"L'Espagne, c'est la mère-patrie", martèle Esteban Becker: le
sélectionneur argentin de Guinée équatoriale a constitué pour la
CAN-2015 un groupe de joueurs nés et évoluant en Espagne mais écarté les
"étrangers" qui pullulaient à la précédente Coupe d'Afrique.
Lors
de sa première Coupe d'Afrique en 2012, déjà sur son sol, l'équipe
nationale de cette ancienne colonie espagnole était composée de bric et
de broc. Les autorités avaient distribué des passeports à des joueurs
sans aucun lien de parenté avec le pays et qui parfois ne parlaient
guère la langue de Cervantès, idiome officiel.
Esteban Becker les a écartés par souci de "cohésion", mais aussi sous l'impulsion de la fédération équato-guinéenne (Feguifut), liée au pouvoir, dans un pays où la moindre institution l'est.
Car
cette politique de naturalisations de complaisance avait froissé la
fierté nationale, explique le vétéran Juvenal, un des capitaines du
groupe: "Il y avait eu beaucoup de problèmes, parce que de nombreux
joueurs étaient nés au Brésil, en Colombie. Pour nos supporters, c'est
une fierté de constituer une équipe nationale à 100% de joueurs nés en
Guinée équatoriale ou qui en sont originaires".
"Je préfère perdre un match avec nos joueurs que gagner avec des joueurs du Brésil ou de je ne sais où", assène-t-il.
Il
faut dire aussi que le Nzalang nacional (éclair national) s'était fait
exclure sur tapis vert dès le début des éliminatoires de l'actuelle CAN
parce qu'il avait aligné un joueur non qualifié, Thierry Fidjeu, un...
Camerounais.
Comme en 2012, le sélectionneur a été nommé quelques
jours seulement avant le début du tournoi. Esteban Becker connaît bien
le pays pour y avoir dirigé la sélection féminine (championne d'Afrique
en 2012), contrairement au Brésilien Gilson Paulo, son prédécesseur à la
précédente CAN.
"Je connaissais tous les joueurs locaux parce que je vis à
Malabo, et je connais aussi les joueurs de l'étranger parce que je vis
aussi à Madrid depuis 25 ans", explique le coach argentin.
Seuls
deux joueurs évoluent au haut niveau européen, les attaquants Javier
Balboa et Emilio Nsue, respectivement à Estoril (Portugal) et
Middlesbrough (Angleterre), les autres officient dans des divisions
inférieures en Espagne.
Mais aussi dans des championnats aussi
méconnus que Malte, l'Estonie ou Hong Kong... "Ce sont des joueurs que
nous connaissions déjà, qui ont tous joué en deuxième ou troisième
division espagnole", élude Esteban Becker.
Sans les Sud-Américains
et autres Camerounais ou Ivoiriens, la sélection puise dans le vivier
national, comme le gardien Felipe Ovono Ovono, qui joue à Mongomo et a
fait forte impression lors des deux premiers matches.
Mais la
détection dans les compétitions nationales n'a pas été évidente,
puisqu'elles ont été perturbées par des problèmes politiques au niveau
de la Feguifut.
"L'année dernière a été chaotique, il n'y avait pas beaucoup d'organisation, confie Esteban Becker à l'AFP. Ces problèmes à la fédération se répercutaient dans les compétitions, certaines journées étaient même
annulées. Mais il y a maintenant un nouveau président, qui veut faire
les choses bien".
L'Argentin dit s'inscrire dans le long terme et
viser la première qualification équato-guinéenne pour une Coupe du
monde, en 2018. En attendant, il convoque le Danemark millésime 1992:
"Notre équipe a été invitée au dernier moment, on s'est rassemblés dans
la précipitation, mais je pense au Danemark qui avait été champion
d'Europe en 1992".
(AFP)
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