Historiquement rattachés à Londres où ils continuent de s'entraîner,
les Wasps jouent depuis Noël à Coventry, dans les Midlands, un exil
économique sportivement digéré mais qui a piqué au vif certains
supporteurs et clubs voisins.
Après 12 ans à High Wycombe, dans la
banlieue nord-ouest de la capitale, les Wasps, qui se déplacent à
Toulon dimanche en Coupe d'Europe, ont donc fait le 21 décembre un vol
de 130 km vers le nord pour se poser à la Ricoh Arena, troquant une
enceinte de 1990 (l'Adams Park) pour une autre ultra-moderne datant de
2005 avec casino, hôtels et restaurants rentables autour.
Autre
argument qui les a convaincu de migrer pour enrayer un déclin économique
inexorable malgré leur positionnement dans le très riche et très actif
bassin londonien: la perspective d'une billetterie passant de 10.000 à
32.000 places d'un stade dont ils sont propriétaires.
Selon
certains calculs, le club, qui cherche à retrouver son lustre des années
2000 (quatre titres de champion et deux Coupes d'Europe), pourrait en
effet tripler à terme son chiffre d'affaires et le porter à 27 ME pour
devenir l'un des nouveaux mastodontes du rugby anglais.
"Ce déménagement était obligatoire, reconnaît le directeur sportif Dai Young. Évidemment, cela a causé quelques remous au début,
mais maintenant le résultat est au-delà des attentes. Les joueurs
adorent jouer là-bas, les installations sont fabuleuses. En tribunes,
c'est idéal. On n'a jamais eu moins de 15.000 spectateurs, ce qui est
quatre fois plus que ce qu'on avait à l'Adams Park. On a gardé beaucoup
de nos anciens supporteurs, on en a attiré de nouveaux dont on est très
content."
Beaucoup d'anciens fans, attachés à une certaine idée de
la tradition, n'ont pourtant pas accepté ce départ. Ainsi, pour calmer
les plus virulents, les Wasps ont organisé un +voyage touristique+ pour
750 abonnés en octobre et continuent de mettre en place un service de
navettes les jours de match.
- 'Pas le bienvenu' -
Car le reste du temps, ils continuent de vivre et de s'entraîner à Londres.
"On
arrive la veille, cela ne nous affecte que les jours de match. Quand on
a acheté le stade, l'idée à long terme c'était aussi de construire un
centre d'entraînement. Il n'est pas encore prêt. Cela prend 90 minutes
pour aller là-bas donc on va rester basé à Londres et recevoir à
Coventry encore une saison. Jusque-là, cela ne nous a pas vraiment causé
de problème. C'est sûr qu'on a été meilleur quand on a pu s'entraîner
complètement là-bas, mais c'est comme ça et le positif l'emporte
largement sur le négatif", assure encore Young.
Du côté des clubs de rugby voisins, c'est en revanche la soupe à la grimace.
"Ils ne sont pas les bienvenus, déclarait ainsi en janvier Alan Robson, le directeur général de Northampton. Des clubs comme Worcester doivent travailler
dur pour étendre leur influence, faire des bénéfices. Si j'étais eux, je
serais remonté. Je ne trouve pas cela très correct non plus pour tous
les petits clubs locaux. D'autant qu'on a découvert ça le jour de
l'annonce. Cela n'a pas été bien géré. C'est aussi dommage pour les
supporteurs historiques des Wasps car le club vient de leur tourner le
dos."
"Je ne comprends pas les critiques. Cela a été bien
préparé. Au début, des gens ont été contrariés car ils ne comprenaient
pas bien, mais financièrement on n'avait pas le choix. Je ne comprends
pas bien l'animosité. Les gens sont contents de voir que l'on avance,
que le club se sécurise financièrement", rétorque Young.
+Envoyé à
Coventry+ a pourtant un sens moins flatteur en anglais: cette
expression courante signifie en effet plutôt +envoyé dans un trou
paumé+.
(AFP)
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