Un projet de grand club de basket à l’horizon 2016 est à l’étude à Marseille, dans une métropole
privée de haut niveau depuis plus d’un demi-siècle.
LE DJ RYTHME les envolées de
Mohamed Hachad et de ses
«BYers » (les Black and ellow)
qui découpent l’Hermine de Nantes
(96-65) dans un match de
milieu de tableau de Pro B. Au
coeur de la deuxième mi-temps,
un groupe de supporters reprend
avec vigueur les slogans de l’OM
(«Nous sommes les Marseillais
et nous allons gagner… Allez
Marseilleu… »). Le speaker
s’époumone et rappelle que l’arrière Fabien Ateba
est «le cousin
de Nicolas Batum. »
Posté à l’ombre du Stade-Vélodrome,
à quelques hectomètres
de la Canebière, le palais des
sports de Marseille accueille sporadiquement
les Jaune et Noir de
Fos-sur-Mer, une ville portuaire
située à cinquante kilomètres à
l’ouest.
Dimanche après-midi, la douceur et
le ciel printaniers avaient retenu
quelques centaines de spectateurs mais,
depuis l’an dernier,
entre deux et trois mille Marseillais
goûtent au basket, même
de deuxième choix.
Le test a pour objectif de mesurer
la capacité de la deuxième
agglomération française à soutenir
du sport professionnel ailleurs
qu’au Vélodrome. Et à mettre sur
orbite une équipe de Pro A.
Une gageure à Marseille où,
hormis l’expérience éphémère de
l’OM-Vitrolles handball, entre1991
et 1996 (double champion de
France et vainqueur de la Coupe
des Coupes), aucun autre club n’a
fait sa place depuis cinquante
ans.
«Le foot est le foot et le restera,
mais il manque un sport de salle
collectif et le basket a toute sa
place », assure Jean-Pierre
Bruyère, le président de la Ligue
de Provence, qui bat cette saison
son record historique de licenciés.
« Il y a eu un effet équipe de
France championne d’Europe et
Braqueuses. Et on pourrait accueillir
le double de licenciés
mais on n’a pas la logistique
pour », regrette-t-il.
Il y a dix ans, l’OM avait vaguement
envisagé de développer
une section basket, en absorbant
Montpellier, alors, en déconfiture.
Sans suite.
Cette fois, le projet mis
en place via Fos-sur-Mer esquive
la mère nourricière de l’identité
sportive marseillaise. Et veut
concerner toute une agglomération,
appelée début 2016 à se fondre dans une
nouvelle entité métropolitaine,
Aix-Marseille-Provence, le Grand Paris de
Marseille.
«À Fos, depuis trois ans en Pro
B, on est au taquet. On a bien fait
notre travail et on ne pourra pas
faire davantage ; alors, on a décidé
d’investir Marseille pour
avoir de l’air. Le rugby et le hand
ont essayé et se sont cassé les
dents. Le basket prend, on a fait
des matches avec trois mille personnes.
Provence Basket permet
de pousser nos murs », glisse le
président de Fos, Jean-Pierre Barnes,
aiguillé par l’ancien directeur
de l’ASVEL, Antony Thiodet, initiateur et moteur du projet.
Provence Basket est le nom du
futur club qui doit prendre la suite
et évangéliser Marseille. Sa mise
en route séduit tous les acteurs du
basket marseillais. «Depuis deux
ans, l’idée de fusion a bien progressé.
On se rend régulièrement
sur le terrain brancher les jeunes
qui sont très foot pour les convaincre de venir au basket,
car il y
a une population pour ce sport »,
explique le meneur de jeu
des BYers, Édouard Choquet.
«Le basket véhicule une autre
éthique que le foot », ajoute Jean-
Pierre Moro, le président du SMUC,
le grand club universitaire auquel
le projet Provence Basket est
adossé, afin d’offrir un volet formation
et social au futur club
dans une villequi cristallise les
débats politiques nationaux.
Une Arena de dix milleplaces
figure en bonne place dans les
programmes électoraux. Et une
invitation en Pro A dès la saison
prochaine est
également à l’ordre du jour. «Ce
n’est pas une condition sine qua
non pour la réussite du projet.
Mais la wild-card peut booster les
choses, même si on serait attendus au tournant
», admet Antony
Thiodet. Mais, à Marseille, c’est
presque une habitude.
(L'Equipe)
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