Rebondissement dans l’affaire dite « du Grand Stade
de Lille » : sur demande du juge Jean-Michel Gentil, le procureur a
élargi l’enquête à des faits de corruption et de trafic d’influence.
Premières conséquences, trois perquisitions ont été menées ce jeudi
matin, dont l’une au sein d’une agence d’Eiffage Travaux publics.
C’est un séisme et il ne faudrait pas imaginer que le juge
Jean-Michel Gentil lance de nouvelles enquêtes sans avoir de sérieux
éléments sous le coude. Le juge, qui s’est rendu célèbre par son
instruction de l’affaire Bettencourt, est déjà
chargé de la plainte pour favoritisme déposé par Éric Darques, un militant anticorruption lambersartois.
Celle-ci concerne l’attribution de la construction du Grand Stade de Lille au groupe Eiffage.
Ouverte depuis 2014, elle a mené récemment à la mise en examen de la
Métropole européenne de Lille, en tant que personne morale.
Deux réquisitoires supplétifs
De sources concordantes, nous avons appris que le
juge a transmis au procureur de la République Thierry Pocquet du
Haut-Jussé des éléments qui ont conduit celui-ci, il y a une semaine, à
requérir l’ouverture de
deux réquisitoires supplétifs pour des faits de corruption passive et active, et de trafic d’influence.
Cette décision permet ainsi au juge d’instruction de se lancer dans une
nouvelle enquête autour des faits qualifiés dans les réquisitoires.
Elle ne stoppe en aucune manière celle qui l’occupe déjà depuis des mois
concernant la plainte pour favoritisme.
C’est ce que le juge Gentil a rapidement mis en œuvre. Ce jeudi matin, trois perquisitions ont été menées.
L’une
concerne une agence d’Eiffage Travaux publics, près d’Arras dans le
Pas-de-Calais. Les deux autres au domicile d’anciens cadres de
l’entreprise. Aucune garde à vue n’a été conduite à la suite de ces perquisitions.
Cette concomitance n’est pas sans traduire l’intérêt
que porte le juge d’instruction au groupe Eiffage, et notamment à sa
filière des travaux publics,
déjà mise en cause dans l’affaire Strauss-Kahn.
Le groupe de BTP du Nord avait été accusé de largesses au profit de
l’ancien patron du Fonds monétaire international et favori des sondages à
l’élection présidentielle de 2012, dans l’espoir de l’obtention de
nouveaux marchés.
Un voyage financé par Eiffage
Il faut noter
qu’Eiffage Travaux publics n’a pas été partie prenante dans l’attribution du Grand Stade en 2008.
L’entreprise n’aurait été sollicitée qu’à partir du moment où le groupe
auquel elle appartient a été déclaré adjudicataire pour la
construction. Elle aurait alors apporté son concours pour les travaux
préparatoires, le montage des dossiers administratifs, la mise à
disposition d’équipes…
C’est dans ce contexte que l’audition d’un témoin aurait dirigé l’attention du juge vers
un
voyage, à l’été 2010, financé et organisé par Eiffage Travaux publics
et auquel auraient participé deux élus de la métropole lilloise.
La destination ? Budapest, et son Grand Prix de Formule 1. Un voyage
d’agrément qui, s’il se confirme, pose une multitude de questions.
(La Voix du Nord)
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