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vendredi 4 novembre 2016

Grand Stade FFR : plainte au pénal contre Pierre Camou et Thierry Braillard

Une association accuse le président de la FFR et le secrétaire d'Etat aux sports de non-respect des procédures et dénonce le prix exorbitant par rapport au marché du projet.Elle évoque de possibles «malversations».

Depuis quatre ans, «Callisto XV» bataille, non contre le projet de Grand Stade mais contre son coût et des manquements à la procédure légale. Présidé par l’ancien président emblématique du RRC Nice dans les années 80-90, Gaby Degeorges, cette association se présente comme un regroupement de professionnels du BTP et de l'architecture, d’avocats mais aussi d'anciens internationaux (André Herrero, Eric Buchet, Jeff Tordo…) et de dirigeants «en faveur du projet de Grand Stade » mais qui en conteste le coût.
«Callisto XV» multiplie ainsi les actions contre la FFR et son président, Pierre Camou, qui ont valu une plainte en diffamation envers Gaby Degeorges. Ce qui n’a pas eu raison de sa détermination. Son association vient ainsi de déposer deux plaintes. La première, le 21 septembre dernier au civil (devant le Tribunal de Grande Instance d’Evry), demande «l’annulation judiciaire du contrat signé en faveur du groupement IBELYS», choisi par la FFR pour la construction du futur stade de la FFR à Ris-Orangis.
La seconde plainte, celle-là au pénal, a été déposée le 28 octobre devant le Procureur de la République d’Evry contre Pierre Camou en personne, «pour détournement de fonds publics, abus de confiance et escroquerie». «Nous dénonçons la tromperie du président Camou, que nous analysons comme un abus de confiance envers ses électeurs», prolonge M. Degeorges. Pour faire bonne mesure, «Callisto XV» a déposé la même plainte le même jour contre le secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard, «ministre de tutelle de la FFR, tenu de veiller au respect des lors et des règlements en vigueur».
Le regroupement présidé par M. Degeorges insiste en particulier sur deux points. Le premier concerne l’attribution du contrat. Et relate son origine : les questions diverses à l’ordre du jour de la séance du Comité Directeur le 14 novembre 2014. «Le procès-verbal de ce débat, annonce laconiquement que le Comité Directeur a désigné "le groupement ICADE-BESIX-COFELY-GDF-SUEZ (IBELYS) comme l’attributaire pressenti du futur contrat de conception, construction, entretien-maintenance du Grand Stade de rugby". Le Comité Directeur s’est prononcé en toute confiance envers le bureau, malgré l’absence de l’obligatoire "compte rendu de la procédure", mais également et surtout, sans connaître, ni le projet du lauréat, ni naturellement son prix», dénonce Gaby Degeorges. Puis rappelle que l’élimination du groupe Bouygues, autre candidat à la construction, était «intervenue dans une forme tellement suspecte et cavalière, que l’indignation du constructeur est allée jusqu’à envisager un recours judiciaire».
Le président de «Callisto XV» trouve également à redire sur la fixation du prix. La FFR évoque, selon lui, à partir du 28 décembre 2015 le coût sans autre forme de procédure. «L’objectif d’un coût global de 600 millions d’euros est en passe d’être atteint», assure alors la Fédération. «C’est donc hors de toute concurrence que le groupement IBELYS devrait décider du prix de son propre marché… et cela, après cinq années de prétendues formalités d’appel à la concurrence !»
Un coût qui, par ailleurs, lui semble exorbitant. Avec ses experts, il estime, en comparant avec dix autres stades récemment construits, qu’il devrait être réajusté à 450 millions d’euros. Au final. Car, souligne M. Degeorges, ces 600 M€ désormais validés, puisque le contrat de construction a été signé le 24 juin 2016 par la FFR, «sont purement prévisionnels. Ils ignorent donc les factures, réputées imprévues, qui viennent sensiblement alourdir le coût des réalisations, au moment du dernier paiement».
«Ce montant de 600 millions d’euros, invariablement annoncé par la FFR depuis l’origine de son projet, est manifestement insensé. Donc soit, le projet est outrageusement surévalué ; soit, le luxe, prévu par ce projet, est non moins outrageusement et inutilement dispendieux.» D’où cette double plainte, au civil et au pénal, pour «dénoncer toute la procédure et les malversations qui l’accompagnent». Des griefs dont la justice décidera du bien-fondé ou non. Mais, en pleine campagne à la présidence de la Fédération, cette nouvelle attaque contre Pierre Camou, même si Gaby Degeorges brandit sa «rigoureuse neutralité dans cette élection», pourrait profiter aux deux autres candidats, et opposants, Bernard Laporte et Alain Doucet.

(Le Figaro)

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