou CélineDumerc. La LNB veut continuer à créer le buzz comme avec ces matches délocalisés dans des endroits plus ou moins inattendus : «On n’est pas le foot, rappelle Alain Béral,on doit maintenir le bénéfice d’une visibilité provoquée.»
Et s’il n’attend pas « un gros coup » dans les mois qui viennent, « aller dans les phases finales de l’Eurocoupe, réussir [les] play-offs et signer deux ou trois gros partenaires pour la Ligue», suffirait à son bonheur. Le hand, lui, s’apprête à savourer son premier Match des Étoiles et veut donner encore un peu de temps au temps. Mais il avance.

(L'Equipe)

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