Pour investir lourdement dans le sport, concevoir son développement
dans la société ou affiner sa stratégie pour obtenir un grand évènement,
il vaudra mieux être au Qatar en début de semaine.
L'Emirat
organise de lundi à mercredi les "Doha Goals", sorte de grand-messe du
sport mondial où vont se retrouver gouvernements, experts, anciens
athlètes de haut-niveau et autres groupes privés.
Une session
rassemblera même lundi des ministres des sports du monde entier. Une
vingtaine d'entre eux, selon les organisateurs, venus notamment du
Brésil, d'Italie et d'Afrique du Sud, et qui tenteront de mettre en
place un "G20" consacré aux politiques sportives.
"Paradoxalement,
les ministres des sports n'ont pas toujours le temps d'échanger car ils
se retrouvent lors des grandes manifestations sportives et après chacun
rentre chez soi", a expliqué à l'AFP Richard Attias, directeur exécutif
de Doha Goals et fondateur de ce rendez-vous placé sous le patronage de
l'Emir du Qatar.
"On a voulu leur offrir un lieu de réflexion et de dialogue" a-t-il ajouté.
Même
les absents feront parler d'eux: les Etats-Unis, première puissance
mondiale et grand acteur du sport planétaire, n'a pas de ministère des
Sports.
Mais l'arrivée des politiques au forum annuel, le 2e de son histoire, est plutôt neuve.
Le Qatar, qui collectionne l'organisation de grands événements
sportifs depuis quelques années et multiplie les investissements dans le
sport à l'étranger, sait combien les espèces sonnantes et trébuchantes
valent mieux que toutes les bonnes intentions.
Doha a invité un
parterre complet d'intérêts financiers, entre grandes banques et
fabricants de téléphones portables, en passant par les médias et les
agences de communication.
Parmi les thèmes abordés figure en effet
le rôle croissant du secteur privé dans le secteur sportif. Foin de la
grandeur de l'incertitude du sport. Ce dont il s'agit, c'est de générer
plus de revenus, voire de les dépenser intelligemment.
Corollaire
d'enjeux de plus en plus importants, comment gérer les paris et la
corruption dans un monde où les distances n'existent plus et où
n'importe qui peut, grosso modo, regarder n'importe quel match ?
La question est loin d'être anodine.
Les
matches truqués constituent l'une des pires menaces qui pèsent sur la
planète football aux yeux de ses dirigeants, conscients que du club à la
Fédération internationale (FIFA), aucun échelon n'est à l'abri des
tentatives de corruption.
En février dernier, Europol, l'Office
européen de police, avait ainsi fait état de centaines de rencontres
truquées depuis 2008 à travers le monde.
"C'est un moment important pour que les autorités publiques
s'engagent", estime Jean-François Vilotte, président de l'autorité
française de régulation de jeux en ligne (Arjel), qui interviendra lors
du forum.
"L'intérêt de le faire aux Doha Goals, c'est que les
panels ne sont pas strictement européens et c'est une occasion rare. Il y
a une qualité d'écoute et de participants du monde entier, pour un
dossier qui concerne beaucoup l'Asie".
Côté cour, Doha
accueillera aussi des figures du sport. Boris Becker retrouvera Ilie
Nastase et Icham El-Guerrouj, Katarina Witt et Nadia Comaneci et Ato
Boldon.
Bref, la fine fleur. Un panel qui, en lui même, consacre
la place croissante du Qatar dans le sport mondial, aujourd'hui et dans
l'avenir.
"On y va pour intégrer des cercles d'influence
parallèles, non classiques et non-institutionnels", explique un
responsable français attendu à Doha. "Ce n'est pas là où se jouent les
choses mais c'est bien d'occuper l'espace".
"D'habitude, il n'y a
pas de mélange entre les institutions, les entreprises et le monde
sportif. Là, ce mélange existe" a-t-il souligné.
Les Doha Goals,
qui chercheront aussi à pérenniser leur propre existence en devenant -
vraiment - incontournables, doivent proposer trois projets évoqués l'an
prochain et qui ont été retenus.
Parmi eux, la création d'un index de pénétration du sport dans la société.
(AFP)
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