Les Européens envisagent de boycotter la Coupe du monde de football
en Russie en 2018 en cas de nouvelle aggravation du conflit en Ukraine,
mais vont sans tarder renforcer leurs sanctions économiques contre
Moscou.
L'idée d'un boycott sportif figure dans un "document de
travail discuté avec les Etats membres", a indiqué mercredi une source
européenne. "Mais comme une possibilité plus tard, pas maintenant",
a-t-elle ajouté.
Selon le Financial Times, le document parle d'une
"action coordonnée au sein du G7 et au-delà pour recommander la
suspension de la participation de la Russie à de grands événements
culturels, économiques ou sportifs (courses de Formule 1, compétitions
de football de l'UEFA, Coupe du monde 2018, etc.)".
La Russie doit
organiser à l'été 2018 la Coupe du monde de football, quatre ans après
avoir accueilli les jeux Olympiques d'hiver 2014 à Sotchi en février.
Des
appels au boycott ont été lancés cet été par plusieurs hommes
politiques allemands. Fin juillet, le vice-Premier ministre britannique
Nick Clegg a ajouté sa voix, estimant que ce "jeu magnifique" ne pouvait
pas être "entaché par l'horrible agression de la Russie" contre
l'Ukraine.
Un porte-parole de la Fifa, sollicité par l'AFP, a
renvoyé à un communiqué publié le 25 juillet sur le site de l'instance
internationale. "L'histoire a montré que le boycott des événements
sportifs n'était pas la solution la plus efficace pour régler les
problèmes", estime la Fifa.
La Fédération allemande de football
(DFB) s'est aussi opposée à un tel boycott, jugeant contre-productif
celui des jeux Olympiques de Moscou en 1980 après l'invasion par l'armée
soviétique de l'Afghanistan. "Le boycott de 1980 n'a rien apporté. Ça
n'avait été préjudiciable qu'aux sportifs", a expliqué mardi le
président de la DFB, Wolfgang Niersbach.
La Russie a déjà été
suspendue du club des pays développés du G8, dont un sommet qui devait
se réunir en juin à Sotchi s'est déroulé à sept à Bruxelles.
Dès le mois de mars, après le déclenchement des hostilités et
l'annexion de la Crimée, Daniel Cohn-Bendit, alors eurodéputé
écologiste, avait appelé au boycott du Mondial-2018.
Après les
informations sur une intervention directe de troupes russes dans l'est
de l'Ukraine aux côtés des séparatistes pro-russes, les Européens ont
décidé samedi d'accroître leurs sanctions contre Moscou, économiques
mais aussi ciblées contre des personnes ou des entités russes impliquées
dans le conflit.
A la demande des 28 chefs d'Etat ou de
gouvernement, la Commission européenne a donc préparé d'urgence, et
adopté mercredi, des "propositions pour que l'UE prenne des mesures
supplémentaires significatives".
Elles "complètent" celles qui
avaient été adoptées fin juillet et concernent comme prévu "les marchés
de capitaux, la défense, les biens à double usage" civil et militaire,
et "les technologies sensibles", s'est contenté d'indiquer la Commission
dans un communiqué.
Les principales pistes consisteraient à
restreindre encore l'accès de la Russie aux marchés financiers
européens, et à durcir les conditions de vente des équipements pouvant
avoir une utilisation militaire et les technologies pour l'exploitation
pétrolière.
Ces propositions sont maintenant examinées par les
Etats membres, dont les ambassadeurs se sont réunis dès mercredi
après-midi à Bruxelles. Ils ont procédé à un premier tour de table et
"chacun a pu exposer ses lignes rouges", a indiqué une source
diplomatique européenne. En fonction du secteur visé, les sanctions
affectent en effet différemment chacun des pays européens.
Les
ambassadeurs doivent se réunir de nouveau en milieu de journée, "et
probablement encore vendredi". Pour permettre une adoption rapide, les
dirigeants européens des pays membres de l'Otan, soit la plupart,
pourraient profiter de leur présence au sommet de Cardiff pour "endosser
politiquement" le paquet décidé par leurs ambassadeurs à Bruxelles, a
souligné le source.
La ministre italienne des Affaires étrangères,
Federica Mogherini, avait déclaré mardi que l'UE devait prendre sa
décision d'ici à vendredi.
(AFP)
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