mardi 23 juillet 2013

OL : peut-on bâtir un stade en 29 mois ?

Le terrassement tout juste terminé, la première pierre du Grand Stade, ou Stade des lumières, attend toujours d’être posée. Ce qui ne saurait tarder, a priori. Débarrassé des différents recours juridiques qui ont hanté les nuits de son président Jean-Michel Aulas durant quatre ans (un record !), l’Olympique lyonnais devrait donner le premier coup de pioche fin juillet-début août, le dossier de financement étant bouclé (pour un coût total d’environ 405 millions d'euros). Il n’y a désormais plus de temps à perdre pour le seul président-entrepreneur français qui a choisi de financer son écrin grâce au «privé» et qui n’est pas tombé, comme tant d’autres, dans la folle machine des PPP (partenariat public-privé). Le Grand Stade doit être livré au plus tard en décembre 2015. Plus question de repousser à demain ce qui devait déjà sortir de terre deux ans plus tôt. Un modèle économique en mutation, la pression des partenaires et la candidature validée pour l’Euro 2016 obligent la direction lyonnaise à donner rapidement vie à l’Arlésienne. Mais vingt-neuf mois suffisent-ils pour accoucher d’un actif économique aussi ambitieux, un stade de 58.000 places ?

Pour Jean-ClaudeMutel, directeur du Groupement Concepteur-Constructeur (Eiffage) du Grand Stade Lille Métropole, "ce délai est extrêmement court, mais cela reste jouable". [...] Ses équipes ont profité exactement du temps dont dispose l’OL pour son stade. "On a foré le premier pieu le 29 mars 2010 et le coup d’envoi du premier match a été donné le 17 août 2012 ! Au total, nous avons mis vingt-huit mois et demi", explique fièrement Jean-ClaudeMutel. A Lille, on a même plutôt fait dans l’amélioration que dans la diminution de la qualité. On ne rend pas possible l’impossible, mais je le répète:moins de trente mois reste un délai très court, à la limite du raisonnable." Car, comme pour tous les chantiers de cette ampleur, les nombreuses contraintes pointent ainsi le bout du museau. A commencer par les conditions climatiques. [...] Difficile, par exemple, de couler le béton par –10°C ou sous la neige [...].

L’ex-président de Valenciennes Francis Decourrière sait également à quel point une telle opération nécessite de se retrousser les manches. Lui a porté à bout de bras le stade du Hainaut. Et s’est même transformé en chef de chantier les six derniers mois pour y arriver. [...] "Je fais confiance à Vinci. C’est le même maître d’oeuvre qu’à Valenciennes. C’est un pro, il tiendra les délais. A condition en revanche qu’il n’y ait pas non plus de surprise au niveau du permis de construire. [...] Attention, il faut surtout qu’il soit purgé du recours des tiers, que personne ne puisse contester la validité de l’autorisation de construction. Dès qu’il y a un souci à ce niveau-là, c’est très compliqué. On avait dû arrêter notre projet de stade durant un an, alors qu’on avait déjà donné le premier coup de pioche. On avait gagné en référé mais perdu sur le fond, pour une bêtise juridique. Et ça nous avait coûté très cher." Le stade du Hainaut, d’une capacité de 25. 000 places, a dû patienter trois années, de juin 2008 à juillet 2011, avant de sortir de terre, contre deux prévues initialement. Un scénario désormais inenvisageable à Décines. Lyon ne peut se permettre en effet un arrêt de chantier, même de quelques mois. Il serait hors délai pour l’Euro 2016 et les éventuels surcoûts seraient difficiles à éponger dans le contexte économique actuel. Heureusement, le Grand Stade, déclaré d’intérêt général par les pouvoirs publics, est purgé de tout recours suspensif. "Sauf que ce n’est pas parce que tous les recours sont purgés que d’autres ne peuvent pas apparaître, prévient Jean-Claude Mutel. Comme ce type de construction peut engendrer de la gêne, il faut communiquer avec les voisins pour expliquer ce que l’on fait, instaurer des dialogues avec l’environnement. Etre partout. On a fait beaucoup d’efforts à Lille pour qu’aucun problème ne survienne et que le stade soit bien accueilli." Ce qui ne semble pas vraiment être le cas à Lyon, où des associations de riverains, toutes déboutées pour l’heure, se montrent particulièrement actives et pointilleuses. [...]

Une autre question également vient s’inviter dans ce projet: celle des conditions de travail. Principales préoccupations des différents syndicats. "Vingt-neuf mois, c’est un peu juste mais faisable. Ils vont devoir sans doute forcer sur le nombre de salariés et sur les heures, explique Jean-François Cochelin, représentant syndical national CGT. Notre plus grosse crainte, c’est surtout l’arrivée massive d’ouvriers étrangers “low cost”, comme sur tous les grands chantiers de ce type." Crainte partagée par un autre syndicaliste lyonnais, Jean-Pascal François, qui s’interroge aussi sur les moyens humains mis en place. "Plus on est sur du rapide, plus il y a des risques d’accident de travail. On sera très vigilants, dit-il. En revanche, si toutes les consignes de sécurité sont respectées et s’il y a des embauches, il n’y aura pas de problème sur ce chantier emblématique." Ce qui devrait être le cas puisque le Grand Stade promet 2.500 créations d’emplois en phase de travaux. Pour l’heure, tout semble réuni pour que Jean-Michel Aulas puisse déguster la bûche du Noël 2015 bien assis dans un siège du Grand Stade.

(Source : France football)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.