D'abord parce que pour l'ensemble de son périmètre (sport, jeunesse, éducation populaire et vie associative), Valérie Fourneyron vise 15.000 contrats en emplois d'avenir, soit une part non négligeable des objectifs gouvernementaux (100.000 en 2013 et 150.000 en 2014). Ensuite parce que le dispositif a fait l'objet de réticences au sein du mouvement sportif. Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) l'ayant jugé inadapté aux besoins des clubs. Profession sport et loisirs y était de son côté favorable et l'a écrit dans un livre blanc. Le colloque de ce 23 avril avait pour but de poursuivre le débat, selon Nicolas Verdon, son président.
Maîtriser la fonction employeur
Premier orateur à s'exprimer, Pascal Deguilhem, député de la Dordogne, pointe d'entrée une des limites mises à jour par le CNOSF : "Que recherchent les associations ? Une opérationnalité immédiate, ce qui n'est pas forcément le cas avec ce système-là. Et il n'existe pas toujours des bénévoles susceptibles d'encadrer." Cette question aussi concrète qu'essentielle a fait réagir Claude Hüe, présidente de la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP), qui a donné l'exemple de son organisation, animée par des bénévoles "qui n'aiment pas trop la fonction d'employeur". Et Claude Hüe d'ajouter : "Nous comptons sur PSL pour une prise en charge de cette fonction." Reste que le recours à un tiers ne simplifie pas toujours les choses. Le cas d'un emploi géré en Poitou-Charentes par PSL pour cinq clubs différents a ainsi attiré l'attention. Ce type de solution implique en effet un double tutorat, de la part de PSL, d'une part, et de chacun des clubs, d'autre part. Marie Barsacq, directrice générale adjointe de la Fédération française de football (FFF), qui s'est engagée à créer mille emplois d'avenir, s'avoue "prudente sur la mutualisation. La fonction employeur ne s'invente pas, elle doit être maîtrisée. On ne veut pas envoyer les jeunes au casse-pipe".Former et qualifier… pour quels métiers ?
Autre ingrédient majeur de la réussite du dispositif des emplois d'avenir, qui s'adresse aux jeunes peu ou pas diplômés, la formation est un vrai casse-tête dans le secteur sportif. "On a eu la chance de commencer la professionnalisation de nos structures grâce aux emplois jeunes, en 1998, se souvient Claude Hüe. Mais c'était plus facile qu'avec les emplois d'avenir, car c'était des jeunes qualifiés." Frédéric Bas, directeur emploi-formation de l'UCPA, s'est de son côté demandé "comment mettre des parcours de formation en amont des embauches en emplois d'avenir. Car aujourd'hui, notre métier est de former des éducateurs sportifs qui vont encadrer des jeunes dans un environnement réglementé. Or il est compliqué d'embaucher un jeune dans les métiers du sport, où il existe des tests d'entrée et des niveaux de pratique très élevés pour intégrer une formation diplômante." L'idée retenue par l'UCPA ? Préqualifier des jeunes aux métiers du sport, pour ensuite les embaucher puis les intégrer dans des parcours diplômant.Les formations profiteront-elles in fine aux organismes qui embauchent ces jeunes ? Pas si sûr. Pour la FFF, qui vise à travers son engagement l'insertion des jeunes avant le développement de ses clubs, le choix peut se porter sur des formations diplômantes éloignées du football, comme la gestion ou l'entretien des équipements, ou encore la médiation sociale. A la FFRP également, la qualification obtenue devrait souvent déborder de l'animation aux loisirs ou aux métiers de la randonnée pour permettre d'acquérir une qualification exploitable notamment… au sein des collectivités locales, à travers la numérisation des itinéraires, le balisage et l'entretien des chemins, etc.
Le temps plein en question
Mais le plus grand obstacle des emplois d'avenir aux yeux du secteur sportif demeure l'inadéquation entre les besoins des clubs en termes de temps de travail et un dispositif qui prône un contrat à temps plein, sauf exception liée à la situation du jeune. "83% des salariés du sport travaillent mois de 20 heures par semaine. Le temps partiel est donc consubstantiel de l'animation et du sport. Cela ne peut s'articuler avec les 35 heures et la recherche du temps plein", a précisé Sébastien Darrigrand, délégué général de l'Usgeres (Union des syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale).A ce problème, deux solution possibles. D'abord la baisse substantielle du nombre d'heures exigées au contrat. Or, comme l'a rappelé Nathalie Hanet, conseillère technique auprès du ministre du Travail, chargée du déploiement des emplois d'avenir, le gouvernement ne souhaite pas voir signer des contrats d'une durée hebdomadaire inférieure à trente heures (voir ci-contre notre autre article de ce jour). Reste la mutualisation des embauches dont nous avons vu les limites du point de vue de l'employeur. Du côté du jeune, les participants ont également mis en garde contre l'éventualité de créer des "usines à gaz". Pour Pascal Deguilhem, qui croit dans les emplois d'avenir et y voit un "moteur de dynamisation du réseau associatif", il y a donc "besoin d'amener un peu de souplesse dans le dispositif".
(Source : Localtis)
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