Joseph Blatter, 78 ans et président en exercice de la Fifa depuis
1998, continue sa route vers un cinquième mandat, après avoir annoncé
lundi qu'il officialiserait bientôt une candidature qui ne faisait plus
mystère.
L'annonce est intervenue dans un message
vidéo diffusé à Manchester (Grande-Bretagne) dans le cadre de Soccerex,
grande convention autour du foot. "J'en informerai le comité exécutif.
C'est une question de respect de dire à la famille du football: +Oui, je
serai prêt, je serai candidat+", a ainsi confirmé le patron du foot
mondial. Le comité exécutif est le gouvernement mondial du foot et sa
prochaine réunion est prévue les 25 et 26 septembre au siège de
l'instance à Zurich.
Le candidat Blatter ne se cachait plus depuis
le Congrès de Sao Paulo (Brésil) le 11 juin, quand il avait déclaré:
"Je me sens bien, mon mandat va se terminer en mai 2015, mais ma mission
n'est pas finie, je vous le dis, ensemble, nous construirons une
nouvelle Fifa, nous avons le budget pour 2014-18, vous déciderez pour
qui voter en 2015, mais je suis prêt pour vous accompagner dans le
futur". Le Suisse n'avait pas prononcé la formule "je suis candidat"
uniquement pour respecter un calendrier électoral. L'élection aura lieu
le 29 mai 2015 à Zurich.
Dans la vidéo de
Manchester, Blatter dit donc une nouvelle fois: "Une mission n'est
jamais finie et la mienne ne l'est pas encore". Il ajoute aussi: "Lors
du dernier Congrès à Sao Paulo, je n'ai pas eu simplement l'impression
d'un soutien, mais le soutien effectif de l'immense majorité des fédérations nationales qui m'ont demandé +s'il vous plaît, continuez d'être notre président dans le futur+".
En effet, dans le cadre du Congrès à Sao Paulo, Blatter avait fait le tour des six Confédérations qui composent la Fifa (Asie; Afrique; Amériques du Nord, centrale et
Caraïbes; Amérique du Sud; Océanie et Europe). Le Suisse avait en
majorité reçu des signaux positifs, et même des standing ovations face
aux Africains et Asiatiques. En revanche, il avait été vertement tancé
par les Européens. Michael van Praag, président de la fédération néerlandaise, avait pris le micro pour dire droit dans les yeux à
Blatter: "La Fifa est aujourd'hui indissociable de la corruption (dans
son image), la Fifa a un président, vous êtes responsable".
Comme il l'avait dit lui-même, le
seul "en mesure de battre Blatter", c'était Michel Platini, président
de l'UEFA. Seul l'ancien triple Ballon d'Or français de 59 ans aurait
été capable d'élargir le champ des opposants à Blatter au delà des 54 fédérations européennes (sur les 209 qui composent la Fifa). Mais le 28 août, à
Monaco, Platini a indiqué qu'il ne briguerait pas la présidence de la
Fifa. "Ce n'est pas le moment, ce n'est pas mon heure, pas encore", a
dit l'ancienne star de la Juve devant la presse internationale.
Il
y a pour l'heure un seul autre candidat déclaré: Jérôme Champagne, 56
ans, ex-vice secrétaire général de la Fifa qui n'a, sur le papier,
aucune chance d'être élu. Cet ancien diplomate français avait même
expliqué qu'il n'était pas sûr de maintenir sa candidature si Blatter se
présentait officiellement.
Si Blatter se dirige vers
un 5e mandat dans un fauteuil, l'exercice du pouvoir ne sera pas de tout
repos. Les dossiers des Mondiaux 2018 en Russie et 2022 au Qatar sont
toujours là, en générateurs de débats, suspicions et polémiques.
L'Américain
Michael J. Garcia, enquêteur en charge de faire la lumière sur les
conditions d'attribution de ces Mondiaux, a d'ailleurs remis son rapport
à la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa vendredi
dernier.
La chambre de jugement va désormais se pencher sur ce
rapport à partir duquel elle pourra ouvrir une procédure disciplinaire,
prendre des sanctions immédiates ou prononcer un non-lieu. Aucune
indication n'est donnée quant à la date de cette décision, mais la Fifa
assure qu'elle sera "publiée".
Par ailleurs, l'Europe, politique
cette fois, songe à boycotter la Coupe du monde en Russie en 2018 en cas
d'aggravation du conflit en Ukraine.
(AFP)
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