Les Pays-Bas sont gagnés par une psychose qui a
pour objet les pelouses artificielles des stades. Outre l'Ajax
Amsterdam, qui va remplacer le revêtement de quatre de ses stades, plus
de 80 clubs de foot ont pris des mesures ces dernières semaines pour
éviter tout contact de leurs sportifs avec les pelouses en granulés de
caoutchouc issus du recyclage de vieux pneus.
Tout
a commencé voilà deux semaines quand une émission de télévision a
déclenché un vent de panique en évoquant le caractère cancérigène de ces
pelouses. Du coup, deux fédérations néerlandaises de fabricants de
pneus (Vaco et RecyBEM) ont financé des études sur le sujet. La chaîne
de télévision publique NOS a ensuite fait monter la tension d'un cran en
révélant que ces études attesteraient du caractère cancérigène des
granulés de caoutchouc.
Aux Pays-Bas, un
tiers des associations sportives disposent de pelouses constituées de
granulés de caoutchouc, soit quelque 2.000 terrains dans le royaume. En
France, le recours
au terrain synthétique reste anecdotique dans le foot pro. Seul le club
de Nancy en est doté en L1, mais va le convertir en... gazon, précise
la Ligue de football professionnel. Mais on compte tout de même
2.649 terrains synthétiques sur un total de 30.000, selon la FFF.
Au Pays-Bas, les fabricants s'inscrivent en faux contre les informations publiées. « La
teneur et le dosage des substances trouvées dans les granulés analysés
sont conformes aux attentes. Ces taux de concentration sont connus
depuis des années », s'insurgent les professionnels dans un communiqué.
De
plus, ces analyses se référeraient aux normes en vigueur pour les
objets destinés aux consommateurs. Les pelouses synthétiques
relèveraient-elles de critères moins drastiques. Reste que la directive
européenne ad hoc
est plus contraignante sur les teneurs en agents cancérigènes autorisés
dans le caoutchouc. En l'état, les pelouses néerlandaises incriminées
ne répondraient pas à ces normes, mais la filière bénéficie d'une
exemption jusqu'en 2017.
En attendant, les
fabricants de pelouses artificielles exemptes de ces granulés mènent un
lobbying intensif. Et, face à l'inquiétude du public, une enquête du
ministère du Sport néerlandais est attendue d'ici à la fin de l'année,
pour clarifier la situation.
La polémique
sur la toxicité de ces gazons ne date pas d'hier. Le débat a défrayé la
chronique voici dix ans au Canada, aux Etats-Unis et en Italie. Depuis,
les villes de New York et de Los Angeles ont systématiquement remplacé
tous les terrains de sport fabriqués en granulés de caoutchouc.
(Les Echos)
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