Grogne sociale, sécurité, transports : à six mois du Mondial de
football, le Brésil n'a pas résolu tous les problèmes qui menacent de
ternir la fête du "futebol-samba" au pays du "roi Pelé".
Elu en
2007 pays organisateur dans l'euphorie des années Lula, le géant
émergent d'Amérique latine n'est en particulier pas à l'abri d'une
réplique du séisme de colère sociale qui l'a ébranlé à la surprise
générale en juin dernier, pendant la Coupe des Confédérations.
D'autant
que le plus grand événement sportif planétaire (12 juin-13 juillet) se
déroulera en pleine pré-campagne pour les élections générales d'octobre:
présidentielle, législatives, gouverneurs.
Le contexte
économique n'est lui non plus pas très favorable. Il rend d'autant plus
amère la pilule de la facture du Mondial (7.9 milliards d'euros), pour
des millions de Brésiliens confrontés à des transports, hôpitaux et
écoles plus proches du tiers-monde que du "standard Fifa" de stades
flamboyants.
Pour le moment, en revanche, l'engouement est au
rendez-vous. Lors de la première phase de vente en octobre, la
Fédération internationale de football a reçu plus de 6 millions de
demandes de billets par internet.
Et 70% d'entre-elles émanaient des Brésiliens eux-mêmes, qui
rêvent de voir la Seleçao de Neymar soulever la Coupe dans le temple du
Maracana à Rio de Janeiro, et accrocher une sixième étoile au maillot
auriverde.
On connaît maintenant les 32 nations qualifiées.
Vendredi, la planète foot se passionnera pour le tirage au sort des
groupes, organisé dans le complexe balnéaire de luxe de Costa do Sauipe,
près de Salvador de Bahia (nord-est).
Mais beaucoup d'inconnues
subsistent. On croyait que les 12 stades du Mondial seraient prêts, ou
presque, à la date butoir du 31 décembre fixée par la Fifa.
Mais
l'accident spectaculaire qui a coûté mardi la vie à deux ouvriers sur le
chantier du stade Itaquerao de Sao Paulo, où sont programmés six
rencontres dont le match d'ouverture, soulève bien des questions.
Le
stade ne sera probablement pas achevé avant janvier ou février, alors
que la Fifa tient absolument à y organiser trois événements test avant
le Mondial.
Peut-il être écarté ? "Non, il n'y a pas de plan B", a
assuré José Maria Marin, président de la Confédération brésilienne de
football (CBF) et du Comité d'organisation local (COL). Prudente, la
Fifa attend de son côté pour se prononcer.
L'hébergement pose aussi question.Où dormiront les supporteurs des matches programmés à Cuiaba (centre-ouest) ? Le stade affiche 43.000 places, la ville 13.000 chambres d'hôtel.
Et si les douze villes hôtes veulent se servir du Mondial comme vitrine pour le tourisme
futur, l'explosion des tarifs hôteliers (400%) et des vols intérieurs
pourrait bien tuer la poule aux oeufs d'or.
Autre défi majeur:
assurer les déplacements par avion -- seule véritable option dans ce
pays 17 fois grand comme l'Espagne-- de plus de 3 millions de Brésiliens
et 600.000 fans étrangers qui vont envahir des aéroports souvent
vétustes et saturés, et dont la modernisation a pris beaucoup de retard.
"Comment faire voler 40.000 Américains entre Manaus et
Fortaleza?", s'interroge Chris Gaffney, un urbaniste américain qui
étudie l'impact du Mondial sur les villes hôtes. "Il faudrait 200 avions, mais aucune compagnie brésilienne ne dispose d'autant d'appareils".
Le
gouvernement négocie avec des entreprises nationales l'augmentation des
rotations et la création de nouvelles liaisons pendant la Coupe, et
promet que l'offre suivra la demande.
Il se dit aussi attentif à
l'envolée des prix mais n'a pas de réel pouvoir pour l'infléchir. Des
supporteurs allemands et anglais se sont déjà dit scandalisés par les
packages avion-hôtel-match à plus de 10.000 dollars qui leurs sont
proposés.
Reste le front sécuritaire. Outre la résurgence possible
de manifestations violentes, sur laquelle personne n'ose aventurer un
pronostic, la situation s'est récemment dégradée dans certaines favelas
"pacifiées" de Rio dont les trafiquants voudraient reprendre le
contrôle.
Les homicides ont baissé mais les vols souvent accompagnés d'agressions repartent en flèche, jusque sur les plages de la "ville Merveilleuse".
(AFP)
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