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mardi 10 décembre 2013

Projet de fusion Bayonne-Biarritz : quelles conséquences ?

La création d'une entité rugbystique basque associant les deux ennemis historiques Bayonne et Biarritz, qui suscite tant de passion chez leurs supporteurs, implique aussi forcément compromis locaux et conséquences ailleurs.

Ce rapprochement, qui serait une première entre deux clubs du Top 14, ne fera pas que des heureux.
Il y aura forcément des déçus, ou des "cocus", chacun se définissant comme il le peut depuis le 6 décembre et l'annonce encore "impensable" il y a peu, devenue réalité pour raisons économiques mais avant tout sportives, quoi qu'en disent les intéressés.
Sauve-qui-peut le soldat BO, bon dernier et mal embarqué en Top 14, confronté à l'ultimatum lancé par son principal argentier, Serge Kampf, patron de Cap Gemini, prêt à lâcher le club de Serge Blanco sans union à court terme.
L'Aviron lui, aux mains du lunetier Alain Afflelou, qui injecte 4 millions d'euros chaque saison, a aussi compris que pour viser le Top 6, la présence à ses basques d'un rival au budget quasi similaire (18,2 millions d'euros contre 16,9 pour Biarritz) était un frein insurmontable dans un bassin économique restreint.
Une union, comme celles réussies (Stade Français-CASG, US Métro-Racing, Bordeaux-Bègles) ou celle néfaste de Tarbes-Lannemezan, doit être bien réfléchie et non précipitée comme l'ont dénoncé encore ce week-end les candidats aux élections municipales de mars 2014 dans les deux villes.
Quels nom, stade, couleurs, budget, dirigeants: tout doit être bien pesé pour que la vox populi, souvent réfractaire initialement, trouve sa voie dans ce fragile et délicat consensus.
Pour éviter la jalousie, le stade Anoeta de Saint-Sébastien, fief de 32.000 places des footballeurs de la Real Sociedad, serait l'antre idéal pour accueillir les grandes affiches d'une ERP (Euskadi Rugby Pro), les autres matches pouvant se partager entre Aguilera à Biarritz (13.500 places) et Jean-Dauger à Bayonne (17.000 places).
Côté couleurs, pourquoi ne pas s'approprier celles de la sélection du comité Côte basque-Landes (vert, rouge et blanc), qui ralliaient les encouragements des supporteurs des deux clubs lors des Tournées au Pays basque des équipes de l'hémisphère sud dans les années 70 à 90 ?
Niveau finances, Afflelou répète indéfiniment que l'addition "des budgets actuels des deux ne fera jamais 35 millions d'euros, mais si on peut faire 25, ce serait fabuleux, on aurait une autre dimension". Avec ce montant, la future franchise basque aurait eu le 3e budget du Top 14 cette saison, à égalité avec celui du Stade Français.
Au niveau des structures mêmes, il y aura beaucoup de points urticants à éclaircir comme l'effectif, avec trente joueurs en fin de contrat à la fin de la saison (17 à Biarritz, 13 à Bayonne), l'encadrement sportif (Christian Lanta et Christophe Deylaud toujours sous contrat à l'Aviron) et administratif (siège).
Avec Serge Blanco, qui vise notoirement la présidence de la Fédération française, et Alain Afflelou, qui se dit prêt à quitter le navire si la fusion n'aboutissait pas, l'option du 3e homme apparaît et tous les regards se tournent vers ... le Qatar.
Propriétaire de la chaîne de télévision BeIN Sport, qui est en course pour l'obtention des droits TV pour les quatre prochaines années, on prête à l'émirat du Qatar l'envie de refaire le coup du PSG, sauce rugby basque.
Au plan national, ce rapprochement, s'il est acté fin mars comme les principaux acteurs le désirent ardemment, pourrait bouleverser le rugby professionnel français dans son ensemble, avec casse-tête prévisible pour les montées-descentes jusqu'en Fédérale 1.
Surtout, il y a un risque de voir le Top 14 faussé quoi qu'il arrive en mars, avec un regard presque inquisiteur sur le prochain déplacement de Bayonne, aujourd'hui mieux classé, à Biarritz, le 1er mars prochain justement.
"Les questions d'éthique que cela pose, Brive et Oyonnax (ndlr: à la lutte pour le maintien avec Bayonne et Biarritz) ont déjà dû se les poser", expliquait vendredi dans Sud Ouest le 3e ligne bayonnais Guillaume Bernad, en fin de contrat.

(AFP)

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