Les parlementaires suisses ont approuvé vendredi une "loi Fifa"
permettant de poursuivre pénalement plus facilement en cas de corruption
les dirigeants de fédérations internationales basées sur son sol, après des soupçons de malversations autour de la Fifa depuis plusieurs années.
Dorénavant, les responsables sportifs de ces fédérations seront considérés comme des "personnes politiquement exposées" et de
simples soupçons de corruption ou de blanchiment d'argent suffiront pour
entamer des poursuites judiciaires en Suisse.
"Avec cette loi, la
corruption dans le sport deviendra un délit. C'est un premier pas vers
un sport moins sale", s'est félicité auprès de l'AFP le député UDC
Roland Büchel qui mène depuis 2010 une campagne en faveur d'une
surveillance accrue des institutions sportives.
Selon lui, elle
apporte "un signe clair vers l'étranger: les dirigeants doivent prendre
leurs responsabilités". La loi devrait entrer en vigueur d'ici
"avril-mai" 2015, le temps que le gouvernement la transpose dans le code
pénal.
Un appel du pied à peine masqué vers la Fifa, dont la loi
porte improprement le nom, sur laquelle pèse depuis plusieurs années des
soupçons de corruption, notamment en raison de l'attribution des
Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar, le 2 décembre 2010.
Les
dispositions adoptées par les parlementaires helvètes placeront les
organisations sportives -qui bénéficiaient jusqu'alors d'une exemption-
sous la coupe d'une nouvelle législation anti-blanchiment recommandée
par le Groupe d'action financière (Gafi).
Elles permettront alors de poursuivre d'office toute corruption privée à l'égard des dirigeants de fédérations internationales, de leur famille mais aussi de tout cadre d'une telle organisation.
Concrètement,
les banques de ces organismes seront tenues de signaler auprès de
l'administration "tout mouvement suspect" de fonds. "Un simple soupçon
suffit", a précisé M. Büchel. "Et si la banque ne le rapporte pas, c'est
elle qui devra payer", a-t-il ajouté.
"Comme la Fifa l'a déjà déclaré à maintes reprises dans le passé,
nous soutenons les mesures du gouvernement pour protéger l'intégrité du
sport et la lutte contre la corruption", a déclaré à l'AFP un
porte-parole de l'organisation sportive.
Face aux allégations de
corruption qui se font de plus en plus entendre, la Fifa avait ouvert
une enquête interne et, parallèlement, avait porté plainte devant la
justice suisse en raison de "soupçons" qui pèsent "sur des transferts
internationaux de patrimoine avec comme point de contact la Suisse".
Une
soixantaine d'organisations internationales sont actuellement basées en
Suisse où elles y bénéficient du même régime fiscal applicable aux
associations à but non lucratif, bien plus favorable que celui en
vigueur pour les entreprises.
Du côté du Comité international
olympique (CIO), frappé en 1998 par le scandale de l'attribution
amplement monnayée des JO d'hiver 2002 à Salt Lake City, on reste plus
serein et reçoit également positivement ces mesures visant à davantage
de transparence.
Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, s'est ainsi "félicité de tout coeur" de cette décision.
"Le
CIO soutient entièrement et se félicite de cette initiative importante
(des) législateurs suisses. Elle est en ligne avec ce que le CIO fait
déjà. Nous sommes pleinement vérifiés par des auditions externes
indépendantes et nos comptes sont préparés et audités selon les normes
internationales d'information financière (IFRS)", a-t-il déclaré.
Ces
dispositions ne concerneront en revanche que les organisations
internationales situées sur le territoire suisse et non les
continentales. M. Büchel a regretté que ces dispositions ne puissent
concerner des organismes comme l'UEFA mais a espéré pouvoir modifier la
loi "d'ici un ou deux ans".
Quant au risque de savoir si ces
organisations allaient quitter le territoire helvète, le député n'y va
pas par quatre chemins: "bon voyage!"
(AFP)
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