Michel Platini est le grand favori pour l'élection à la présidence de
la Fifa, le 26 février 2016, même si des voix s'élèvent pour tenter de
le disqualifier et le décrire comme l'incarnation d'un système à bout de
souffle.
C'est l'angle d'attaque
adopté par les rivaux potentiels du président de l'UEFA pour tenter de
torpiller sa candidature, officialisée mercredi.
Un gros poisson a
entonné ce discours jeudi. Le Sud-Coréen Chung Mong-joon, ancien
vice-président de la Fifa et personnalité incontournable du football
asiatique, a révélé à l'AFP son intention de briguer la présidence de la
Fifa et en a profité pour présenter Platini comme "un produit de
l'actuel système Fifa", voire "un protégé de (Joseph) Blatter". Le
Français, qui a débuté sa carrière de dirigeant sous l'aile protectrice
du Suisse, en est devenu le pourfendeur numéro un depuis la
multiplication des affaires touchant la Fédération internationale.
S'il
décidait d'aller jusqu'au bout, le milliardaire sud-coréen, héritier de
l'empire industriel Hyundaï, s'annoncerait comme le principal
adversaire de Platini.
Les propos les plus durs sont venus
mercredi du prince jordanien Ali bin Al-Hussein, qui avait mis Blatter
en ballottage en mai avec le soutien de... Platini et de l'UEFA.
"Platini
n'est pas bon pour la Fifa. La culture des arrangements en coulisses,
en sous-main, doit prendre fin", a estimé le demi-frère du roi Abdallah
II, qui n'exclut pas de se présenter.
Candidat déclaré, le
président de la Fédération libérienne Musa Bility a aussitôt embrayé:
"Platini ne représente pas le changement, il a été vice-président de la
Fifa durant 8 ans".
Quelles conséquences en termes de voix?A priori aucune, ou
presque. Chung, Bility et Ali pourraient être tentés de former un front
commun contre le Français, mais celui-ci a pris le soin d'assurer ses
arrières avant de se lancer dans la course.
L'ancien triple
Ballon d'Or n'avait pas osé affronter Blatter il y a deux mois, ses
chances de succès étant nulles à l'époque. S'il a décidé de franchir le
pas après la démission du Suisse, c'est qu'il a vraisemblablement
l'assurance de l'emporter.
D'ailleurs, quelques heures après les
attaques de Chung, la Confédération asiatique (AFC, qui chapeaute les
fédérations du continent) a confirmé officiellement qu'elle soutenait
Platini. Désavouant de facto le Sud-Coréen.
Le Français est "sans
aucun doute un candidat remarquable qui amènerait de la stabilité et
permettrait une transition en douceur vers un fonctionnement normal de
la Fifa, dans cette situation difficile", a affirmé dans un communiqué
le président de l'AFC, le cheikh Salman Bin Ibrahim Al Khalifa. Il a
appelé ses 47 fédérations membres à "rester aussi unies que possible
derrière le meilleur candidat", savonnant ainsi la planche de Chung.
Platini
dispose ainsi du soutien de quatre des six Confédérations: Europe,
Asie, Amérique du sud, Concacaf (Amérique du Nord et Caraïbes). De quoi
lui assurer un matelas de voix confortable sur les 209 fédérations
membres de la Fifa.
Quelles réformes? L'ex-capitaine et N.10 de l'équipe de
France n'a pas encore dévoilé précisément son programme mais va sans
doute vouloir capitaliser sur son profil de réformateur, bâti à l'UEFA
depuis 2007: fair-play financier, ouverture de la Ligue des champions,
Euro à 24 équipes...
Un bilan qui pousse ses partisans à voir en
lui l'homme de la rupture au sein d'une institution qui fait l'objet
d'enquêtes judiciaires sur les attributions des Mondiaux 2018 (Russie)
et 2022 (Qatar).
C'est "l'une des personnes les plus aptes à
redonner la crédibilité" à la Fifa, a assuré à l'AFP l'ancien secrétaire
général de l'instance, le Suisse Michel Zen Ruffinen.
Dans le
courrier d'officialisation de sa candidature, Platini a d'ailleurs
insisté sur la nécessité pour la Fifa de "se réformer" et de "repenser
sa gouvernance".
De son côté, le président du Comité
international olympique (CIO), Thomas Bach, a expliqué que "les
problèmes de la Fifa ne disparaîtront pas seulement avec l'élection d'un
nouveau président". "Il faut des réformes dans les structures et
améliorer la transparence", a-t-il ajouté dans entretien à l'AFP.
Soucieux
de peser jusqu'au bout sur le cours des événements, Blatter avait lancé
le 20 juillet un groupe de travail pour se pencher sur une série de
réformes: limitation des mandats, contrôle de la probité des membres du
comité exécutif et publication de leurs rémunérations. Platini avait
salué ce geste comme "un pas important". Il devra maintenant expliciter
ses propres propositions.
(AFP)
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