Le terrassement tout juste terminé, la première
pierre du Grand Stade, ou Stade des lumières,
attend toujours d’être posée. Ce qui ne
saurait tarder, a priori. Débarrassé des
différents recours juridiques qui ont hanté
les nuits de son président Jean-Michel
Aulas durant quatre ans (un record !),
l’Olympique lyonnais devrait donner le
premier coup de pioche fin juillet-début
août, le dossier de financement étant
bouclé (pour un coût total d’environ 405 millions d'euros).
Il n’y a désormais plus de temps à perdre pour le
seul président-entrepreneur français qui a choisi de
financer son écrin grâce au «privé» et qui n’est pas tombé,
comme tant d’autres, dans la folle machine des PPP
(partenariat public-privé). Le Grand Stade doit être livré
au plus tard en décembre 2015. Plus question de repousser
à demain ce qui devait déjà sortir de terre deux ans plus
tôt. Un modèle économique en mutation, la pression
des partenaires et la candidature validée pour
l’Euro 2016 obligent la direction lyonnaise
à donner rapidement vie à l’Arlésienne.
Mais vingt-neuf mois suffisent-ils pour
accoucher d’un actif économique aussi
ambitieux, un stade de 58.000 places ?
Pour Jean-ClaudeMutel,
directeur du Groupement Concepteur-Constructeur (Eiffage) du Grand Stade Lille
Métropole, "ce délai est extrêmement court, mais
cela reste jouable". [...] Ses équipes ont profité exactement du temps
dont dispose l’OL pour son stade. "On a foré le premier pieu le 29 mars 2010 et le coup
d’envoi du premier match a été donné le 17 août 2012 !
Au total, nous avons mis vingt-huit mois et demi",
explique fièrement Jean-ClaudeMutel. A Lille, on a même
plutôt fait dans l’amélioration que dans la diminution de
la qualité. On ne rend pas possible l’impossible, mais je
le répète:moins de trente mois reste un délai très court,
à la limite du raisonnable." Car, comme pour tous les
chantiers de cette ampleur, les nombreuses contraintes
pointent ainsi le bout du museau. A commencer par les
conditions climatiques. [...] Difficile, par exemple, de couler le béton par
–10°C ou sous la neige [...].
L’ex-président
de Valenciennes Francis Decourrière sait également à quel
point une telle opération nécessite de se retrousser les
manches. Lui a porté à bout de bras le stade du Hainaut.
Et s’est même transformé en chef de chantier les six
derniers mois pour y arriver. [...] "Je fais confiance à
Vinci. C’est le même maître d’oeuvre qu’à Valenciennes.
C’est un pro, il tiendra les délais. A condition en
revanche qu’il n’y ait pas non plus de surprise
au niveau du permis de construire. [...] Attention,
il faut surtout qu’il soit purgé du recours
des tiers, que personne ne puisse
contester la validité de l’autorisation de
construction. Dès qu’il y a un souci à ce
niveau-là, c’est très compliqué. On avait
dû arrêter notre projet de stade durant un
an, alors qu’on avait déjà donné le premier
coup de pioche. On avait gagné en référé mais
perdu sur le fond, pour une bêtise juridique. Et ça nous
avait coûté très cher." Le stade du Hainaut, d’une capacité
de 25. 000 places, a dû patienter trois années, de juin 2008 à juillet 2011, avant de sortir de terre, contre deux prévues
initialement.
Un scénario désormais inenvisageable à Décines. Lyon ne
peut se permettre en effet un arrêt de chantier, même de
quelques mois. Il serait hors délai pour l’Euro 2016 et les
éventuels surcoûts seraient difficiles à éponger dans le
contexte économique actuel. Heureusement, le Grand
Stade, déclaré d’intérêt général par les pouvoirs publics,
est purgé de tout recours suspensif. "Sauf que ce n’est pas
parce que tous les recours sont purgés que d’autres
ne peuvent pas apparaître, prévient Jean-Claude
Mutel. Comme ce type de construction
peut engendrer de la gêne, il faut
communiquer avec les voisins pour
expliquer ce que l’on fait, instaurer des
dialogues avec l’environnement. Etre
partout. On a fait beaucoup d’efforts à
Lille pour qu’aucun problème ne survienne
et que le stade soit bien accueilli."
Ce qui ne semble pas vraiment être le cas
à Lyon, où des associations de riverains, toutes
déboutées pour l’heure, se montrent particulièrement
actives et
pointilleuses. [...]
Une autre question également vient s’inviter dans ce projet:
celle des conditions de travail. Principales préoccupations
des différents syndicats. "Vingt-neuf mois, c’est un peu
juste mais faisable. Ils vont devoir sans doute forcer sur
le nombre de salariés et sur les heures, explique Jean-François Cochelin, représentant syndical national CGT.
Notre plus grosse crainte, c’est surtout l’arrivée massive
d’ouvriers étrangers “low cost”, comme sur tous les grands
chantiers de ce type." Crainte partagée par un autre
syndicaliste lyonnais, Jean-Pascal François, qui s’interroge
aussi sur les moyens humains mis en place. "Plus on est
sur du rapide, plus il y a des risques d’accident de travail.
On sera très vigilants, dit-il. En revanche, si toutes les
consignes de sécurité sont respectées et s’il y a des
embauches, il n’y aura pas de problème sur ce chantier
emblématique." Ce qui devrait être le cas puisque le
Grand Stade promet 2.500 créations d’emplois en phase
de travaux. Pour l’heure, tout semble réuni pour que Jean-Michel Aulas puisse déguster la bûche du Noël 2015 bien
assis dans un siège du Grand Stade.
(Source : France football)
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