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vendredi 27 février 2015

En Iran, le golf tente d'exister à l'ombre de la Révolution

Un fairway bosselé, un green qui n'a plus de vert que le nom: le terrain du complexe sportif d'Enghelab, dans le nord de Téhéran, est pourtant le meilleur de ce que le golf peut offrir en Iran.

L'histoire du seul parcours homologué d'Iran a été chaotique depuis la Révolution islamique de 1979. Privé de subventions, et peut-être aussi d'un bon jardinier, il a en plus perdu cinq de ses 18 trous, désormais sur un terrain militaire.
Mais il a gardé son carré de fidèles, malgré sa réputation élitiste et le mauvais état de la pelouse.
"C'est vraiment mauvais, mais c'est tout ce qu'on a", explique à l'AFP Mehrdad, un homme d'affaires de 40 ans qui partage son temps entre Téhéran, le Canada et l'Allemagne, en préférant taire son nom de famille.
Il essaie de jouer au moins deux fois par mois avec ses amis, les jeudis et vendredis, jours de congés en Iran. Le reste du temps, le terrain est généralement désert.
Kaykavos Saïdi est justement chargé par l'administration d'ouvrir ce sport aux Iraniens.
"Tout le monde peut faire du golf, mais nous sommes un peu les parents pauvres" du sport en Iran, explique M. Saïdi, président de la fédération iranienne de golf, par rapport aux disciplines en vogue comme le football, la lutte ou le volley-ball.
A 53 ans, M. Saïdi admet ne pas être un grand golfeur, mais il a des ambitions: plus de parcours, plus d'éducation et de publicité dans les écoles et, alors seulement, plus de licenciés.
Pour l'instant, le golf attire 3.500 personnes, dont environ 500 femmes. Une misère comparé aux 77 millions d'habitants de la République islamique. Le budget annuel de la fédération est aussi famélique (200.000 dollars, 175.000 euros). Estampillé "sport de riches", il a aussi souffert des relations tendues entre l'Iran et le monde anglo-saxon.
Le golf a été introduit en Iran au début du XXe siècle par les hommes d'affaires britanniques, qui se sont appropriés les champs de pétrole du sud du pays, et la manne de l'or noir.
Le dernier Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, a fait construire un parcours sur herbe dans l'enceinte du "Country club impérial". Renommé Enghelab (Révolution en persan), le parcours végète depuis 1979. Il en existe quatre autres en Iran, mais sur sable.
Malgré les difficultés, l'Iran recèle quelques joueurs de talent, dont Hassan Karimian, capitaine de la sélection qui a participé aux Championnats d'Asie.
Mais sans diversité, les golfeurs ne peuvent améliorer leurs coups et développer leurs stratégies lors des compétitions internationales. On voit également peu de jeunes joueurs sur le practice, long de 205 mètres.
"Nos joueurs ont généralement plus de 30 ans. C'est rare de voir des jeunes de 17-18 ans, mais la sélection est en progrès", assure le capitaine, âgé de 38 ans, espérant que ces progrès inciteront le ministère des Sports à s'investir davantage.
La fédération tente aussi de développer le minigolf, mais les investissements font là encore défaut, selon David Cherry, président de la fédération Asie-Pacifique (APGC).
"Le golf manque d'exposition médiatique car il n'est pas diffusé à la télévision", explique M. Cherry, qui a visité l'Iran en janvier.
"J'ai tenté de convaincre les autorités que le golf n'est pas un sport pour les élites et qu'on peut jouer toute sa vie. J'ai commencé à l'âge de cinq ans, et je continue 63 ans plus tard", assure-t-il.
Il se félicite aussi que l'Iran se rapproche de l'APGC et du temple du golf, le Royal and Ancient Golf Club de St Andrews, en Ecosse.
"J'ai senti un réel enthousiasme pour le golf, mais ils ne savent pas comment franchir un nouveau palier", estime-t-il.
Cela ne rebute pas le président de la fédération iranienne. Kaykavos Saïdi postulera cette année à un nouveau mandat de cinq ans pour continuer à "trouver des talents".

(AFP)

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