Près de deux ans et demi après le coup de tonnerre des
interpellations d'octobre 2012, l'icône du handball français Nikola
Karabatic est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Montpellier
pour "escroquerie" dans l'affaire des paris présumés illicites du match
entre Tesson et Montpellier en mai 2012.
Sont également renvoyés
devant la justice pour un procès qui pourrait avoir lieu avant l'été -la
date du 15 juin est évoquée- Géraldine Pillet, la compagne de Nikola,
son frère Luka Karabatic, ainsi que les joueurs Mladen Bojinovic, Samuel
Honrubia, Dragan Gagic, Primoz Prost, Issam Tej, Mickaël Robin et
plusieurs personnes de l'entourage du club.
Jennifer Priez, la compagne de Luka Karabatic, comparaîtra pour complicité.
Dans
son ordonnance de renvoi signée mardi, la juge d'instruction
Marie-Christine Desplat-Didier a suivi les réquisitions du procureur de
la République Patrick Desjardins. Elle a ainsi accordé un non-lieu à
l'ex-compagne du gardien de Montpellier de l'époque, Mickaël Robin.
"Ce
renvoi n'est pas une surprise. Si la justice avait pu le rendre après
les interpellations, elle l'aurait fait. Mais la procédure pénale
réclame une enquête", a ironisé Me Mickaël Corbier, l'un des avocats de
la star de Barcelone.
"C'est une locomotive lancée que plus personne ne contrôle", a déploré le second conseil des Karabatic, Me Jean-Robert Phung. "On va enfin avoir un débat
contradictoire", a complété Me Luc Abratkiewicz, l'avocat de Bojinovic.
Dans
son réquisitoire délivré en février, le parquet avait alors dénoncé:
"De toute évidence, les joueurs concernés ont poussé leur esprit
d'équipe, clé de voûte de leurs très nombreux succès sportifs de
l'époque, jusqu'à concevoir et commettre en équipe une tricherie ayant
pour objet d'escroquer la Française des jeux."
Sur l'objectif des
paris, le magistrat s'était interrogé: peut-être s'agissait-il
simplement de faire miser Luka Karabatic pour la cagnotte des joueurs et
améliorer le séjour à Ibiza prévu en fin de saison?
"Mais très
vite, sans doute pris de vertige de la facilité de l'opération et de la
certitude des gains, les membres n'ont pas résisté à la tentation",
avait-il ajouté.
- Leaders charismatiques -
Pour M. Desjardins, comme pour la juge d'instruction, même si
certains joueurs (les frères Karabatic, Samuel Honrubia et Mladen
Bojinovic) n'ont pas participé au match en cause, ils n'en sont pas
moins responsables en tant que "leaders charismatiques".
Pour le
magistrat, la réussite du projet vient du fait que "chacun a respecté à
la lettre comme dans tout sport d'équipe les consignes données".
Ainsi,
tous les paris qui portaient sur le score à la mi-temps (15-12) du
match Cesson-MAHB, finalement perdu le 12 mai 2012 par le club
montpelliérain, ont été effectués entre 10H00 et 10H50 le 12 mai. Ils se
sont montés à 103.100 euros en numéraire à la cote de 2,9 contre 1, un
niveau leur évitant de sortir de l'anonymat.
Beaucoup de joueurs ont reconnu les paris, à l'exception de Nikola Karabatic, Issam Tej et Dragan Gajic.
Le
triple champion du monde et meilleur joueur du Mondial 2014 a toujours
clamé son innocence. Il a constamment affirmé que les paris avaient été
pris à son insu par sa compagne, Géraldine Pillet. Mais l'enquête a mis
en exergue le téléchargement d'une application de pari sur le mobile de
Nikola.
M. Desjardins a noté également que Géraldine a joué 1.500
euros, un "montant disproportionné par rapport à son train de vie",
avant de constater que Nikola Karabatic a bien retiré quelque jours
auparavant cette même somme, "son seul retrait" depuis plusieurs mois.
Quant
à l'absence de concertation entre les parieurs, le parquet avait
comparé notamment l'écart anormal entre les paris effectués sur le score
à la mi-temps (103.100 euros) et ceux fait sur le score de fin de match
(24.017 euros), tous en faveur de la victoire de Montpellier, assuré de
remporter son 13e titre en 15 saisons.
Dans ce dossier, la
Française des jeux, la ligue de handball, Montpellier handball,
Montpellier agglomération et la FFHB sont parties civiles
(AFP)
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