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jeudi 4 septembre 2014

JEM-2014 - Chevaux de sport: l'Europe, c'est aujourd'hui

Bernard Le Courtois, ex-président de l'Association nationale du selle français (ANSF), estime, en marge des Jeux équestres mondiaux à Caen, que les races des chevaux de sport, dédiées principalement au saut d'obstacles, vont "s'européaniser", chacune préservant toutefois ses caractéristiques de terroir.

"On travaille désormais pratiquement sur les mêmes lignées mâles", précise à l'AFP l'éleveur et étalonnier établi au Haras de Brullemail -d'où l'affixe Mail de ses produits-, dans l'Orne.
Et de souligner: "Le holstein (un des nombreux stud-books allemands) a amélioré sa race avec des étalons selle français (SF) depuis les années 60. Désormais, ce sont des cousins. Ce qui fait la différence, c'est l'environnement, le terroir sur lequel on élève, la manière. En France, on a de l'espace. Les Néerlandais, les Belges ont très peu de terrain. Leurs chevaux sont élevés en stabulation".
Quand M. Le Courtois a débuté son activité, il y a 30 ans, les Français refusaient encore d'ouvrir leur stud-book. Un combat d'arrière-garde. Pendant ce temps, les chefs de race SF -Cor de la Bryère, Almé, Quidam de Revel, Quick Star- amendaient les élevages allemands et belges, déjà affirmés, et aidaient le néerlandais KWPN à se hisser au sommet.
Dans les années 60, il était encore possible pour le néophypte de deviner les nationalités du cheval et de son cavalier à la morphologie et au style de monte. "les chevaux allemands étaient massifs. Désormais, ll y a globalisation du modèle. Ce sont des beaux chevaux modernes, plaisants, dans le sang. Et les cavaliers se sont affinés, avec une équitation assez similaire", remarque M. Le Courtois.
"Les grands éleveurs normands (de chevaux de sport) des années 60-80 étaient pour la plupart des autodidactes. Sur le plan économique, tout était plus facile aussi", constate l'ex-président de l'ANSF. De fait, si l'élevage hexagonal continue de produire des cracks, "la France n'a pas de culture commerciale en la matière, et c'est notre grand drame", constate le naisseur.
Les marchands belges, néerlandais et allemands régentent ce commerce juteux, réalisant de belles plus-values avec l'intérêt croissant des monarchies du Golfe pour le CSO.
M. Le Courtois est confronté régulièrement à la catégorie des nouveaux éleveurs, propriétaires pour la plupart d'une seule poulinière et "sensibles aux effets de mode, au marketing et à la publicité". "Ils voient un cheval qui gagne et ils se disent: +Je veux ce cheval-là pour ma jument+. La bonne question est: +Cet étalon convient-il à ma jument?+. Et puis tout le monde rêve d'avoir un cheval olympique mais tous n'ont pas le cheptel pour ça."
Des étalons en vogue couvrent annuellement 600 juments par an (semence congelée ou semi-fraîche), au détriment de "la diversité génétique, car on a énormément d'étalons qui ne sont pas testés", regrette l'éleveur ornais.
Stationné près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), pour drainer la clientèle du Bénélux, Kannan (KWPN) est le père d'un millier de poulains chaque année, dont la moitié en France. "Almé, dont j'ai été le dernier propriétaire et qui est mort à 25 ans, n'a fait dans toute sa carrière que 280 poulains en France", rappelle M. Le Courtois.
"On va vers des chevaux à la mode, plus +flashy+, parce qu'on peut essayer de vendre le poulain très rapidement et faire un coup (financier). Alors que notre lignée Almé-Baloubet-Quick Star est formidable".
Initiative pour valoriser l'excellence française en matière de chevaux de sport -selle français et anglo-arabe -, Saint-Lô (Manche) accueille ce vendredi le Normandy Horse Show, avec plusieurs ventes organisées au long de la journée.
Et puis le partenariat signé mardi entre la fédération française d'équitation (FFE) et son homologue chinoise ouvre d'intéressantes perspectives aux éleveurs hexagonaux.

(AFP)

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