Le quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) entre la
République démocratique du Congo et le Congo, samedi, revêt pour maints
supporteurs de Kinshasa un caractère politique.
Ils gardent en
effet en mémoire l'opération "Mbata ya bakolo" ("La gifle des aînés", en
lingala), lancée en avril par Brazzaville qui, sous couvert de traquer
les clandestins auteurs de crimes, avait expulsé ou poussé au départ
près de 250.000 ressortissants de RDC.
Lors de ces retours forcés,
des violations graves des droits de l'Homme ont été commises, et
dénoncées par l'ONU. L'affaire avait refroidi les relations entre
Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales tout juste séparées par le
fleuve Congo.
"Quand j'ai vu l'affiche, je me suis dit: Hé! On va
jouer contre le Congo d'en face... Ce qui est sûr, on va les battre pour
se venger! On va faire de notre mieux pour leur montrer que nous sommes
plus grands qu'eux, supérieurs à eux", rêve Nina, fervente supportrice
des "Léopards".
Nina explique que, prise de compassion, elle avait
acheté des vêtements et des couches pour un nourrisson né dans l'un des
bateaux qui rapatriaient ses compatriotes. Meni, lui, a vu son oncle
rentrer au pays après avoir été "chassé", bien qu'il ait "commencé à
investir et construire" au Congo.
"Quand j'y pense... Ca reste
quand même dans la mémoire, il y a quand même un ressentiment. Si on
arrivait à les battre, on serait quand même assez soulagé... Le match de
demain, on va croiser les doigts pour qu'on le gagne", confie-t-il.
Pour
Robert, "le foot reste le foot" et n'a "rien à voir avec les
politiques". "A la base, les deux peuples n'ont pas de problème entre
eux. Ce sont plutôt les politiques qui en causent pour leurs intérêts
égoïstes", lance-t-il, dans un mélange de colère et de résignation.
Gardant
en tête des "échauffourées" au Congo Brazzaville où, après une
rencontre RDC-Congo, des RDCongolais avaient été "maltraités", Robert
espère que les autorités "des deux rives du fleuve" prendront leurs
dispositions pour éviter le pire.
Jeudi, le
maire de Brazzaville, Hugues Ngouélondélé, a appelé le public de sa
ville à faire "preuve de fair-play", même si les "Diables rouges"
devaient s'incliner.
Il a précisé que "l'action vigoureuse de la
force publique [était] requise" dans toute la capitale "pour décourager
toute tentative de troubles à l'ordre public".
Le choc entre les
deux pays "ne doit pas être un prétexte pour troubler la quiétude et le
vivre ensemble des citoyens de toutes nationalités établis à
Brazzaville, terre d'accueil et d'hospitalité légendaire", avait-il
ajouté.
Ce quart de finale de la 30e CAN, en Guinée-Equatoriale,
sera la quatrième rencontre entre les deux pays riverains du fleuve
Congo en phase finale de cette compétition.
La RDC en a gagné deux
(en 1968 et 1972), le Congo l'ayant emporté en 1974, ce qui n'avait pas
empêché la RDC (alors le Zaïre) de remporter la Coupe pour la seconde
fois cette année-là.
(AFP)
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