Démissionnaire de la direction de Ferrari, Luca Cordero di
Montezemolo a porté toutes les casquettes au long de sa vie, de
dirigeant de football à membre de nombreux conseils d'administration, au point d'être surnommé le "Multiprésident".
Aristocrate
- il est marquis -, cet entrepreneur est l'archétype de ces grands
patrons "à l'italienne", comme le fut son mentor Gianni Agnelli,
"l'avvocato" longtemps illustre patron de Fiat, dont la famille est
toujours le premier actionnaire.
Du chausseur Tod's au banquier
Unicredit, du géant Fiat à l'organisation du Mondiale-1990, Montezemolo,
homme de confiance de la famille Agnelli, a joué un rôle dans presque
toutes les entreprises importantes en Italie.
A l'étranger, ce
sexagénaire (il est né en 1947), toujours élégant, a également cumulé
les jetons de présence chez PPR (Pinault-Printemps-La Redoute)
notamment.
Mais ce sont ses 23 ans à la tête de la mythique
"Scuderia", considérée en Italie comme une part du patrimoine national
au même titre que le Colisée ou le David de Michel-Ange, qui le
marqueront le plus.
Las, l'échec sportif en Formule 1, où la
"Rossa" n'a plus remporté de titre depuis six ans et a bien mal commencé
la nouvelle saison, aura été fatal à l'omniprésent Montezemolo.
"Ferrari
est la plus belle entreprise du monde et pour moi, la diriger a été un
grand privilège et un honneur", confie-t-il dans un communiqué d'adieu,
dans lequel il remercie les tifosi de la marque au "Cavallino" pour leur
"enthousiasme, surtout dans les moments les plus difficiles".
Son
ultime tentative de rester à la barre, ce week-end, durant lequel la
Ferrari courait justement à domicile le Grand Prix de Monza, à quelques
kilomètres de ses usines, a été vain.
Montezemolo a embrassé pilotes et mécaniciens et lancé des
déclarations d'amour à la marque au cheval cabré, voulant rester encore
trois ans. Mais il a été sèchement repris par Sergio Marchionne, le
grand patron du groupe Fiat-Chrysler, qui rappelait l'importance des
résultats sportifs chez Ferrari.
"Personne n'est indispensable", a lancé Sergio Marchionne, qui le remplacera chez Ferrari à partir du 13 octobre.
Après
avoir décroché une licence en droit et obtenu un master aux Etats-Unis,
Luca Cordero di Montezemolo commence sa carrière à la Scuderia en 1973,
comme assistant d'Enzo Ferrari. La "Rossa" retrouve alors les sommets,
décrochant le titre mondial 1975 avec Niki Lauda.
Puis, il
travaille dans de nombreuses entreprises toujours liées au groupe Fiat
et à la famille Agnelli, comme dirigeant dans l'édition, chez Itedi, qui
publie le quotidien La Stampa.
Il passe ensuite du volant au
ballon rond, en acceptant de devenir responsable de l'organisation de la
Coupe du monde de football en Italie en 1990, ce qui lui vaut quelques
critiques. Nommé vice-président de la Juventus Turin, le club de Fiat,
il voit la Vieille Dame décliner sportivement sous sa houlette.
De
retour à la Scuderia, où il remplace le patriarche Enzo Ferrari,
décédé, il engage un tournant majeur en débauchant le Français Jean Todt
de chez Peugeot, en 1993.
La réussite suit: cinq titres pilotes
et cinq titres constructeurs. Les années suivantes sont le triomphe de
la marque au rouge emblématique, qui, en misant sur une production
limitée, fait croître sa valeur financière et en Bourse.
En 1997, Ferrari rachète Maserati et Montezemolo en prend la tête.
Au
début des années 2000, il devient un personnage majeur en Italie, à tel
point qu'il se voit approcher par Silvio Berlusconi pour entrer en
politique. Sagement, il refuse. En 2004, il est élu président de
Confindustria, le syndicat des patrons italiens, mais aussi à la
présidence du groupe Fiat, qu'il quittera en 2010, laissant le champ
libre à Sergio Marchionne, administrateur délégué du groupe, au style et
aux priorités opposées.
Marié deux fois, Luca Cordero di Montezemolo est père de cinq enfants.
(AFP)
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