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dimanche 16 février 2014
Que faire pour que les abonnés... assistent aux rencontres ?
C’EST UN PEU la blague, chaque week-end, en Ligue 1. En tribune de presse, quand un dirigeant du club fait passer un petit papier sur lequel est indiqué le nombre de spectateurs présents, il provoque toujours la même hilarité. Alors que la plupart du temps, le stade sonne creux, le chiffre laisse entendre que des milliers de personnes se sont pressées dans les travées. La raison en est assez simple : la LFP communique sur le cumul du nombre de billets vendus à l’unité et du nombre d’abonnements. Or, tous les abonnés n’assistent pas à l’ensemble des rencontres.
Mais c’est un problème qui ne concerne pas que nos clubs français. Le Bayern Munich, la semaine dernière, a expliqué qu’il confisquerait les cartes d’abonnés aux supporters du kop sud (140€ par saison) qui ne se rendent pas régulièrement au stade. Économiquement, le club allemand pourrait s’en moquer puisque tous les abonnements (39.500) ont été vendus, mais la direction regrette qu’il «reste des places vides, ce que nous ne pouvons pas accepter ». Du coup, les fans qui n’assisteront pas, au minimum, à huit des dix-sept matches de l’Allianz Arena «se verront refuser une nouvelle carte d’abonné en vue de la saison prochaine. » Car le Bayern avance que 10.000 personnes sont sur liste d’attente pour un kop sud qui peut accueillir 5.200 personnes. Le FC Barcelone a opté pour une technique moins coercitive. Depuis la saison 2001-2002, les dirigeants catalans ont mis en place un système qui permet à ses socios abonnés (environ 85.000) de libérer leur place quand ils ne veulent ou ne peuvent pas venir au Camp Nou. Une opération qui concerne tout de même 25.000 supporters à chaque rencontre.
Ce système du «siège libre» («seient lliure » en catalan), le FC Nantes y a pensé « il y a une dizaine d’années. Mais à l’époque, nous avions 22.500 abonnés, se rappelle Luc Delatour, directeur des opérations du club. Aujourd’hui, nous en comptons 8.500 dont 1.500 VIP, c’est-à-dire que nous en avons en réalité 6.000. Nos matches attirent cette saison en moyenne 27.000 spectateurs pour un stade de 37.000 places. La bourse d’échange n’a donc aucun intérêt puis qu’il n’y a pas de rareté. Sur des rencontres face à Évian ou Valenciennes, ce serait un fiasco, car contrairement au Bayern, je n’ai pas une liste d’attente (rires) !»
Le profil de l’abonné volage est, en revanche, assez similaire des deux côtés du Rhin: il achète l’abonnement le moins cher et n’assiste qu’aux quatre ou cinq matches de gala de la saison. Markus Hörwick, le directeur de la communication du Bayern, l’a confirmé : « Étant donné que la place au match est seulement de 7 euros, certains estiment que cela ne vaut pas le coup d’assister à une affiche moins attractive. » L’ACAjaccio qui a, jusqu’à aujourd’hui, la plus faible affluence moyenne de la saison (6.436 spectateurs, TVA incluse) le constate tous les quinze jours : «Contre Rennes, on a dû faire 3.000 abonnés sur les 5.000. Le plus petit abonnement ne coûte que 100 euros chez nous.Il se rentabilise rapidement sur des matches de gala à 30 euros la place, fait remarquer Richard Bernaud, responsable de la billetterie. Et je comprends les abonnés : ils sont sûrs d’avoir leur place contre Paris et Monaco et de ne pas faire la queue.» Hors de question, donc, de sanctionner les «déserteurs».
Reste la solution de la récompense qui séduit le dirigeant corse : «On pourrait offrir des maillots ou des réductions sur les abonnements futurs aux plus fidèles de nos supporters. » À Nantes, on garde le souci dans un coin de la tête, «mais on cherche d’abord à séduire de nouveaux abonnés pour la saison prochaine et on espère convaincre 10.000 à 12.000 personnes. » Cela passera par un maintien en L 1, ce qui reste encore le meilleur moyen de fidéliser le public selon Bernaud : « Les clubs comme le Bayern peuvent se permettre de sanctionner, car ils ont des résultats. Nous, on est derniers de chez dernier : le gars si on lui dit qu’il ne sera pas prioritaire pour un abonnement en L 2, il va s’en moquer. » Mais les résultats ne suffisent pas toujours. Le Bayern, invaincu depuis quarante-cinq matches en Bundesliga, a aujourd’hui des supporters devenus un peu difficiles...
(L'Equipe)
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