Dans un nuage de poussière, des dizaines d'ouvriers congolais
s'activent sous la direction de contremaîtres chinois. Il ne leur reste
plus que quelques semaines pour achever les gigantesques travaux devant
permettre à Brazzaville d'accueillir en septembre les XIe Jeux
africains.
Les installations sportives et hôtelières sont déjà
pratiquement terminées et l'effort se concentre désormais sur les
infrastructures routières devant permettre d'accéder à Kintélé, dans la
banlieue nord de la capitale de la République du Congo, à environ 25 km
du centre.
La quasi-totalité des chantiers est tenue par des compagnies chinoises.
"A
ce jour, nous n'avons aucun souci. Dans l'ensemble nous sommes à plus
de 95% du taux d'exécution des travaux des infrastructures et de tous
les préparatifs", assure à l'AFP Jean Lounana Kouta, directeur exécutif
du Comité d'organisation des jeux africains (Coja).
"A l'allure où
vont les choses, les Jeux vont se dérouler comme prévu. Avec tout ce
qui a été fait, la fête sera belle", promet de son côté Agbessi
Komlavie, ingénieur de Socotec, entreprise française créée pour
l'occasion afin de superviser les travaux du nouvel ensemble sportif de
Kintélé, futur épicentre des Jeux panafricains.
En près de trois
ans, l'ouvrage majeur, un stade anguleux de 60.000 places, dans une
structure de tôle galvanisée aux teintes beige et sable est sorti de
terre.
Le coût total des travaux, qui pèse sur le budget national
frappé par la baisse du pétrole, première source de revenus de l'État,
n'a jamais été publié. Mais le stade, à lui seul, a coûté officiellement
300 milliards de francs CFA (environ 460 millions d'euros).
Ont
également été érigés un palais des sports de 10.000 places, un centre
nautique de 3.000 places, un centre administratif avec pavillon
d'exposition, un centre pour les médias et un hôtel de 100 lits.
A
deux kilomètres, les grands bâtiments blancs du village des Jeux, d'une
capacité d'accueil de 8.000 lits, ont des airs de cité administrative.
- Double fête -
C'est là que doivent être logés tous les athlètes d'une
cinquantaine de pays de l'Union africaine (UA) devant participer du 4 au
19 septembre à la onzième édition des Jeux, que Brazzaville accueille
pour la deuxième fois de leur histoire.
Après l'événement, le
village doit être converti en campus pour une nouvelle université dont
les travaux ont commencé, a proximité d'un grand lotissement de
préfabriqués installé pour accueillir plus d'un millier de personnes
relogées après la terrible explosion d'un dépôt de munitions dans l'est
de la capitale ayant fait près de 300 morts.
En contrebas du stade
se construit minutieusement un carrefour giratoire, point
d'aboutissement d'un viaduc d'environ 7 kilomètres enjambant une zone de
marécage près du fleuve Congo, que l'on aperçoit en contrebas et devant
désengorger la circulation dans une partie du nord de Brazzaville minée
par les embouteillages.
"Grâce à ces travaux, l'image de notre
quartier a profondément changé : l'accès devient facile et rapide. Nous
avons l'eau et l'électricité en permanence", se félicite Martine
Ngoliélé, 61 ans, dont la maison se trouve sur le tracé du viaduc.
"Mais,
nous avons des voisins qui ont été expropriés à vil prix. Ce qui leur a
été versé ne va pas leur permettre de reconstruire rapidement leur
vie", regrette-t-elle.
"De nombreux expropriés ont gonflé leurs
factures. Nous connaissons tous les règles et les principes de
l'expropriation au Congo. Mais, nos concitoyens ont souvent exagéré. Les
discussions avec eux ont parfois bloqué les chantiers pendant quelque
temps", rétorque Oscar Otoka, coordonnateur à la Délégation générale des
grands travaux.
Dans Brazzaville même se construisent cinq
gymnases de 3.000 places chacun. A l'exception du gymnase d'Ornano (dans
le centre) qui a pris vraiment du retard, les autres sont à l'étape de
la pose des sièges.
Celui de Ouenzé (est de la capitale) est situé
dans l'enceinte d'un lycée et d'un collège qui renaissent de leurs
cendres après leur destruction lors de l'explosion de 2012.
"Par
la suite [il sera] cédé aux étudiants [qui pourront y] pratiquer le
badminton, le basket et le handball", explique Pascal Tourelle,
superviseur des travaux.
Les Jeux africains doivent regrouper
8.000 athlètes concourant dans 22 disciplines. Ils seront un double
événement car la fête sportive sera précédée, le 3 septembre, par les
festivités marquant le cinquantenaire de cette compétition organisée
pour la première fois en 1965 à Brazzaville.
(AFP)
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